• AUDIENCE DU PAPE LE 1er AVRIL 2015

     

     

    - TRIDUUM PASCAL

     

    (Marquant une pause dans ses catéchèses sur la famille, le successeur de Pierre a consacré celle du mercredi 1er avril au Triduum pascal, ces trois jours qui vont de la Cène à la Résurrection, « sommet de toute l’année liturgique et de notre vie chrétienne », comme il l’a rappelé. La voici, traduite par Aleteia dans sa quasi-totalité :)

     

    Jeudi Saint : le service du lavement des pieds

     

    Jésus – comme un serviteur – lave les pieds de Simon Pierre et des 11 disciples (y compris Judas, ndlr). Par ce geste prophétique, Il exprime le sens de sa vie et de sa Passion, service à Dieu et aux frères : « En effet, le Fils de l’homme n’est pas venu pour se faire servir mais pour servir ». La même chose s’est passée avec notre baptême, quand la grâce de Dieu nous a sauvés du péché et que nous avons été revêtus du Christ. Cela se passe [aussi] à chaque fois que nous célébrons le mémorial du Seigneur dans l’Eucharistie : nous faisons communion avec le Christ, serviteurs pour obéir à son commandement, celui de nous aimer comme Il nous a aimés. Si nous nous approchons de la sainte Communion sans être sincèrement disposés à nous laver les pieds les uns des autres, nous ne reconnaissons pas le Corps du Seigneur. C’est le service de Jésus qui se donne Lui-même, totalement.

     

    Vendredi Saint : le service du témoignage jusqu’au sang

     

    « Tout est accompli » : que signifie cette parole de Jésus ? Que l’œuvre du Salut est accomplie, que toutes les Écritures trouvent leur plein accomplissement dans l’amour du Christ, agneau immolé. Jésus, par son sacrifice, a transformé la plus grande iniquité en amour le plus grand. (…) Aujourd’hui aussi, il y a tant d’hommes et de femmes, vrais martyrs, qui offrent leur vie avec Jésus pour confesser la foi, seulement pour cela. C’est un service, le service du témoignage chrétien jusqu’au sang, service que nous a rendu le Christ : Il nous a rachetés jusqu’au bout. C’est cela, le sens de cette parole : « Tout est accompli ». En adorant la Croix, en regardant Jésus, pensons à l’amour, au service, à notre vie, aux martyrs chrétiens ; nous ferions bien de penser aussi à la fin de notre propre vie. Personne d’entre nous ne sait quand elle adviendra, mais nous pouvons demander la grâce de pouvoir dire : « Père, j’ai fait ce que j’ai pu, tout est accompli ».

     

    L’exemple de Don Andrea Santoro

     

    Au fil des siècles, il y a des hommes et des femmes qui, par le témoignage de leur existence, reflètent un rayon de cet amour parfait, plein, intact. J’aime à rappeler un témoignage héroïque d’aujourd’hui, celui de Don Andrea Santoro, prêtre du diocèse de Rome et missionnaire en Turquie. Quelques jours avant d’être assassiné à Trébizonde, il écrivait : « Je suis ici pour habiter au milieu de ces gens et permettre à Jésus de le faire en Lui prêtant ma chair. On devient capable de Salut seulement on offrant sa propre chair. On porte le mal du monde et on partage la souffrance en l’absorbant dans sa propre chair jusqu’au bout, comme l’a fait

    Jésus ». Que l’exemple de cet homme de notre temps, et de tant d’autres, nous engage à offrir notre vie comme don d’amour à nos frères, à l’imitation de Jésus.

     

    Samedi Saint : l’identification à Marie

     

    Le samedi saint, l’Église s’identifie une nouvelle fois à Marie : toute sa foi est recueillie en elle, la première disciple parfaite, la première croyante parfaite. Dans l’obscurité qui enveloppe la création, elle est seule à garder allumée la flamme de la foi, espérant contre toute espérance en la résurrection de Jésus.

     

    Vigile pascale

     

     l’Alléluia résonne à nouveau, nous célébrons le Christ ressuscité, centre et fin du cosmos et de l’Histoire. Nous veillons pleins d’espérance dans l’attente de son retour, quand Pâques aura sa pleine manifestation. Parfois, le noir de la nuit semble pénétrer dans notre âme. Parfois, nous pensons :

     

    « Maintenant, il n’y a plus rien à faire », et notre cœur ne trouve plus la force d’aimer. Mais c’est justement dans ce noir que le Christ allume le feu de l’amour de Dieu : une lueur rompt l’obscurité et annonce un nouveau début, quelque chose commence dans le noir le plus profond. Nous savons que la nuit est davantage nuit et qu’il fait plus noir peu avant que la journée ne commence. C’est justement dans ce noir que le Christ vainc et qu’Il allume le feu de l’amour. La pierre de la douleur est renversée et cède la place à l’espérance. Voilà le grand mystère de Pâques ! Dans cette sainte nuit, l’Église nous donne la lumière du Ressuscité, pour qu’en nous, il n’y ait pas la plainte de celui qui dit : « Maintenant… », mais l’espérance de celui qui s’ouvre à un présent plein de futur : le Christ a vaincu la mort et nous avec Lui.

     

    Pâques : Soyons des sentinelles du matin

    Notre vie ne se termine pas devant la pierre d’un tombeau, notre vie va au-delà, avec l’espérance dans le Christ qui est ressuscité justement depuis ce tombeau. Comme chrétien, nous sommes appelés à être des sentinelles du matin, qui savent repérer les signes du Ressuscité, comme l’ont fait les femmes et les disciples accourus au tombeau à l’aube du premier jour de la semaine.

     


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  • PREMIER PRÊTRE EN CE PAYS DEPUIS 1.000 ANS !

    - UN JEUNE PRÊTRE ORDONNÉ EN MONGOLIE


                Premier prêtre mongol en un millénaire : il répond à Aleteia !
    Aleteia a rencontré le père Joseph Enkhee-Baatar, premier prêtre autochtone en Mongolie depuis 1000 ans.
     Aleteia : Vous avez été ordonné prêtre en Mongolie ce 28 août 2016, ce qui fait de vous le premier prêtre autochtone depuis près de 1000 ans ! Comment vivez-vous cette dimension historique ?
Joseph Enkhee-Baatar : Je suis juste content et honoré d’avoir été choisi pour être ordonné prêtre, ici en Mongolie, et d’être une petite partie de la mission. Les premiers missionnaires qui sont venus dans l’empire mongol étaient les Nestoriens. Ils sont venus dès les VIIe et VIIIe siècles. C’est ainsi que plusieurs tribus mongoles se sont converties au christianisme. Ensuite, les premiers missionnaires catholiques sont arrivés au XIIIe siècle, sous la dynastie Yuan. D’après certains documents historiques, l’Empire comptait à cette époque près de 30 000 catholiques mongols. L’Église est alors restée presque 100 ans sous le règne de cette dynastie Yuan. Il y a probablement eu des prêtres même si je n’ai pas trouvé de traces historiques évidentes. Après la chute de cette dynastie Yuan et l’émergence de la dynastie chinoise des Ming, le catholicisme a disparu du pays.
    À votre avis, pourquoi y a-t-il eu tant de temps écoulé entre la première annonce de l’Évangile dans votre pays et cette première ordination ?
Plusieurs raisons expliquent l’écart entre la première proclamation de l’Évangile et le redémarrage actuel de l’Église. D’abord, il y a l’émergence des musulmans au Moyen-Orient qui a empêché les missionnaires de venir en Mongolie, pays enclavé. De plus, au début des XVIe et XVIIe siècles, la Mongolie a adopté le bouddhisme tibétain qui est finalement devenu la religion d’État. La Mongolie a été un pays théocratique jusqu’à la révolution communiste. Quand elle est devenue communiste, en 1924, des plans pour l’évangélisation du pays du Vatican ont été saisis. C’est seulement après la chute du communisme, en 1990, que les premiers missionnaires, au nombre de trois, sont venus en Mongolie en 1992. L’an prochain, nous fêterons les 25 ans de la présence de l’Église catholique ici.
    Cela a pris du temps pour évangéliser la Mongolie car notre pays a de profondes racines chamaniques (le tengrisme) et d’autres, plus récentes, dans le bouddhisme. Voilà pourquoi le peuple continue de percevoir le christianisme comme une religion étrangère et parfois comme une menace pour la tradition et la culture mongole.
    La Mongolie comporte peu de fidèles catholiques. Être Mongol peut-il faciliter l’évangélisation de vos compatriotes ?
Jésus a dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux » (Luc, 10, 2).  Nous avons donc besoin de plus en plus de prêtres, sœurs et laïcs missionnaires pour travailler au service du royaume de Dieu. Si vous servez Dieu et son peuple de tout coeur avec vos paroles, vos actions et votre vie, votre nationalité ou votre congrégation n’a pas d’importance. Vous demeurez une grande aide et l’instrument de l’évangélisation pour votre pays et le monde entier.
    Nous avons cependant besoin de davantage de prêtres originaires de notre pays, parce qu’ils sauront mieux lui appliquer l’enseignement du Christ et de l’Église. Ainsi, les Mongols pourront mieux le comprendre et l’accepter, non plus seulement comme l’enseignement d’une religion étrangère mais comme quelque chose qui est proche de leur tradition, de leur culture et de leur mode de vie.
    Quelle est la taille de votre paroisse, le nombre de fidèles, le pourcentage de catholiques en Mongolie ?
Pour tout le pays, nous comptons environ 1 200 catholiques qui composent seulement 0,04% de l’ensemble de la population. Cependant, le pourcentage total des chrétiens dans le pays est d’environ 2%. Nous avons six paroisses et plusieurs « sous-paroisses » [sur les 21 provinces que compte la Mongolie, 17 d’entre elles n’ont aucune présence catholique, NDLR].
    Quels sont les défis pastoraux qui vous attendent pour ces premiers mois ?
Je viens juste d’être ordonné il y a une semaine et je suis resté dans la maison de la Mission de l’Église catholique. Pour le moment, j’attends la lettre officielle qui me dira où je dois aller pour mon premier travail pastoral.
    ALETEIA


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  • Vers Pâques : qu’attendrons-nous ?

     

    - VERS PÂQUES

    Nous cheminons vers Pâques ; mais cela nous mettra face à une scène bien étrange. Nous pourrions nous attendre à ce que la Résurrection de Jésus soit manifestée avec la plus grande gloire ! Que sa victoire soit éclatante aux yeux du monde … dans l’évangile de Jean, il n’en sera rien, et pour cause. L’évangile de Jean est, au fond, un évangile assez sobre, contrairement à l’image que nous en avons souvent. Chez Matthieu, par exemple, la mort de Jésus s’accompagne d’un tremblement de terre ; tout comme la résurrection s’accompagne de signes apocalyptiques, de l’apparition d’un ange, d’une grande lumière. La mort et la Résurrection font beaucoup de « bruit » chez saint Matthieu.

     

    Au dimanche de Pâques, dans l’évangile de Jean, rien. Faisons bien attention au Vendredi Saint, où nous lirons aussi la Passion selon saint Jean : un simple « j’ai soif », « tout est achevé », « il rendit l’esprit ». Tout est dit, tout est montré, tout est signifié. Jésus a donné sa vie pour nous. Et pour cause, nous le savons, l’amour vrai, l’amour sincère est celui qui se donne discrètement, sans bruit et sans éclat. Souvenons-nous, là aussi, du premier évangile que nous avons entendu pour ouvrir notre Carême : « quand tu fais l’aumône, que ta main droite ignore ce que donne ta main gauche » (Mt 6, 3). Jésus, lui qui nous fait la véritable aumône, celle de la vie éternelle, le fera dans l’ignorance mondaine la plus totale : seul son Père voit ce qu’il a fait dans le secret de la Croix. Pour sa résurrection, idem : sans bruit, sans éclat, dans l’évangile de Jean : nous n’aurons aucun détail en ce jour. Une simple pierre roulée, et un linceul posé là ; Jean « vit et il crut ». Dieu « repart », si vous me permettez cette expression, comme il est venu : Noël et Pâques, au fond, sont faits du même bois, celui de la Croix. Dieu, en son humilité, a la victoire modeste.

     

    Mais au fond, n’y aura-t-il vraiment rien dans cet évangile de Pâques ?

     

    Nous sommes au premier jour de la semaine. Pour Jean, le premier jour est toujours celui d’une création nouvelle. À la manière du livre de la Genèse, au premier jour, Dieu séparera le jour de la nuit (« que la lumière soit », nous dit la Genèse) ; de même, Jean ajoutera ce petit détail à son évangile : « il fait encore sombre ». Dans son prologue, il nous disait déjà que « la lumière a brillé et les ténèbres ne l’ont pas arrêté ». À Pâques, ce sera fait : certes, il fera encore sombre, sans doute encore comme dans chacune de nos vies, de nos histoires, mais grâce à cette toute petite indication, nous comprendrons cette aurore, cette aurore nouvelle, se lève bien.

     

    Jésus, dans sa passion, a accepté la nuit : nuit de la souffrance, nuit de la peur, nuit de l’angoisse, nuit de la solitude aussi. Toute la Passion se passe de nuit, dans l’évangile de Jean, tout comme la trahison : « il sortit, il faisait nuit » (Jn 13, 30). Dans sa résurrection, au premier jour, comme au premier jour de la Genèse, Dieu fait apparaître la lumière, au milieu des ténèbres.

     

    Marie-Madeleine vient au tombeau et elle voit : la pierre a été enlevée. Marie-Madeleine s’arrête d’abord aux apparences : dans un premier temps, elle n’ira pas plus loin, comme nous bien souvent, et réagira avec une logique toute humaine : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau » (Jn 20, 2). Parole à la fois prophétique (effectivement le Seigneur a bien été enlevé de son tombeau), et parole inachevée qui n’est pas encore entrée dans l’espérance de la foi. Pierre fera la même chose. Il voit, mais ne croit pas ; pas encore. Il verra pourtant le linceul resté là, sans vie et sans corps. Jean voit et il croit. Sans bruit, sans gloire ; la foi, si elle est une victoire, n’est jamais triomphante.

     

    « Les disciples n’avaient pas encore vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 9)

     

    La liturgie pascale se finira sur une note quelque peu négative : « les disciples n’avaient pas encore vu que, d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 9).

     

    In fine, le jour de Pâques, rien ne sera dit ; rien n’est fait ! Les disciples ne croient pas encore ; Marie-Madeleine n’a pas encore rencontré Jésus Ressuscité ; il n’y aura que la pierre roulée, et cette petite indication johannique : « il faisait encore sombre ». Bref, circulez, il n’y a rien à voir … Vraiment ?

     

    Que serons-nous appelés à vivre, à présent ? Le carême et la semaine sainte sont là pour nous faire entrer dans le combat de Dieu : c’était le sien ; et durant tout carême, la liturgie des Laudes nous le rappelait chaque matin : « les yeux fixés sur Jésus, entrons dans le combat de Dieu ». Nous avons essayé d’accompagner Jésus : avant d’être un temps où l’on a fait des efforts, des étapes de conversion, c’était bel et bien son combat, et sa passion ; et ce sera sa victoire ! Mais notre « carême » commencera en fait ce jour de Pâques : non pas qu’il faille ressortir les pénitences, la confesse, les privations … mais le temps pascal sera notre « combat », notre marche plutôt, celle de la foi ! Tout commence pour nous aujourd’hui.

     

    « Il faisait encore sombre ». Nous serons comme les disciples, au matin de Pâques : nous n’aurons pas « encore vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts » (Jn 20, 9). Nos vies ne seront pas encore pleinement ajustées à ce que Dieu veut nous donner ; et si nous nous ressemblons, nos efforts de carême ont dû vous en donner une preuve supplémentaire par leur imperfection : qu’importe ! Même après un temps de carême, nous ne sommes pas encore pleinement convertis … nous ne sommes encore que des pauvres types. Et alors ? Oui, il fait encore un peu sombre dans nos vies ; oui, l’aurore de la résurrection ne s’est pas encore pleinement levée, révélée, sur nos existences … mais la lumière commence à briller ! De la même manière qu’il fait encore sombre dans l’évangile, dans nos vies aussi ! Mais cela n’empêche pas Jésus d’être victorieux et de nous ouvrir à la vie.

     

    Il va bien nous falloir tout le temps pascal, toute la pédagogie de Dieu, marcher d’apparition en apparition dans les évangiles, pour que nos yeux s’ouvrent. Laissons-nous, cette année encore, surprendre par la Résurrection. Elle n’est pas naturelle, elle n’est pas « normale » (de cette normalité trop humaine avec laquelle nous regardons trop souvent toute chose). Nous n’avons pas encore totalement compris la Résurrection ; nous n’avons pas encore totalement vu en quoi « d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ».

     

    C’est bien pour cela que nous lirons cet évangile de Jean en ce dimanche matin de Pâques. Rien ne fait plus sursauter le jour de Pâques que d’entendre un certain nombre de chrétiens dire : « ça y est, c’est fini ! » Mais mon petit bonhomme, tout commence pour toi, nous dit Jésus ! Regardons les disciples : ils seront encore enfermés au cénacle, trouillards, avant de partir en mission !

     

    Marcher dans la joie et dans la foi

     

    Avec le Christ ressuscité, nous serons tous appelés à « un nouvel art de vivre », comme aimait à le dire le cardinal Lustiger. Ce « n’ayez pas peur », qui résonnera à nos oreilles lors de la Vigile pascale, ne signifie pas seulement : « cessez d’être effrayés » ; cela signifie aussi « ne soyez plus soumis aux peurs qu’éprouvent tous ceux qui ne connaissent pas Dieu ». À tous ceux qui veulent vivre de leur baptême, en enfant de Dieu, la peur sera maintenant étrangère, car le Christ nous a acquis la paix ; et personne ne pourra nous la ravir.

     

    Alors que la victoire est certaine, que la Résurrection sera là, ce « combat » de la foi ne sera pas terminé. Le Christ nous a ouvrira un passage ; il nous reste à présent à faire notre propre Pâques : la nôtre ! Il nous faut choisir résolument la Résurrection ; il nous faudra décider d’entrer, à nouveau, dans la Vie, dans la joie, dans la paix. Nous débuterons ainsi un nouveau carême, un nouveau chemin : nous marcherons vers la Pentecôte. Tout le temps pascal va désormais être tourné vers cette fête : 50 jours de marche ; mais non plus une marche dans le désert, mais une marche dans la joie de la Résurrection, dans la foi de la Résurrection, pour entrer dans cette confiance : « d’après l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ». Le temps pascal sera donc le temps de notre propre combat : il va nous falloir choisir la Résurrection avec Jésus ! C’est aussi cela le baptême : repartir de l’Écriture, de la parole de Dieu, pour entrer dans cette foi de la Résurrection. Alors seulement nous pourrons être à l’image de Jean : « il vit et il crut ».

     

    C’est maintenant qu’il nous faut mettre en pratique tous ces efforts auxquels nous nous sommes essayés en carême. Ne nous arrêtons pas en si bon chemin ! Honnêtement, cela serait très facile si la résurrection n’était qu’un rêve qu’on fait quand tout va mal et qui se réaliserait enfin. Mais les chrétiens ne sont pas des hommes du rêve, mais des hommes de l’incarnation, du vrai, du réel. Jésus, après sa résurrection, appelle ses disciples à retourner en Galilée, c’est-à-dire dans leurs lieux quotidiens. Les disciples, nous-mêmes !, vont donc continuer ; ils vont tout recommencer ! Recommencer à prêcher, recommencer à guérir les malades, recommencer à marcher sur les chemins des hommes, recommencer à évangéliser. Mais plus rien ne sera comme avant : ce sera sans Jésus physiquement ; mais avec Jésus ressuscité ! Désormais, ce sont eux qui sont appelés à vivre de la grâce de la résurrection, ils sont appelés à manifester aux yeux du monde ce qu’est un fils de Dieu, un baptisé.

     

    Père Cédric Burgun

     

     


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  • Vivre en catho en 2016 en 10 leçons. Épisode 3

    - VIVRE EN CHRÉTIEN  3



    "Chaque tâche, chaque événement, chaque petit rien peuvent être accomplis sous le regard de l’Esprit Saint." Marie, mariée depuis 16 ans et mère de deux adolescents.

    Aleteia : Pourquoi laissez-vous de la place à Dieu dans votre vie ?
    Marie : Parce qu’Il m’aime et que je L’aime. J’ai eu la chance d’être élevée dans la foi, chez nous ce n’était pas une option, mais cela ne m’a jamais posé problème. Le jour de ma première communion, quand j’avais 6 ans, j’ai senti une lumière et une joie incroyables. Je savais déjà que j’aimais le Bon Dieu, mais là, à ce moment précis, j’ai découvert qu’Il m’aimait aussi ! Une vraie relation s’est alors établie.

    Que signifie pour vous « avoir la foi » ?
    Cela signifie adhérer, croire et choisir de croire en Dieu. Il y a selon moi deux choses à distinguer . La première c’est que la foi est un don de Dieu : certain la reçoivent et d’autres non, et je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. La seconde c’est l’acte que l’on pose pour répondre à ce don : au début je m’arrêtais à la première étape, j’avais reçu la foi et ça s’arrêtait là. Mais ensuite avec l’âge et l’expérience, j’ai compris qu’il fallait ce mouvement de retour, parce que justement c’est une relation. Ce n’est pas uniquement Dieu qui donne, il y a un dialogue intime qui s’installe, et qui dit dialogue dit échange, dit aussi adhésion à la relation. Je pense que je ne connais pas Dieu mais j’ai une forme de certitude de présence, qui n’est pas un sentiment mais qui va au-delà. C’est le fruit de cette adhésion de foi. Mais tout ceci reste très mystérieux ! Il y a comme un mouvement de balancier entre l’esprit et le cœur, ce sont deux moments d’un même souffle. Avec l’esprit j’essaie d’adhérer à ce que l’on m’a enseigné du contenu de la foi mais comme il se heurte toujours au mystère, c’est mon cœur qui doit faire le deuxième mouvement. Et à partir du moment où j’adhère avec mon cœur, je rentre dans une véritable relation. Ça ne suffit pas de dire : « J’ai reçu la foi » ou « Je n’ai pas la foi ». Ce doit être un équilibre entre Dieu qui donne quelque chose d’incompréhensible et l’homme qui reçoit en adhérant au mystère. C’est un vrai pari ! Et dans notre société c’est quelque chose qui est difficile à comprendre. On veut trop tout maîtriser.

    Avez-vous une action quotidienne pour Dieu ?
    Je n’ai pas d’activité bénévole mais j’essaye de faire toutes mes actions « en Dieu ». Je Lui offre tout ce que je fais, je demande à l’Esprit-Saint son aide pour chaque démarche, j’offre chaque personne que je rencontre… Cela fait du monde puisque dans le cadre de notre vie familiale et professionnelle nous sommes amenés à rencontrer énormément de personnes ! C’est ma manière de porter le Christ au monde. Je tâche de vivre en Dieu, je vis de l’oraison spontanée et cela devient naturel, un peu comme un souffle.

    Par ailleurs nous avons des amis protestants qui nous ont fait découvrir la louange à travers des psaumes. Cela a renouvelé notre prière en couple en nous apprenant une nouvelle forme d’intercession bien plus large que celle que nous connaissions. C’est à ce moment là que nous avons découvert ce qu’est la communion des saints et la prière avec nos frères chrétiens. Comme quoi prier les uns avec les autres, c’est vraiment puissant ! Nous avons réalisé aussi qu’il devenait nécessaire de renouveler notre prière en famille qui s’essoufflait ; la prière qu’on faisait le soir quand nos enfants étaient petits ne fonctionnait plus. Il nous fallait retrouver un moment temps propice pour prier ensemble. On a vu qu’à 7 h 50, une fois qu’on est tous prêts, il y avait un tout petit moment libre de cinq minutes, juste avant de partir au boulot et à l’école. On prie maintenant tous les matins et cela fonctionne bien depuis cinq ans.

    En cinq minutes on n’a pas le temps d’improviser alors dans une démarche de simplicité et d’obéissance nous avons tout simplement pris la prière de l’Église : les Laudes. On lit le psaume du matin, une strophe chacun ; puis la Parole de Dieu ; ensuite on fait part de nos intentions particulières si on en a et on finit par un Je vous salue Marie. En fait c’est tellement simple, on est là, debout, nos sacs aux pieds, prêts à partir et ce moment nous « envoie » dans la journée ! Nous avons là une forme de liberté que l’on n’avait pas avant et pour les enfants surtout ! Dès qu’ils veulent partir, ils lancent le Je vous salue Marie, et nous on joue le jeu, on les laisse faire et tout le monde rigole !

    Qu’aimeriez-vous dire aux catholiques ?
    « Soyons des saints pas des bigots ! » C’est une phrase d’un copain de fac, beau comme un dieu, qui nous l’a sortie un jour ! Il venait de faire adoration, il était rayonnant, lumineux et il avait envie que l’on soit transpercés de joie, comme lui. Il en avait marre de de nos petites prières bien « dans les clous ». On l’a tous pris en plein cœur ; 25 ans après, quand on en reparle, ce souvenir est toujours aussi fort.

    Pour vous, qu’est-ce qui sauvera le monde ?
    Le monde ne peut pas se sauver lui-même. C’est le Christ, et uniquement Lui, qui sauvera le monde. Le Christ est le seul Sauveur. Mettons le Christ au centre de toutes réalités et Il sauvera le monde. Contrairement à beaucoup de gens qui auraient lu Dostoïevski, pour moi ce ne sera pas la beauté qui sauvera le monde. La beauté est le rayonnement de l’être, elle en est une manifestation, mais elle n’en est pas l’être lui-même. Nous aimons la beauté et nous en avons besoin parce qu’elle un chemin pour accéder à l’être. Si on reste à la beauté, au mieux on reste à la périphérie de l’être et au pire on reste au niveau de notre ressenti esthétique. Ne cherchons pas la beauté pour elle-même, mais à travers elle, cherchons l’être qu’elle manifeste. En allant jusqu’à l’être, on ouvre la porte à la vérité. Sauver le monde va beaucoup plus loin qu’apprécier la beauté. Il s’agit du Salut. Et qu’est ce qui sauvera le monde alors ? Le Christ.

    Quelle est votre plus grande peur ?
    De rater la béatitude éternelle. J’ai bien vu qu’il y avait de très nombreuses choses que je voulais faire mais que je ne faisais pas. Alors, par moment je me dis : mes seules bonnes intentions ne suffiront pas. On dit bien que l’enfer est pavé de bonnes intentions !

    Qu’est-ce qui vous rend heureuse ?
    L’amour partagé des miens. Quand je vois l’amour dans les yeux de mon mari et de mes enfants, cela me rend heureuse. J’ai aussi beaucoup besoin d’amitié, je ne pourrai pas me passer de mes amis. Et depuis que j’ai appris à lâcher la recherche d’efficacité dans mes prières, que je ne souhaite plus avoir de gratifications en retour, c’est pour moi une nouvelle joie intérieure. Je prie pour les situations, pour telle personne, telle chose et après ce n’est plus mon affaire, c’est celle du Seigneur. C’est ma façon d’agir pour le monde, dans mon action de priant. Ce n’est pas moi qui sauve, ce n’est pas moi qui vais agir. Donc j’offre gratuitement, en confiance, et c’est une source de grande joie.

    Quelle est votre vertu préférée et pourquoi ?
    La joie ! Dans laquelle je distingue trois niveaux. Le premier c’est le niveau naturel, qui est le fruit de la nature, soit du caractère, soit de la puissance de vie ou l’instinct de vie, c’est comme une donnée de base. C’est un rempart à la morosité. Beaucoup de gens l’ont mais ne s’en rendent compte que quand ils la perdent. Le deuxième niveau : la joie comme vertu morale : je choisis de mettre en place la joie comme une puissance de mon être. La vertu est une disposition habituelle à faire le bien, acquise par répétition d’actes volontaires et qui devient facile à faire parce qu’elle est intégrée. Et cela se travaille ! Dans les périodes où je ne l’ai pas, j’essaye de la vivre quand même. Je lutte contre la tristesse, contre la déprime, contre la calomnie, contre des quantités de choses qui défont la joie, qui m’abîment et qui abîment les autres. C’est un acte volontaire moral. Et puis troisième niveau, c’est la joie comme une grâce, comme un don de Dieu. Elle va se retrouver à tous les niveaux de mon être. Donc elle n’est plus d’ordre naturel, et ce n’est pas par mon action que je vais la fabriquer. J’ai découvert cela en lisant dans les lettres de saint Paul que les deux premiers signes de la présence de l’Esprit Saint dans une âme étaient la paix et la joie. Donc quand on a compris cela, on n’a même plus besoin d’être dans la disposition morale. Du reste, le Seigneur l’a bien dit « pour le salut du monde et pour que votre joie soit parfaite ». Je l’ai vécu dans ma chair, même dans l’affliction et la peine, je peux recevoir cette « joie paisible » ou cette « paix joyeuse », qui est plus profonde et moins sensible que la joie et qui est une vraie consolation.

    Quel votre saint préféré et pourquoi ?
    C’est Jésus, parce que c’est le seul Saint. C’est dit noir sur blanc dans le Gloria : « Toi seul est Saint ». Après, pour moi, certaines personnes sont dites saintes parce qu’elles sont « revêtues », remplies de la sainteté du Seigneur. Cette caractéristique, que l’on appelle « sainteté » est la présence de la sainteté de Dieu en eux.

    Quelle est votre prière préférée et pourquoi ?
    C’est l’Angélus, ce moment du dialogue entre Dieu et Marie ; de la même manière, cela devient mon dialogue avec Dieu. C‘est comme le dialogue entre Dieu et Moïse ou celui de Jésus et Zachée.

        Dieu dit à Marie : « Au travers de toi, Je donne le Christ Sauveur au monde » ; à Moïse et Zachée, Dieu dit : « Je viens dans ta vie et je t’apporte le pardon de tes péchés ».
        Après un moment de crainte : « Comment cela pourrait-il se faire ? », Marie répond : « Que Ta volonté soit faite », elle a foi en la Parole de Dieu et Lui fait confiance. Comme elle, je dis : « Dieu, j’ai confiance en Toi », malgré le mystère.
        Et Dieu alors peut s’incarner en nous. Comme Moïse, je peux alors entendre Dieu dire : « Je suis qui je suis » ; Comme Marie, je peux laisser Dieu s’incarner en moi ; comme Zachée et l’homme du Nouveau Testament, je peux entendre Jésus me dire : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ». C’est un dialogue, un mouvement, un acte qui me permet de vivre en Dieu, de vivre de Dieu. Dans la prière de l’Angélus je me sens guidée par Marie, soutenue dans mon dialogue de la foi et dans mon amour pour Dieu.

    Propos recueillis par Sabine de Rozières (Aleteia)


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  • LISIEUX

     

     

    https://youtu.be/VGAYnte3OfQ?t=37


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