• - EDITH STEIN

    Philosophe brillante,

    Edith Stein choisit le carmel

    - EDITH STEIN

     

    Un chandelier à sept branches. Un Enfant-Jésus dans une mangeoire. Des traductions manuscrites de Thomas d’Aquin. Une urne contenant de la terre du camp d’Auschwitz. Ces quatre objets, parmi bien d’autres exposés dans le petit musée du monastère Sainte-Madeleine à Spire (Allemagne), suffisent à résumer l’exceptionnel destin d’Edith Stein.

     

    Comment cette philosophe parmi les plus brillantes de sa génération, née dans une famille juive pratiquante de Silésie, a-t-elle pu entrer au carmel et mourir dans les chambres à gaz, victime de la Shoah et témoin du Christ ?

     

    Certes, l’appel à tout quitter pour une vie cloîtrée relève toujours du

    mystère. D’ailleurs, Edith Stein disait qu’il s’agissait là d’un « secret ». « Non parce qu’elle refusait d’en parler, mais parce qu’elle en était débordée », précise Bénédicte Bouillot, célibataire consacrée de la communauté du Chemin- Neuf, enseignante de philosophie au Centre Sèvres et au Studium du Chemin- Neuf à Chartres, et dont la thèse sur Edith Stein vient d’être publiée (1).

     

    Toutefois pour Edith Stein, cet appel à 42 ans surprend davantage, même s’il s’inscrit dans une lente maturation intérieure.

    En fait, à 26 ans, Edith Stein, alors professeur de philosophie et proche des principaux membres de la phénoménologie – Edmund Husserl, Adolf Reinach, et Max Scheler –, avait été marquée par la réaction de Pauline Reinach après la mort au front de son mari : loin d’être anéantie, elle était portée par sa foi en la résurrection.

    « C’était la première rencontre d’Edith Stein avec la croix glorieuse, mais elle n’avait pas encore rencontré le Crucifié », interprète Bénédicte Bouillot. Cette rencontre se fera par l’intermédiaire de hérèse d’Avila, dont elle lit La Vie à 30 ans, lors d’un séjour chez une autre amie chrétienne. C’est à ce moment-là qu’elle décide de demander le baptême…ce qui se fera quelques mois plus tard, en janvier 1922.

    Pour sa famille, cette « conversion » est d’autant plus douloureuse qu’elle choisit non pas le protestantisme, vers lequel la portait son milieu intellectuel, mais le catholicisme, considéré alors en Prusse comme plein de traditions incompatibles avec les exigences rationalistes.

    En réalité, Edith Stein découvrira une cohérence profonde entre l’anthropologie catholique et la philosophie de la personne qu’elle avait commencé à élaborer. Il reste que pour elle, ce choix de l’Église catholique correspond à une démarche d’abaissement, d’humilité.

     

    Dès sa rencontre avec le Christ, elle savait que Dieu lui réservait une place au Carmel, explique Edith Stein dans « Comment je suis venue au carmel de Cologne ? » – qu’elle a offert à sa maîtresse des novices en 1933. Mais sur les conseils de son père spirituel, elle renonce à entrer tout de suite au carmel et vient à Spire, enseigner l’allemand et l’histoire à l’école normale féminine du couvent des dominicaines de la Madeleine, tout en suivant les offices et en vivant déjà une consécration de coeur.

     

    Pendant ses temps libres, elle se lance dans la traduction en allemand de John Henry Newman, puis, encouragée par le philosophe jésuite Erich Przywara, du De veritate de saint homas d’Aquin – pour la première fois traduit en allemand. « Il m’est apparu à la lecture de saint Thomas qu’il était possible de mettre la connaissance au service de Dieu et c’est alors seulement que j’ai pu me résoudre à reprendre sérieusement mes travaux. Il m’a semblé en effet que plus une personne est attirée par Dieu, plus elle doit sortir d’elle-même pour aller vers le monde en y portant l’amour divin », écrira plus tard Edith Stein pour expliquer son travail de rapprochement entre le thomisme et la philosophie moderne, notamment la phénoménologie.

     

    Pendant ses onze années à Spire, Edith Stein a donc porté cet appel du carmel, attendant le moment opportun. Et c’est en 1933, privée du droit de parler en public par le régime nazi, qu’elle frappe à la porte de celui de Cologne, intimement persuadée que, selon son expression, « au-dessus de ce monde en flammes, se  dresse la Croix que rien ne peut consumer ».

    CLAIRE LESEGRETAIN (« La Croix », 19 août 2015) 

    - EDITH STEIN

    « - BASILIQUE DE ST DENIS- DAECH : UNE HORREUR DE PLUS! »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :