• - ENSEIGNER ENCORE L'HISTOIRE?

    Le Conseil supérieur des programmes souhaite mettre en place un enseignement de l'histoire en partie à la carte. Le plus sûr moyen de semer la division.

    - ENSEIGNER ENCORE L'HISTOIRE?

     

    Le Conseil supérieur des programmes souhaite mettre en place un enseignement de l'histoire en partie à la carte. Le plus sûr moyen de semer la division.

     

    Le Conseil supérieur des programmes, chargé, comme son intitulé l'indique, de l'élaboration des programmes scolaires, est une instance indépendante du ministère de l'Éducation Nationale, donc toute puissante. S'attaquant à un pan essentiel du système d'enseignement - la réforme du collège prévue en 2016 - le Conseil s'était déjà fait remarquer, pas forcément pour le meilleur, en proposant des coupes drastiques dans l'apprentissage de l'allemand, du latin et du grec. Il s'attaque désormais à l'histoire sans avoir conscience de déclencher un nouveau et énième conflit idéologico-politique. Comme si la société française, aujourd'hui, était en mesure de supporter cette nouvelle bataille culturelle...

     

    Au moins le Conseil Supérieur a-t-il pris l'initiative d'en revenir à un enseignement chronologique de l'histoire, offrant ainsi aux collégiens et lycéens le cadre, la possibilité d'un savoir historique minimal, mais indispensable. "Il faut apprendre solidement les grandes étapes de l'histoire de France dans l'école de la République", précise le Conseil. Un bon point. Mais travaillé de l'intérieur par des courants "pédagogistes" dont l'influence semblait pourtant en décrue, le Conseil a estimé indispensable d'élaborer un nouveau concept: les chapitres de l'histoire "obligatoirement étudiés" versus les chapitres de l'histoire "laissés au choix de l'enseignant"... Il n'y a pas plus sûr moyen d'allumer le feu !

     

    L'enseignement de l'islam obligatoire, le christianisme médiéval optionnel…

     

    Personne ne doute en effet que les professeurs d'histoire soient en mesure d'opérer ce partage. Mais le Conseil ne se contente pas de définir cette règle ; il impose des choix. Ainsi "l'Islam au VIIe siècle" est-il imposé, tandis que "la chrétienté au Moyen-Age" entre dans la catégorie facultative. L'historien Patrick Gueniffey a aussitôt lancé l'assaut : "On enseignera l'Islam et son expansion, mais le christianisme médiéval devient un sujet facultatif. Tout ce qui rappelle tant les racines chrétiennes de la France que le fait national se trouve passé sous silence".

     

    Gueniffey prête sans doute au Conseil supérieur des programmes des arrière-pensées (politiques) qui ne sont pas forcément les siennes. Mais alors pourquoi tant de maladresses au moment précis où les affrontements à propos de l'identité nationale se font de plus en plus violents ? Au lieu de calmer, d'apaiser, le Conseil allume et provoque. Quel intérêt, sinon d'offrir un angle d'attaque efficace aux plus conservateurs des historiens dont l'excellent Gueniffey qui ne rate pas l'occasion de régler quelques autres comptes : "les thèmes qui entrent en résonance avec les préoccupations actuelles - esclavage, génocides ou condition des femmes - obtiennent une place disproportionnée. Mais en vérité, il s'agit plutôt de morale que d'histoire". Une remarque fondée.

     

    Un silence préjudiciable dès lors qu’il faut rétablir le roman national

     

    Cherchant à éteindre la polémique, la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem s'est contentée de quelques paroles d'apaisement, rappelant que les profs d'histoire seraient consultés et qu'il y aura encore "des évolutions tant sur la forme que sur le fond". Dont acte. Mais la ministre pourrait (devrait ?) tout de même nous en dire un peu plus, ne pas se contenter de ces quelques platitudes administrativo-politiques.

     

    Nous avions gardé en mémoire que la gauche, de génération en génération, entretenait un lien étroit avec l'histoire et les historiens, que d'Albert Soboul à François Furet, de l'École des Annales à la déconstruction de la Révolution française, la gauche n'avait jamais perdu le sens et le goût de l'histoire, y compris pour dépasser ses propres tabous. Mais Najat Vallaud-Belkacem, à l'exemple du président de la République lui-même, ne dit rien dès lors que notre communauté de destin est en jeu - et c'est de cela dont il s'agit quand l'enseignement de l'histoire est en jeu -, dès lors qu'il faut entrer de plain-pied dans l'élaboration du roman national. À cet instant précis, la gauche française d'aujourd'hui est tétanisée, balbutiante, inaudible. Elle laisse le terrain libre à Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy et Christian Estrosi.

     

    Nous nous éloignons de l'enseignement de l'histoire ? Pas tant que ça...

    Source : « Challenges »

     

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 14 Mai 2015 à 23:41

    J'espère qu'ils vont mettre en place un programme qui tient debout et que la ministre consultera encore car en ce moment , ils font n'importe quoi, en oubliant les racines chrétennes de notre pays sans lesquelles on ne peut aprendre l'Histoire correctement.

    Merci pour cet article

    Amitiés

    Nicole

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