• - LE COUPLE SELON DIEU

    Pas l'un sans l'autre

    - LE COUPLE SELON DIEU

    Couple heureux = famille heureuse

     

    27e dimanche du temps ordinaire - Année B.

     

    Homme et femme, ensemble, sont à l'image de Dieu. Voilà pourquoi Jésus demande que "l'on ne sépare pas ce que Dieu a uni". Un commentaire du Père Marcel Domergue, jésuite.

     

    Les traditions qui ont donné naissance à la Bible se sont formées dans des civilisations patriarcales, régies par la domination de l'homme. Or, nous voyons nos écrits dépasser, lentement, ce "machisme" de départ. Cette évolution n'est d'ailleurs pas encore terminée. Le second chapitre de la Genèse, dont notre première lecture est tirée, est le plus ancien des récits de création. Il fait surgir le mâle en premier. Celui-ci reçoit le don d'un univers végétal et animal dont il prend possession (le fait de donner des noms signifie sa domination). Cet univers ne suffit pas à l'arracher à sa solitude. Pour cela il a besoin de la compagnie d'un être semblable à lui. Faire sortir la femme du côté de l'homme endormi signifie qu'aucun des deux n'est complet sans l'autre et que l'être humain parachevé naît de l'union des deux. Nous sommes incomplets sans l'autre, qui nous est à la fois semblable et différent. Voilà qui nous oblige à nous ouvrir, ne serait-ce que pour exister vraiment, même s'il est vrai qu'il subsiste dans le mâle une part de féminité et chez la femme une part de masculinité, ce qui aide d'ailleurs à la compréhension de l'autre mais peut conduire à des confusions néfastes. De toute façon, l'autre reste pour chacun et chacune mystère, ce qui affecte la relation amoureuse de respect. Un respect fait d'ouverture à l'inconnu, à l'inconnaissable. "Chair de ma chair et os de mes os", chacun l'est pour l'autre, ou plutôt peut l'être, car il y faut une intervention divine passant par la décision de notre liberté au fil d'une histoire.

     

    Au premier plan, la femme

     

    En Genèse 2, le mâle est chronologiquement premier, antérieur. Certains Pères de l'Église en ont tiré argument, ainsi que du fait que c'est la femme qui cueille le fruit de l'arbre interdit, pour soutenir l'idée de la supériorité de l'homme sur la femme. Certes, le chapitre 2 de la Genèse fait sortir la femme du corps de l'homme, en une sorte d'inversion de la naissance, mais cet homme est lui-même tiré de la "poussière du sol" : la femme est de plus noble origine. Tout au long du récit nous voyons la femme à la source de l'histoire. C'est elle qui cueille le fruit de l'arbre et le mange. Quant à l'homme, il se signale par sa passivité : on lui donne du fruit, il le prend sans question ; on lui dit de manger, il mange. Il n'ouvre la bouche que pour se disculper et accuser la femme et aussi, indirectement, Dieu lui-même : "Celle que tu as placée près de moi, c'est elle qui m'a donné du fruit…". Nous sommes loin du "chair de ma chair et os de mes os". Enfin, alors que la trajectoire de l'existence du mâle aboutit à la mort, celle de la femme s'ouvre sur la vie (3, 19 et 20). Le mâle reste Adam (Poussière) alors que la femme est nommée Ève (Vivante). C'est elle qui reçoit la promesse de la victoire sur le mal et sur la mort (3,15). Dans notre évangile, les pharisiens n'interrogent Jésus qu'à propos d'un homme qui renvoie son épouse. À la fin, Jésus rétablira l'égalité en parlant de l'épouse qui renvoie son époux. Égaux dans la faute, ou le malheur, ils seront aussi égaux dans le pardon.

     

    L'image de Dieu

     

    Notre évangile ne parle pas de ce pardon, mais souvenons-nous de la rencontre, en Jean 4, de Jésus et de la Samaritaine aux sept maris et de son comportement envers la femme adultère de Jean 8. Ici, ceux qui viennent tendre un piège à Jésus l'interrogent sur le permis et le défendu, autrement dit, ils restent dans le domaine de la loi. Jésus répondra en sortant du domaine juridique pour passer au domaine de la nature des choses. Ce faisant, il surclasse le légal, le juridique. Pour Genèse 1, Dieu crée d'emblée l'humain homme et femme, et c'est leur unité qui les fait à l'image et ressemblance du Dieu Un, ou, pour mieux dire, du Dieu Union. Union totale qui ne supprime pas la différence mais au contraire l'exalte, la magnifie. Le Père n'est pas le Fils, le Fils n'est pas le Père, mais ils communient, et existent, dans l'unique Esprit, qui est leur "substance". L'union de l'homme et de la femme reproduit cela, et le couple humain est l'icône de lui-même que Dieu met au monde. Détruire cela, séparer ce que Dieu a uni, c'est aller à l'envers de cette création qui nous fait, moyennant l'acquiescement de notre liberté, image et ressemblance du divin. Cette liberté s'exprime dans le mariage. Le rompre revient à "passer à autre chose" (sens du mot adultère), à sortir de l'image de Dieu. Or, nous l'avons vu, même cela Dieu le pardonne. Peut-être d'ailleurs bien des mariages rompus étaient-ils secrètement nuls par "défaut d'intention", de sérieux dans la décision, de réserves implicites ignorées, inconsciemment occultées par les contractants eux mêmes. Alors le divorce n'est plus qu'une constatation de nullité. Que notre oui soit oui, sans réserve. Alors nous rejoindrons l'attitude, l'amour, de Dieu (2 Corinthiens 1,19).

     

    Père DOMERGUE (« Croire »)

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