• - JEAN ZAY : UN ORLÉANAIS AU PANTHÉON

    Jean Zay

     

    - JEAN ZAY : UN ORLÉANAIS AU PANTHÉON

     

     

    Enfance et études

     

    Le père de Jean Zay, Léon Zay est le directeur du journal radical-socialiste Le Progrès du Loiret, il est né de parents juifs alsaciens. Le nom Zay est une francisation de Sée. Sa mère, Alice Chartrain, institutrice protestante, est originaire de la Beauce1.

    Il suit des études au lycée Pothier d'Orléans où il rencontre René Berthelot, futur directeur du conservatoire national de musique d'Orléans, qui deviendra l'un de ses proches2. Il y fonde un journal lycéen, et obtient un prix de composition de littérature française au concours général de 1922 puis de philosophie au concours de 19231.

     

    Débuts professionnels

     

    Pour payer ses études de droit, Jean Zay devient clerc d'avoué et secrétaire de rédaction au Progrès du Loiret. En avril 1925, il fonde avec quelques amis, notamment René Berthelot et Roger Secrétain, une revue littéraire orléanaise, Le Grenier, qui, après 18 numéros, deviendra Le Mail.

    Avocat en 1928, il s'inscrit au barreau d'Orléans.

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    Maison natale à Orléans

     

    Carrière politique

     

    Jean Zay s'engage très tôt en politique. Dès ses études secondaires, il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis, à sa majorité (21 ans) s'inscrit au Parti radical. Il fréquente les cercles républicains, devient membre de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, responsable de la Ligue de l'enseignement et se fait initier à la loge maçonnique Étienne Dolet en 1926.

    À l'âge de vingt ans, horrifié par les massacres de la Première guerre mondiale, il écrit Le Drapeau, poème en vers (daté du 6 mars 1924, il est dédié à Paul Dreux)3. Le poème se termine par ces mots : « tu es pour moi de la race vile des torche-culs ». Ce texte antimilitariste, écrit par un jeune homme de vingt ans, à quelques années de la guerre de 1914-1918, a fait évidemment polémique.

    En 1932, à 27 ans, il est élu député du Loiret sous l'étiquette radical-socialiste, battant Maurice Berger, député sortant du parti démocrate populaire. Il constitue l'un des piliers des « Jeunes Turcs », ces membres du parti qui souhaitent le rénover. Vite remarqué, il devient l'un des espoirs de ce parti et c'est à lui qu'est confié le rapport de politique générale du congrès de 1935 qui décide l'adhésion du parti radical au Front populaire. En 1936, le président du conseil des ministres Albert Sarraut le nomme sous-secrétaire d'État à la présidence du conseil. Quelques mois plus tard, il est réélu et devient, à 32 ans, le 4 juin 1936, membre du gouvernement du Front populaire comme ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-Arts. En mars 1937, il est élu conseiller général du canton d'Orléans-Nord-Est.

     

    Seconde Guerre mondiale

     

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    Plaque sur le mur du lycée Pothier (Orléans)

     

    Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Zay démissionne le 2 septembre 1939, pour rejoindre l'armée française et suivre le sort de sa classe d'âge. Son courage et son dévouement, au sein de la IVe armée, sont attestés par ses chefs militaires : « volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates »

    Sous-lieutenant rattaché à l'état-major de la IVe armée, il séjourne en Lorraine pendant la « drôle de guerre » de 1939-1940. En juin 1940, avec l'autorisation de ses supérieurs, il rejoint Bordeaux pour participer le 19 juin 1940 à la dernière session du Parlement qui s'est replié avec le gouvernement dans cette ville et qui débat de la question d'un abandon de la métropole aux troupes allemandes et d'un transfert du gouvernement français en Afrique du Nord. Aucune décision n'est prise mais, le 21 juin 1940, en fin d'après-midi, Camille Chautemps, vice-président du conseil, les présidents des deux chambres, Jean Zay et Pierre Mendès France ainsi que vingt-cinq autres parlementaires embarquent au Verdon à bord du Massilia. Arrivés à Casablanca, au Maroc, le 24 juin 1940 en raison d'une grève de l'équipage puis de l'attente d'une demande d'asile au gouvernement britannique, les passagers du Massilia sont d'abord consignés par le résident dans un grand hôtel, et quatre d'entre eux, dont Jean Zay, sont arrêtés le 15 août 1940 pour désertion devant l'ennemi5,6. Renvoyé en métropole, Jean Zay est interné le 20 août 1940 à la prison militaire de Clermont-Ferrand.

    Pendant des mois, une violente campagne de presse orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l'Information du gouvernement de Vichy, réclame la condamnation à mort du « juif Jean Zay » comme juif, franc-maçon, anti-munichois, anti-hitlérien et ministre du Front populaire.

    Le 4 octobre 1940, le tribunal militaire permanent de la 13e division militaire, siégeant à Clermont-Ferrand, le condamne comme officier pour désertion en présence de l'ennemi9 à la déportation à vie et à la dégradation militaire, contre six ans de prison pour Pierre Mendès France, huit ans de prison avec sursis pour Pierre Viénot et un non-lieu pour Alex Wiltzer10,11,12,6. Ses prises de position très antimilitaristes et pacifistes avant la déclaration de guerre ne sont sans doute pas étrangères à cette sévérité. Pour Olivier Loubes, « bouc émissaire idéal », Jean Zay a été condamné « à une peine qui vise à rappeler celle d'Alfred Dreyfus ». Transféré le 4 décembre 1940 au fort Saint-Nicolas, à Marseille, pour être déporté, sa peine de déportation dans un bagne est muée par le régime de Vichy en simple internement en métropole et, le 7 janvier 1941, il est incarcéré au quartier spécial de la maison d'arrêt de Riom.

    Dans sa prison de Riom, Jean Zay peut continuer à recevoir régulièrement sa femme et ses deux filles, Catherine Martin-Zay et la cadette, Hélène Mouchard-Zay, la fille de Jean Zay, née en 1940, après son arrestation. Il peut écrire et communiquer avec ses amis. Il ne cherche pas à s'évader, comme la force de la Résistance intérieure française dans la région l'aurait sans doute permis. Il continue à travailler pendant sa captivité, préparant les réformes qu'il pense pouvoir mettre en œuvre après la Libération. Il a pour compagnon de cellule le rabbin Édouard Gourévitch.

     

    L'assassinat

     

    Le 20 juin 1944, trois miliciens du collaborateur Joseph Darnand viennent le chercher à la prison. Il s'agit de Henry Millou, responsable de la sécurité de la Milice à Vichy, Charles Develle et Pierre Cordier15. Les trois miliciens présentent un ordre de transfert16 pour Melun signé par le directeur de l'administration pénitentiaire, Baillet, également milicien. Ce document contient aussi des instructions de Raymond Clémoz, alors chef de cabinet de Joseph Darnand à Vichy. Les trois miliciens lui laissent entendre ensuite qu'ils sont des résistants déguisés qui ont pour mission de lui faire rejoindre le maquis, et l'assassinent dans un bois, près d'une carrière abandonnée, au lieu-dit Les Malavaux dans la faille du Puits du diable, à Molles, dans l'Allier.

    Les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, le fusillent, jettent la dépouille dans un puits et y lancent quelques grenades de manière à ce qu'il ne puisse pas être identifié.

    Le 22 septembre 194619, son corps et ceux de deux autres personnes sont retrouvés, enfouis sous un tas de pierres, par des chasseurs de Molles et de Cusset, et enterrés sur ordre de la municipalité de Cusset dans une même fosse du cimetière communal.

    Faisant le rapprochement entre le cadavre et la disparition de Jean Zay, les enquêteurs retrouvent l'identité du milicien qui a signé le registre de levée d'écrou, Charles Develle21, et l'interpellent à Naples en Italie, où il s'est réfugié. Exhumés fin 1947, les restes de Jean Zay sont identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur. Jugé en février 1953, le milicien est condamné aux travaux forcés à perpétuité par le tribunal militaire de Lyon.

    Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d'Orléans depuis le 15 mai 194818.

     

    Réhabilitation posthume

     

    Le 5 juillet 1945, la cour d’appel de Riom réexamine les faits reprochés au sous-lieutenant Jean Zay, constate qu’à aucun moment il ne s’est soustrait à l’autorité militaire, et que « les poursuites intentées contre le sous-lieutenant Jean Zay ne peuvent s’expliquer que par le désir qu’a eu le gouvernement d’atteindre un parlementaire dont les opinions politiques lui étaient opposées et qu’il importait de discréditer en raison de la haute autorité attachée à sa personnalité. »

    Elle annule donc le jugement du 4 octobre 1940, et Jean Zay est pleinement réhabilité à titre posthume.

    Le 19 février 2014, François Hollande décide de transférer les cendres de Jean Zay ainsi que celles de Pierre Brossolette, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillion au Panthéon.

     

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  • Commentaires

    1
    Samedi 22 Février 2014 à 21:15

    Je ne savais pas que Jean Zay était né à Orléans .Mais beaucoup d'écoles, en Auvergne portent son nom.Triste période que la guerre!

    Amitiés

    nicole

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