• En mémoire des enfants qui n’ont pu naître…

    - AUTELS DE VIE

    En ce dimanche (22 Janvier 2017), alors qu’a lieu la Marche pour la Vie à Paris, j’aimerais vous faire découvrir une initiative qui me semble très belle et très juste.

    Sortir du silence
    C’est le Père Hervé Soubias qui en a eu l’intuition lors d’un pèlerinage en Terre Sainte, en 2015, aux côtés d’un couple très sensible à la cause. A Bethléem, sur les lieux de la naissance du Christ, ils répondent à l’inspiration de faire construire dans nos églises des « autels de vie » comme lieu de mémoire, de consolation et de prière pour les enfants qui sont morts avant d’avoir vu le jour et sans être baptisés.
    Dans toutes nos familles, des couples ont vécu l’épreuve d’une fausse-couche. Pour ne pas dramatiser, on a tendance à taire la douleur des parents ou à banaliser cette épreuve. L’entourage, souvent gêné, ne sait pas bien quoi dire ou comment accompagner. Même l’Eglise est assez silencieuse. Et pourtant, n’est-ce pas à l’entendre un enfant qui est mort ? En quoi serait-ce moins douloureux ? La mère ressent bien ce que cela veut dire dans sa chair. Les parents ont un deuil à vivre, et ont besoin de confier cet enfant au Seigneur. Il existe, ils l’ont attendu, la nouvelle de sa conception a fait leur joie, avant que n’arrive la peine d’apprendre qu’il n’avait pas survécu.
    Et combien de femmes, de couples, ont vécu le drame de l’IVG ? Sur cinq enfants conçus, un a été avorté depuis 1975 en France… Un enfant sur cinq… Qui prie pour eux ? Qui pense à eux ? Leur mère, leur père qui n’ont pu l’accueillir, ont souvent besoin de vivre une vraie réconciliation avec Dieu et avec cet enfant. Le déni et le silence ne font rien oublier. On a besoin de mettre des mots sur ce qu’on a vécu, de donner un nom à celui qu’on aurait aimé réussir à accueillir. On n’a pas pu, on n’a pas su, on s’est retrouvé entraîné dans l’urgence, parfois sous la pression de l’entourage, parfois si seule… Mais tout cela n’est pas terminé. Il n’est jamais trop tard pour aimer avec Dieu ! Et si on pouvait encore quelque chose ?
    Mémoire, réconciliation et prière
    Voilà la vocation de ces autels consacrés à la prière pour ces enfants, à leur mémoire. L’Eglise doit prendre le relais, et porter dans sa prière ces petits. Ils sont aimés de Dieu, appelés à voir Dieu. Ainsi, déjà dans plusieurs églises de France et d’ailleurs, un autel – un lieu de recueillement – a été consacré dans cet esprit. Là, ceux qui le souhaitent peuvent venir faire inscrire le prénom d’un enfant, parfois avec une date. Ces prénoms sont aussi notés dans un registre, un grand livre de vie. Des messes sont célébrées avec ce livre posé sur l’autel, à la mémoire de ces enfants, que nous confions dans l’espérance à la miséricorde de Dieu, comme nous y invite l’Eglise. Des prières sont dites pour eux, et pour la consolation de leurs parents, en attendant que ces enfants accueillent eux-mêmes un jour leurs parents au ciel, comme l’écrivait Saint Jean-Paul II dans Evangelium Vitæ au n°100. Un groupe de femmes bénévoles – « les servantes des autels de vie » – se constitue pour tenir ce lieu, en prendre soin, et porter dans la prière les enfants et les parents concernés.

    - AUTELS DE VIE


    En France, il existe de tels lieux à Nice, à Mougins, à la Sainte-Beaume, à Lourdes ou encore à Paris dans la basilique Notre-Dame des Victoires, depuis décembre 2015. En 9 mois à peine, sans qu’aucune publicité ne soit réellement faite, ce ne sont pas moins de 1500 enfants qui ont été confiés dans cette basilique ! Preuve que ces lieux répondent à un vrai besoin. La démarche qu’ils offrent de faire est d’ailleurs très complémentaire avec les parcours de guérison et de réconciliation que proposent depuis longtemps certaines associations, comme Mère de Miséricorde.
    Dénoncer la culture de mort est une bonne chose. Témoigner publiquement du respect de toute vie est aussi nécessaire. Mais rien de cela ne portera du fruit, rien de cela ne touchera les consciences si nous n’offrons pas en même temps le témoignage d’une vraie compassion et de notre prière pour ceux et celles qui ont perdu un enfant ainsi, et pour ces petits que le monde ne veut pas voir mais qui existent bien pour Dieu et pour leurs parents.
    Je crois que ces sanctuaires sont une des réponses possibles à cet appel à la compassion et à la prière. Il serait beau qu’ils se multiplient dans nos églises de France et du monde.
     
    Abbé GROSJEAN (Padre Blog)
     


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  • LE CARÊME (PADREBLOG)

    - CARÊME




    Le carême, une course communautaire vers le Christ


    C’est la grande question au début de chaque carême : comment vais-je réussir ces quarante jours ? Peut-être en ne cherchant pas d’abord à le considérer comme un défi sportif qui serait à relever ou à réussir !

    Vivre le carême en Eglise
    Le carême évoque souvent pour nous une épreuve individuelle où chacun va devoir se placer seul devant Dieu pour essayer de faire des efforts. Pourtant si l’Eglise a choisi de proposer à chacun des baptisés ce temps de préparation avant Pâques, ce n’est pas pour que chacun se referme sur lui-même (non, les catholiques ne sont pas masos) ! Au contraire, il s’agit d’un temps vécu collectivement. Nous devons nous stimuler les uns les autres dans cette belle course à faire le bien. Tous les temps proposés en paroisse, en famille ou dans nos communautés de vie sont donc à privilégier comme autant d’occasions pour nous encourager à nous rapprocher de Dieu.
    C’est d’autant plus vrai que le carême vise à porter dans la prière, et par nos efforts, l’œuvre de purification que vivent les catéchumènes de nos paroisses. « Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu » dit l’antienne du psaume invitatoire aux laudes pendant le carême. Il s’agit bien d’un combat de Dieu et en faveur de Dieu qui se joue dans notre communauté.
    La vie communautaire est d’ailleurs le vrai lieu du carême puisque cela me permet de me décentrer de moi-même. Le pape François nous le dit : c’est un temps où nous découvrons la Parole de Dieu comme un don qui nous libère de nous-mêmes et nous fait prendre conscience que l’autre est un don.
    Le carême n’est pas une guerre contre le chocolat
    Le carême s’accompagne de résolutions que nous prenons pour vivre ce beau temps. Orientés autour des piliers du carême, ce sont les fameux efforts de carême ! Souvent, nous reprenons des efforts classiques comme : prier plus, être gentil et ne pas manger de chocolat. C’est peut-être ici le lieu de dissiper un des grands malentendus autour du carême : Jésus n’a jamais déclaré la guerre au chocolat ! Il n’y a pas de 11e commandement interdisant le chocolat !
    En jeûnant de chocolat, il s’agit plutôt pour nous de choisir un effort permettant de renoncer à quelque chose que nous aimons bien et que nous serons d’autant plus contents de retrouver le jour de Pâques à travers les œufs, les poules et la pâte à tartiner… Le chocolat reste pourtant souvent quelque chose de superflu dans notre quotidien. Pour beaucoup d’entre nous, c’est peut-être l’utilisation de notre smartphone qui serait un vrai sacrifice nous permettant de renoncer à ce que nous considérons comme étant notre nécessaire (ex : j’ai besoin de regarder mes mails, je dois aller sur Facebook…). Renoncer à une activité qui nous semble bien plus nécessaire que la prière pour libérer du temps dans nos journées afin justement de prier et de nous tourner vers les autres. Le pape François nous invite à profiter de ce temps pour découvrir le don de la Parole de Dieu. Et si j’en profitais pour lire un livre biblique tout au long de ce carême ?
    Choisir des résolutions vérifiables
    Il reste que l’effort que nous choisissons doit pouvoir être mesurable et faisable. Ayons l’humilité de reconnaître que certains efforts sont trop durs pour nous ! Je ne peux me mettre d’un coup à faire deux heures d’oraison quotidienne si je ne suis pas capable de prier un pater chaque jour. L’effort doit aussi être mesurable par nous (et non par les autres, l’effort reste de l’ordre de l’intime !). Le soir, je dois être capable de reconnaître si j’ai tenu ma résolution et pouvoir rendre grâce au Seigneur ou demander pardon le cas échéant. Cela permet de faire le point et de ne pas me décourager dans cette belle course communautaire. Pour cela, il est bon de prévoir concrètement l’effort que je choisis. Par exemple, je peux m’engager à prier tant de temps par jour, à tel moment de la journée et dans tel lieu. Je peux prévoir cet effort. De même, je peux m’engager à donner la dîme de mes revenus du mois à telle ou telle association caritative, ou encore à aller faire la connaissance de mes voisins d’immeuble que je n’ai toujours pas eu le courage d’aller saluer.
    Enfin, la résolution doit être adaptée à ce que je suis en train de vivre : si je m’engage à prier une demi-heure par jour mais que je ne vais pas à la messe le dimanche, il y a clairement une inversion de priorités. Mon effort ne m’exonère pas de ce qui va pouvoir me donner la dimension communautaire du carême, au contraire, il m’encourage à la vivre davantage !
    Stimulons-nous pour vivre le carême comme un beau temps pour préparer nos cœurs à la joie pascale, laissons-nous guider par l’Esprit !


    Abbé Roland-Gosselin
    Prêtre du diocèse de Versailles ordonné prêtre en 2013. Vicaire à la paroisse Saint-Germain de Saint-Germain en Laye (Yvelines).


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  • Mercredi 2 mars

     

     

    - CARÊME 2 MARS

     

    Œuvre de miséricorde :  ensevelir les morts.

     

     

     

    Aujourd'hui, découvrons Marie de Béthanie, dont le parfum versé sur les pieds de Jésus annonçait sa sépulture et sa résurrection.

     

     

     

     

     

    Figure spirituelle

     

     

     

    Avant de spiritualiser trop rapidement le geste de Marie de Béthanie que rapporte l’évangéliste Jean au chapitre 12 dans les versets 3 et suivants, remarquons le culot de cette femme ! Ce geste que l’on appelle « l’onction de Béthanie » est empreint d’une sensualité torride. Les cheveux dans toutes les cultures sont utilisés dans une parade de séduction. Le parfum puissant (il embaume toute la maison) utilisé par Marie rajoute de la volupté à la scène ! Déposer ce parfum sur les pieds d’un homme et essuyer le tout ne laisse pas indifférent celui ou celle qui décode les jeux de la séduction. Les « bonnes âmes » comme celle des Judas de tous les temps ne purent et ne pourront s’empêcher de reprocher des gestes jugés déplacés. Et pourtant ! Ce geste excentrique, guidé par l’amour libre de cette femme, est une double annonce. Il annonce d’abord la mort réelle de Jésus. Dans la tradition juive, il faut embaumer les cadavres et les recouvrir d’un parfum. Pourtant, si Jésus est réellement mort, son corps n’a pas été embaumé. Au matin de Pâques, les femmes couraient les rues de Jérusalem pour faire le geste funéraire, mais elles ne trouvèrent pas le corps dans le tombeau. Dans cette scène, en déposant du parfum sur le corps vivant de Jésus, Marie de Béthanie annonce à la fois la mort de Jésus, mais aussi sa résurrection. Oui, Jésus qui a été crucifié et dont la vie a quitté le corps le vendredi de la douleur est le même qui est ressuscité trois jours plus tard, le matin de Pâques. Sébastien Antoni

     

     

     

     

     


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  • Vivez le Carême autrement avec Aleteia (1/7).

     

    « Pas le temps » de se taire et méditer ?

     

     

    - CARÊME : "PAS LE TEMPS?"

     

    Presque tabou, le silence est devenu l’ennemi des sociétés actuelles, réduit à néant par nos cerveaux encombrés, balayé par la prolifération des médias et des portables, brisé par des flots de paroles, dissipé par des musiques d’ambiance. Dans la course de nos vies, il s’est effacé sans bruit au rythme de nos priorités professionnelles ou de nos distractions étudiantes pour devenir la propriété exclusive de l’ermite ou du religieux.

     

     

     

    Alors que l’enfance lui conférait quelque charme par ses « Roi du silence » ou ses joyeuses parties de cache-cache où l’on maudissait les indiscrétions d’un vieux parquet, les années l’ont peu à peu rendu indésirable, en en faisant l’apanage d’un professeur trop irritable et l’ennui d’un voyage sans écouteurs.

     

    Le « blanc » est donc peu à peu devenu le cauchemar des conversations, et le « dis quelque chose ! » le rituel des disputes sans issue, assimilant le silence à une tension, une angoisse, un vide à combler.

     

     

     

    Quid de notre intériorité ?

     

     

     

    Quel silence l’homme fuit-il donc ? Une absence de bruit ou un grand vide ?

     

    De fait, il me semble que c’est précisément cette peur du vide qui pose problème, dessinant les contours d’une intériorité ignorée ou ignorante. Car en réalité, le silence nous dit bien quelque chose : il est rempli de nos pensées, de nos émotions, de ce qui conduit l’homme à s’interroger et lui permet de bâtir les fondations de sa vie par les petites certitudes qu’il construit et les grandes questions qu’il se pose. Dans le silence, la mémoire se manifeste, nous faisant revivre certains instants en rappelant à l’esprit chaque choix que l’Homme a fait pour poser une parole ou un acte.

     

     

     

    « Si le silence nous pèse, c’est que nous on avons terriblement besoin » affirmait Gaston Courtois. En effet, une fois que nous avons fui le brouhaha extérieur, nos questionnements intérieurs nous envahissent inévitablement, d’autant plus violemment lorsque nos moments de silence sont trop rares. Convoquant la raison, les émotions, la conscience, le silence permet une réflexion qui fait peur car elle impose une observation de soi-même, une prise de position par rapport à ce qui nous entoure. Mais bien que le silence soit parfois difficile, il est nécessaire, car il permet la manifestation de l’intériorité de chaque homme.

     

     

     

    Du silence factuel au silence intérieur

     

     

     

    Vous me direz légitimement qu’il est bien beau de se retirer dans le silence mais que ce silence ne sera donc que factuel puisque l’Homme sera tourmenté par le fourmillement de ses réflexions intérieures. Cependant, ce sont ces réflexions qui permettent de nourrir une vie intérieure qui élèvera l’âme. Prendre un instant de silence, c’est se donner l’occasion de s’écouter, de s’arrêter sur nos sentiments, parfois même nos ressentiments pour mieux nous connaître et mieux poser des petits choix quotidiens qui n’ont l’air de rien, mais nous construisent néanmoins. Lorsque nous sommes en accord avec nous-même, il devient alors bien plus facile de trouver un peu de paix intérieure.

     

     

     

    « On va bien prendre des bains de soleil. Pourquoi y-a-t-il si peu de gens qui aient l’idée de prendre un bain de silence ? » demandait Claudel avec humour. Car si le silence créé, il apaise également. Et si pour une fois, en rentrant de cette longue journée hivernale, vous délaissiez la froide routine de votre quotidien pour vous plonger vous aussi avec délices dans un grand bain…de silence ?

     

    Aleteia

     


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  • Sainte Jeanne d'Arc

     

    Jeanne d'Arc ou l'atteinte à l'ordre naturel

    Si quelqu’un a transgressé de bien des façons les limites de son temps, c’est bien Jeanne d’Arc.

     

    - CARÊME AVEC JEANNE D'ARC

     

    Jeanne s’est libérée de la condition féminine qui est la sienne et des devoirs qui lui sont attachés. À l’époque médiévale, l’Église définit clairement les fonctions et les obligations de chacun des deux sexes. Il était impensable qu’une fille de paysans puisse accéder aux charges militaires qui, en principe, relèvent de la compétence des hommes.
    Montée à cheval, vêtue d’une armure, porteuse d’une épée, la jeune Lorraine bouscule les usages de son temps et ces multiples transgressions, qu’elles soient religieuses, sexuelles ou sociales, ont suscité tellement d’incompréhensions qu’elles l’ont menée au bûcher. C’est au cours de son procès que se révèle combien la jeune fille est jugée pour des pratiques et des comportements que l’Église définit comme hérétiques. Jeanne a non seulement revêtu l’habit d’homme, mais elle a pris le commandement des troupes, ce que sa condition sexuelle défend rigoureusement. C’est une attitude d’une extrême gravité puisqu’elle porte atteinte à l’ordre naturel voulu par Dieu.

    La Bible est très claire : Dieu prévoit pour chacun une place particulière au coeur de l’édifice social, avec les devoirs et les obligations qui lui sont attachés. Nul ne peut s’en affranchir sans contester la volonté divine. « Contrairement aux commandements de Dieu et des saints, ladite Jeanne a assumé, avec orgueil et présomption, la domination sur les hommes ; elle s’est constituée chef et capitaine d’armée (caput et ducem exercitus), où se trouvaient princes, barons et autres nobles, que tous, elle a fait servir militairement sous elle comme principal capitaine. » Cet extrait de son procès n’est qu’un exemple parmi d’autres des longs reproches faits à la Pucelle. L’Église accepte aussi très mal les affirmations de Jeanne quant à la mission qu’elle estime tenir de Dieu. Que la Providence ait pu confier son message à une paysanne illettrée issue du monde laïque horrifie les juges : cette attitude met directement en cause le rôle traditionnel du clergé qui seul peut interpréter pour les  fidèles, en principe ignorants des subtilités de la théologie, la Parole de Dieu. Une fille sans instruction, de surcroît paysanne, ne saurait recevoir les révélations du Ciel. Ajoutées à cela les accusations plus politiques et la sanction est tombée : Jeanne devait mourir.

    Sophie de Villeneuve


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