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    Que notre joie demeure…
     Padreblog

    Cela n’aura échappé à personne, les dernières semaines ont été éprouvantes pour beaucoup de catholiques et pour l’Église. Cette rentrée 2018 a été un peu rude. Plusieurs d’entre vous se sont étonnés du relatif silence du Padreblog au cœur de la tourmente. Voici quelques réflexions et explications.

    Depuis le 26 août, nous avons d’abord l’un d’entre nous à accompagner et à entourer dans l’épreuve de la maladie et d’une longue convalescence. L’amitié sacerdotale qui nous unit est précieuse dans ce moment-là ; il nous faut entourer notre frère et l’accompagner. Quand l’un de nos proches est ainsi éprouvé, on a ce souci toujours en tête. On se recentre sur l’essentiel et on n’a pas la même disponibilité d’esprit pour plonger au cœur des polémiques ou commenter l’actualité peu réjouissante. Permettez-nous de recommander l’abbé Amar à vos prières : qu’il puisse bien vite retrouver sa place et se remettre « au service », comme il sait si bien le faire, même si nous restons persuadés que par sa prière aujourd’hui il nous aide et continue de servir autrement… !
    Prêtres de terrain
    Nous avons aussi eu nos rentrées paroissiales à vivre. Nous l’avons souvent dit, l’ADN du Padreblog c’est d’être animé par des prêtres de terrain… pour qui le terrain prime ! Priorité à la paroisse, au ministère ordinaire, à notre mission première : baptiser, confesser, annoncer, marier, accompagner, enterrer… C’est pour cela que nous ne nous sommes jamais imposé un rythme particulier pour les publications. Même si nous aimons cet « apostolat numérique », il passera toujours après notre mission paroissiale. Voilà qui explique ce caractère un peu irrégulier de notre activité sur les réseaux. Notez cependant qu’en partenariat avec Padreblog, KTO Tv a lancé une nouvelle petite série de vidéos intitulées « pourquoi Padre ? » pour répondre aux questions que vous pouvez vous poser sur la foi.

    L’Eglise en pleine tempête
    Surtout, le climat ambiant – et particulièrement le climat ecclésial et médiatique ambiant – nous éprouve, comme beaucoup d’entre vous. Cette litanie de drames et de crimes pédophiles nous donne véritablement la nausée, même s’il faut souligner qu’on ouvre là des archives parfois vieilles de 60 ans… et que les mesures prises depuis semblent porter du fruit. Il n’empêche. Pendant des années, dans l’Église comme ailleurs (mais donc aussi dans l’Église), on n’a pas su, pas pu, pas voulu entendre ou comprendre la souffrance des enfants victimes, tout occupés que nous étions à protéger l’Institution.
    Les « affaires » vaticanes, les accusations graves étalées sur la place publique, les affrontements entre prélats et cardinaux, nous font aussi mal. L’évangile qui nous rapporte les disputes entre apôtres nous prouve que tout cela n’est pas nouveau. L’histoire de l’Église nous l’enseigne aussi, parfois dramatiquement. Depuis 2000 ans, à chaque époque, l’Église a été composée de saints et de minables, de héros et de lâches. Sans doute chaque catholique peut être tour à tour l’un et l’autre ! L’Église est surtout composée de chacun de nous, et nous sommes les premiers à lui être reconnaissants de nous accepter tels que nous sommes, y compris avec nos péchés. Les débats dans l’Église n’ont jamais manqué, parfois résolus dans le sang. Les désaccords non plus, les Actes des Apôtres en témoignent. Tout en sachant cela, il n’est quand même jamais facile de voir sa famille afficher ses disputes ou être prise dans la tempête.

    L’ère du soupçon
    Au milieu de tout cela, nous ne sommes pas dupes devant le jeu de certains. Comment ne pas être amers en les observant, eux qui ne sont pas vraiment connus pour être des grands amis de l’Église, alors qu’ils profitent de ces tragédies pour essayer de lui porter un coup fatal ou pour se refaire une notoriété à coup de commission d’enquête parlementaire, de pétitions et de tribunes ? La vérité rend libre, et tout ce qui pourra aider à la faire est précieux, si et seulement si l’intention reste droite : il s’agit bien d’aider l’Église à être pleinement fidèle à sa mission, et non de la faire taire pour toujours.
    Nous lisons aussi l’empressement d’autres « amis » qui, sous prétexte de lutter contre un cléricalisme dont personne ne s’accorde vraiment sur la définition ou la réalité, rêvent à nouveau du « grand soir », remettant sur la table des débats empreints d’une idéologie qu’on pensait pourtant enfin dépassée.
    Et ne parlons même pas de tous ceux qui refusent désormais à tout prêtre le droit de s’exprimer sur un seul débat de société, nous renvoyant à la figure les fautes de nos frères. Le « pas d’amalgame » qu’ils brandissaient si souvent n’existe plus, la présomption d’innocence encore moins. L’Église serait « disqualifiée ». Tant pis si l’immense majorité des fidèles et des clercs n’ont rien à se reprocher. La nuance est devenue rare en ce monde, elle s’accorde mal avec le rythme médiatique, encore moins avec la violence des réseaux sociaux.
    Ce climat, ce silence passé, cette confusion entretenue nourrissent le soupçon, ce poison qui vient miner la confiance et assombrir notre joie d’être prêtres. Tout geste d’affection paternelle devient un risque, toute proximité fraternelle inquiète. Le Christ qui console, relève, encourage et bénit se retrouverait aujourd’hui cantonné derrière une vitre, si on en croit les recommandations de certains « experts ». Ce n’est pourtant qu’en approfondissant cette « paternité spirituelle » du prêtre qu’on l’aidera à vivre son célibat de façon la plus juste. La prudence est légitime et nécessaire, le bon sens aussi. La confiance sera longue à reconstruire. Sachez que la vôtre est infiniment précieuse pour les prêtres que nous sommes. Le doute et le soupçon nous fragilisent et minent toute relation. Votre confiance lucide nous encourage.

    Drame dans le diocèse de Rouen
    Comment ne pas avouer aussi que la mort tragique d’un jeune prêtre de Rouen nous a tous bouleversés et profondément affectés ? Certains ont trouvé des mots justes à ce propos. Beaucoup comme nous se sont plongés dans un silence douloureux devant un tel mystère. Mystère de la fragilité, même des meilleurs d’entre nous. Mystère d’un combat spirituel immense qui se joue, dès lors qu’on fait du bien, et que ce bien nous expose. Mystère d’un prêtre qui reste un homme. Nous connaissions peu le père Jean-Baptiste. Mais comme beaucoup, nous nous sommes sentis soudain très pauvres… persuadés plus que jamais qu’il nous faut, laïcs et prêtres, prier les uns pour les autres. Car mystérieusement mais réellement, la vie et la fidélité des uns sont confiées à la prière et à l’attention des autres, et inversement. « Tout est lié » disait le pape François. Nous avons besoin de nous porter les uns et les autres, avec vérité et charité.

    L’Eglise, notre famille
    Plus d’une fois, face à tout cela, le démon a dû se frotter les mains…
    Confiance minée, Église renvoyée à ses fautes et sommée de se taire, attaques et amalgames injustes… Peut-être tout cela est-il inévitable ? Peut-être est-ce le prix à payer pour réparer ou expier les fautes du passé ?  C’est dur, c’est en partie injuste. Mais l’Église est une famille. Et nous sommes malgré nous solidaires. Le bien fait par certains profite à tous. Le mal fait par d’autres est porté par tous.
    Face à tous ces évènements, dans ce climat-là, nous n’avons pas vraiment envie de rentrer dans l’arène aujourd’hui. Pas envie de répondre à ceux qui semblent se réjouir de voir l’Église à terre, de voir le Pape affaibli, de voir nos évêques en difficulté. Pas envie « d’en rajouter ». Pas envie de nous exposer non plus,  plus que nécessaire.
    Il y a un temps pour parler, et un temps pour se taire.
    Peut-être pour le moment est-ce d’abord à vous, en priorité, chers laïcs, de monter au créneau pour défendre la famille et les droits de l’enfant ? Sans doute aussi est-ce bon de laisser nos évêques eux-mêmes prendre la parole,  affronter micros et caméras pour redire la primauté accordée à la protection des plus petits, rétablir la confiance et… défendre l’honneur de leurs prêtres.
    Pour nous, simples prêtres, c’est trop rude en ce moment. Le silence nous protège.
    Face à ces tempêtes et dans ce climat, nous croyons également peu aux tribunes et aux tweets. Nous ne sommes pas non plus au niveau de ceux qui doivent discerner les commissions à créer et les réformes structurelles à enclencher, même si certains discours nous laissent dubitatifs. Faisons confiance à nos chefs, évêques et Pape. Dans la tempête, on fait confiance à celui qui tient la barre…

    Une seule urgence : la sainteté
    Plus que jamais, nous croyons surtout à la conversion. Dans la tourmente, il nous faut nous recentrer sur Jésus, sur l’Evangile, sur nos vocations respectives. On répond au mal par le bien. On répare le mal en faisant le bien. En aimant, vraiment. Que chacun tire de tout cela le désir plus ardent d’être un saint, c’est-à-dire d’être fidèle et généreux dans l’accomplissement de sa mission. Que chacun comprenne l’urgence qu’il y a à prier davantage, comme le Pape l’a demandé avec gravité pour ce mois d’octobre. Nous avons été impressionnés par cet appel : le Pape évoque explicitement les attaques du démon contre l’Église. C’est une évidence : tout ce qui abîme l’innocence d’un enfant, tout ce qui défigure la beauté du sacerdoce, tout ce qui fait tomber un prêtre ou fracasse une famille, tout ce qui blesse le témoignage qu’essayent de porter les chrétiens, tout ce qui fait naître le découragement, le doute ou le soupçon qui divise et sépare… tout cela est signé. Le diable ne se cache même plus. Ne nous y trompons pas. Raison de plus pour prier en conséquence, et resserrer les rangs.
    Nous ne voulons pas non plus que les chrétiens se referment sur eux, sous les coups qui pleuvent et les mauvaises nouvelles qui tombent. Nous ne voulons pas qu’on perde la joie de croire et de servir. Nous souhaitons encourager chacun à revenir au cœur de notre mission de baptisés : vivre pleinement l’Évangile, vivre la beauté et la radicalité de son message et offrir au monde ce témoignage, humble, généreux et authentique. La fragilité dans laquelle nous plonge la situation nous rend libres. Nous ne risquons plus de rêver pour nous d’un pouvoir à la façon des hommes, ni d’une vie confortable. Nous voilà ramenés à la mission ! Au-delà de l’agitation et du désarroi légitime de beaucoup, au-delà de la colère de certains et de la violence d’autres, ce monde attend toujours qu’on lui annonce la Bonne Nouvelle de son Salut. Tant et tant autour de nous ont besoin de redécouvrir l’amour inconditionnel de Dieu pour eux ! Clercs et laïcs, il nous faut, avec nos blessures et nos lourdeurs, nos craintes et nos pauvretés, mais aussi notre joie et notre générosité, rester cette Église courageuse et pauvre qui annonce – parfois au prix de sa vie ou de sa réputation – la Vérité du Christ et son amour pour tous. Demain, nous serons heureux d’avoir tenu bon, d’avoir accompli la mission.
    Plus que jamais nous constatons que notre vie à tous – la vôtre, la nôtre – est rude parfois, et même éprouvée. Mais elle est belle, dès lors qu’elle est donnée. Vos prêtres ne sont pas parfaits, ils sont faits de la même humanité que vous. Ils partagent les mêmes blessures et les mêmes difficultés. Mais sachez-le : au cœur de tout cela, notre joie est et sera toujours de vous servir…  « de notre mieux » !

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