• - CRISE GRECQUE

    Avec le référendum, Alexis Tsipras joue son va-tout

     

    - CRISE GRECQUE

     

    - Le scrutin doit avoir lieu dimanche prochain, a précisé le premier ministre grec.

    - Une sortie de la Grèce de la zone euro est devenue possible, mais encore évitable.

     

    Après les semaines de la dernière chance pour trouver un accord entre la Grèce et ses créanciers, c’est une semaine de tous les dangers qui commence pour les uns et les autres. Les marchés vont-ils plonger en chute libre dès ce matin ? Le gouvernement grec va-t-il mettre en place un contrôle des capitaux afin d’éviter la ruée aux guichets bancaires ? Les banques grecques vont-elles, d’ailleurs, ouvrir leurs portes ?

     

    Toutes ces questions agitent les dirigeants européens depuis que le premier ministre grec, Alexis Tsipras, a annoncé par surprise dans la nuit de vendredi à samedi, la tenue d’un référendum en Grèce sur le plan d’aide au pays… Et appelé à rejeter ce plan. Le scrutin doit avoir lieu dimanche prochain.

    « Déception », « surprise négative», « rupture unilatérale des négociations », les Européens ont réagi avec stupeur et la réunion de l’Eurogroupe, samedi, s’est déroulée dans une atmosphère lourde. À l’issue de leurs travaux, les ministres des finances ont refusé d’étendre une nouvelle fois l’actuel plan d’aide à la Grèce, qui expire demain.

     

    Alexis Tsipras a donc choisi de précipiter les événements. Et de prendre tout le monde de court. Coup de poker menteur ? « Alexis Tsipras parie qu’un “non” massif, c’est-à-dire un rejet du plan, va améliorer a position de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers et forcer ces derniers à accepter de nouvelles concessions à la dernière minute », commente Georges Prévélakis, professeur de géopolitique à l’université Panthéon-Sorbonne.

     

    Dans son message au peuple grec ce week-end, Alexis Tsipras a dénoncé le dernier plan des Européens et du FMI, dont le « but est l’humiliation de tout un peuple ».

    Cette rhétorique inquiète GeorgesPrévélakis, d’autant plus que « le parti des Grecs indépendants, membre de la coalition gouvernementale avec Syriza mais aussi le parti néonazi Aube dorée utilisent les mêmes arguments. Toutes ces formations dénoncent un chantage des créanciers, une atteinte à la dignité des Grecs. Elles exaltent leur ”fierté” et leur tradition de résistance.

    Ces appels à la fibre nationalistesont dangereux car ils suscitent un fort clivage et jouent avec un sentiment d’humiliation réellement vécu par certains ».

    Difficile de savoir s’il s’agit d’une stratégie assumée ou improvisée.

     

    « Depuis le début, décrypte Yves Bertoncini, du think tank ”Toute l’Europe”, Institut Jacques Delors, Alexis Tsipras pratique la dissuasion du faible au fort. Il pense que personne parmi les Européens n’osera déclencher une sortie de la Grèce de la zone euro. L’annonce du référendum va dans ce sens, car elle lui permet de maintenir cette pression.»

    Pour Georges Prévélakis, cette stratégie a déjà partiellement échoué : « Alexis Tsipras pensait que la seule annonce du référendum allait faire basculer la situation en sa faveur et il n’en a rien été. À présent, il espère qu’un vote négatif lui donnera raison. »

    Yves Bertoncini estime pour sa part que le premier ministre grec maintient l’ambiguïté sur ses intentions.

    « Devant le Parlement grec, il a explicitement appelé à rejeter le texte mais pas dans son message écrit adressé au peuple. C’est le signe qu’il ne veut pas exclure un accord. »

    Les citoyens, eux, éprouvent des sentiments mêlés. Dans le parc du Zappéion, à Athènes, Aspasia, médecin retraitée, reconnaît qu’Alexis Tsipras, pour qui elle a voté en janvier, «se bat comme un lion ». Pourtant, elle va voter « oui » au référendum.

    « J’ai peur », explique-t-elle. « Si la Grèce n’était pas aussi affaiblie, elle pourrait peut-être s’en sortir seule, mais là, je ne le pense pas. Je vais voter oui, à reculons en ayant honte de céder à des créanciers qui n’ont cessé de nous humilier. »

    À quelques rues de là, Théodore, un commerçant, compte aussi approuver le plan. « Tsipras, explique-t-il sur le seuil de sa boutique, n’a pas le droit de jouer avec notre avenir

    et nos vies. Il a essayé, il n’a pas pu. Qu’il arrête. Il n’a pas reçu ce mandat. On a besoin de l’Europe. Si on sort de la zone euro, comment je vais acheter ma marchandise ? Avec quelles devises ? »

     

    D’autres Grecs se disent prêts à rejeter le plan proposé par les Européens . C’est le cas d’Antonis Dimopoulos, informaticien au chômage, qui n’a pas voté ces 15 dernières années mais compte bien, cette fois-ci, aller aux urnes. Il va voter « non », car « cette Europe ne nous apporte rien de bon, elle rogne petit à petit la souveraineté du pays ».

     

    Pour Tassos, qui se promène avec son fils devant le Parlement, le référendum est une très bonne chose, même s’il vient trop tard. « Tsipras n’a peut-être pas réussi grand chose

    dans ces négociations mais au moins, il a essayé. Cela vaut la peine de lui donner un coup de main. » Tassos et toute sa famille voteront « non ».

     

    La rupture entre la Grèce et ses créanciers est-elle devenue inévitable? Comme pour temporiser, la BCE a décidé, hier, de maintenir son aide d’urgence aux banques grecques. Le fil entre l’Europe et Athènes n’est donc pas totalement rompu. « Cette histoire est loin d’être terminée, affirme pour sa part Yves Bertoncini. Les chefs d’État et de gouvernement européens vont finir par s’impliquer, même si jusqu’ici ils ont tout fait pour reléguer le dossier grec aux ministres des finances.

    Une telle implication au sommet est nécessaire pour sortir par le haut de cette situation. Même si, hélas, une sortie par le bas est également devenue possible. »

    MARIE DANCER, THOMAS JACOBI (à Athènes)

    et CAMILLE LE TALLEC (à Bruxelles)

    (La Croix du  29 Juin 2015)

     

     

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