François, le pape qui ne se repose jamais

(Le pape François a quelques raisons d’être fatigué : il a rencontré pas moins de 12000 personnes depuis son élection…

Elisabeth de Baudoüin )

Pas étonnant que le Pape François, 78 ans en décembre 2014, soit parfois fatigué et contraint d’annuler quelques rendez-vous (comme cette visite prévue à l’hôpital Gemelli, vendredi 27 juin dernier). Quelques chiffres et données fournies par Vatican Insider, le site consacré au Vatican du quotidien italien la Stampa, suffisent pour s’en convaincre.

229 messes et 12000 personnes à Sainte Marthe

Les messes du matin, à  la Chapelle Sainte Marthe, représentent un premier tour de force. Le pape y prêche à chaque fois, ce que ne faisaient pas ses prédécesseurs, et est filmé et enregistré. Y participent tour à tour une soixantaine d’ « invités », qu’il tient à saluer personnellement. Depuis mars, François a ainsi célébré 229 messes à Sainte Marthe. Il y a donc prononcé autant d’homélies et salué 12000 personnes. Par ailleurs, à Rome ou lors de ses voyages, il a présidé 95 grandes célébrations liturgiques, où il a tenu 73 homélies.

150 heures de Papamobile sur la Place Saint-Pierre

Autre tour de force de ce pontificat : les audiences générales, que le pape assure chaque mercredi Place Saint-Pierre (54 jusqu’à aujourd’hui). Outre la catéchèse qu’il prononce (et qu’il a dû préparer), il prend son temps, plus que les précédents papes, pour faire le tour de la place. On estime à 150 le nombre d’heures où le pape a sillonné la place, debout dans sa papamobile et par tous les temps, pour saluer les fidèles présents (6 millions entre les audiences et les angélus, depuis mars 2013). L’exercice fait des heureux mais quel effort pour un homme de cet âge !

Deux encycliques, 45 lettres officielles, 55 messages…

Côté rédaction, le bilan n’est pas négligeable. Depuis mars, le Pape a écrit une encyclique (Lumen Fidei), une exhortation apostolique (Evangelii Gaudium), quatre « motu proprio » et 45 lettres officielles. Il a prononcé et envoyé 55 messages (dont des messages vidéo), 304 discours (dont ceux précédant l’Angélus du dimanche, Place Saint-Pierre). Il est aidé en cela par des collaborateurs – qui suivent ses indications – mais tout de même !

Le défi des voyages et des visites à l’extérieur

Passons maintenant aux voyages et aux visites à l’extérieur : le pape est allé déjà deux fois à l’étranger (Brésil et Terre Sainte) et s’est déplacé quatre fois en Italie. Sans parler de cette nouveauté qu’il a mise en place : les visites du dimanche après midi dans les paroisses romaines (déjà 5). On imagine facilement combien tous ces déplacements, où les « bains de foule » et les rencontres individuelles (parfois « au sommet ») s’enchainent, peuvent être harassants.

50 réponses par jour aux 4000 lettres reçues chaque semaine

Si on n’exclue le sommeil et les temps de prière, François ne se repose jamais.  Au Vatican, il se lève à 4h45 (et s’habille seul). Il commence par lire les données en provenance des nonciatures du monde entier. Ensuite, il prie pendant une heure. A 7 h, il descend (seul) pour célébrer la messe. Après avoir salué les participants, il va prendre son petit déjeuner. Suit une matinée de travail, partagée entre les audiences et les rencontres. A 13 heures, il déjeune, puis s’accorde une demi-heure de sieste. Après un nouveau temps prière, les rencontres, coups de téléphone et audiences reprennent. C’est à ce moment que François lit les lettres qui lui viennent du monde entier (4000 par semaine) et répond à certaines d’entre elles (50 par jour). Son diner (20 h) est précédé d’une heure d’adoration. 

Pas de jour de repos

Ses prédécesseurs avaient chaque semaine un jour de « relâche ». Ce jour là – le mardi, traditionnellement - ils ne prenaient pas d’engagements et pouvaient se reposer. François utilise ce jour pour caser les rencontres en attente (ce qui explique entre autre pourquoi tant de gens peuvent le rencontrer).

Archevêque de Buenos Aires, il ne prenait jamais de vacances 

Interrogé sur ce rythme hors norme, le Père Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a expliqué à Vatican Insider : «  C’est lui qui décide de son agenda. Il a un rythme de vie très intense, parce qu’il se sent appelé au service du Seigneur de toutes ses forces. Déjà, quand il était archevêque de Buenos Aires, il ne prenait pas de vacances. François suit le style de vie actif des jésuites, que Saint Ignace définissait dans ses constitutions comme des « ouvriers dans la vigne du Seigneur ». Il se donne totalement à sa mission, et même au-delà de ses forces ».

La sieste et l’adoration sautent parfois

« Parfois, avait confié l’intéressé à un groupe de séminaristes, on n’arrive pas à tout faire. Alors, c’est la sieste ou l’adoration qui sautent ». L’idéal, ajoutait-il, c’est de « finir la journée fatigué. De ne pas avoir besoin de prendre de cachet (pour dormir) ». Fatigué ? Le pape avait alors précisé qu’il parlait de « bonne fatigue, non pas de cette fatigue imprudente, mauvaise pour la santé, et qu’à la longue on paie cher. Je ne le fais pas toujours car moi aussi, je suis pécheur et pas toujours très organisé », avait-il admis. Peut-être profitera-t-il néanmoins de l’été pour souffler, un peu.

sources: Vatican Insider