• - DE LA PYRAMIDE AU GRATTE-CIEL

    DE LA PYRAMIDE AU GRATTE-CIEL

     

     

     

    Comme des enfants jouant avec des cubes, les hommes, dès qu'ils en ont eu la possibilité, ont empilé les pierres pour s'élancer vers le ciel.

     

     

     

    D'en bas, jetons un œil sur ces grandes réalisations architecturales qui se sont perdues dans les nuages en tentant d'attirer l'attention des dieux.

     

     

    - DE LA PYRAMIDE AU GRATTE-CIEL

    FLORENCE

     

    Quilici Folco, La Cathédrale de Florence, 1971, RMN-Grand Palais, DR

     

    Un carré et des triangles

     

     

     

    Imhotep, conseiller du pharaon Djéser et architecte de Sakkarat (né vers 2670 av. J.-C.), DRNous sommes environ 2 700 ans avant J.-C. et Imhotep, le « Léonard de Vinci de l'Antiquité », n'est pas satisfait.

     

     

     

    La dalle monumentale qui recouvre le tombeau du pharaon Djéser est moins élevée que les murailles de la ville voisine de Memphis. Inacceptable !

     

     

     

    Il ordonne donc que quatre dalles similaires mais de taille décroissante soient empilées les unes sur les autres : la première pyramide vient de naître, à Saqqara.

     

     

     

    Mais elle comporte encore des degrés qui rappellent les dalles d'origine, ou mastabas (en arabe « table »).

     

     

     

    Après Imhotep, les architectes égyptiens vont abandonner la forme en degrés et lisser les parois des sépultures pharaoniques. Les voyageurs grecs qui les découvriront longtemps après les baptiseront « pyramides », sans doute par analogie avec leurs pâtisseries (en grec pyramis).

     

     

     

    Considérées dès l'Antiquité comme une des merveilles du monde, les trois pyramides du plateau de Gizeh, dont la plus grande culmine à 146 mètres, sont longtemps restées mystérieuses : à quoi donc pouvaient-elles donc servir si ce n'est à conserver le grain ?

     

     

     

    Cette croyance persista jusqu'au XVIe siècle lorsque des voyageurs occidentaux purent enfin pénétrer dans ces « montagnes construites sur des montagnes » (Philon de Byzance). On sait aujourd'hui qu'elles ont abrité les dépouilles des pharaons Khéops, Képhren et Mykérinos.

     

     

     

    Égypte, Gizeh, pyramide de Khéops, 2600 av. J.-C. , photo : Gérard Grégor pour Herodote.net

     

    Au centimètre près

     

     

     

    Merveilles de précision, les pyramides égyptiennes n'ont été édifiées que grâce à quelques outils rudimentaires. Pas de roue, encore moins de poulie pour transporter sur un sol instable puis assembler les 6 millions de tonnes de blocs qui recouvrent le tombeau de Khéops.

     

     

     

    Inventeurs de la géométrie selon le voyageur grec Hérodote, les Égyptiens maîtrisaient parfaitement la mesure des surfaces et volumes. Mais comment passer de la théorie à la pratique ? Écartons l'hypothèse extraterrestre, avancée par certains excentriques, pour observer comment ils ont tiré parti de scies à lame de cuivre, leviers, cordes et divers outils en silex.

     

     

     

    Fresque de la tombe du vizir Rekhmirê, XVIIIe dynastie, environs de Louxor.Extraits de carrières voisines ou convoyées sur le Nil, les blocs de calcaire, une fois taillés, étaient transportés sur des traîneaux en bois qui glissaient sur le sol mouillé, avant d'être tirées sur une rampe vers le sommet du monument.

     

     

     

    Notons que les ouvriers à la manoeuvre n'étaient pas des esclaves ou des prisonniers de guerre mais des paysans libres qui se mettaient à la disposition du pharaon pendant les crues du Nil, quand il était devenu impossible de travailler dans les champs.

     

     

     

    Vous n'êtes pas convaincu ? Les scientifiques non plus, et aujourd'hui encore on continue à s'interroger sur la façon dont les Égyptiens, certes nombreux mais dont les moyens n'avaient guère évolué depuis le Néolithique, sont parvenus à bâtir ces monuments titanesques. Rampe intérieure ou extérieure en zigzag, frontale ou hélicoïdale, systèmes d'élévation à base de contrepoids, et même utilisation d'un type de béton... Le débat reste ouvert !

     

    Un signal lancé vers les étoiles

     

     

     

    Symbole, par sa majesté, de l'autorité politique de son commanditaire, la pyramide concrétise surtout la volonté de se rapprocher du monde des dieux. Il s'agit de leur signaler notre humble présence !

     

     

     

    Quand elle n'est pas un tombeau comme chez les Égyptiens, la pyramide peut devenir un sanctuaire, avec un autel au sommet et une table des sacrifices dont l'agréable fumet séduit les divinités.

     

     

     

    Sans entretien, peu sensible aux intempéries comme aux tremblements de terre, elle offre de nombreux atouts comme en atteste sa présence dans différentes civilisations, notamment dans sa version tronquée en Amérique centrale et du sud.

     

     

     

    Temple des Inscriptions, Palenque, Mexique, photo : JM LambertOlmèques (tumulus de La Venta, VIIIe siècle av. J.-C.) puis Aztèques du Mexique (site de Teotihuacan, du Ie au VIIe siècle ap. J.-C.) ou encore Mayas (Temple des Inscriptions, Palenque, VIIe siècle ap. J.-C.) se lancent dans une course à la hauteur.

     

     

     

    Cette stratégie était déjà à l'oeuvre deux millénaires plus tôt en Mésopotamie, avec l'érection des ziggourats (« montagnes célestes » en akkadien). Ces impressionnantes tours de briques à degrés ont inspiré le récit biblique de la tour de Babel.

     

     

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    Pieter Brueghel l'Ancien, La Tour de Babel, 1568, Bojimans Beuningen, Rotterdam

     

    Babel, la tour de l'orgueil

     

     

     

    Construction de la tour de Babel, Speculum humanae salvationis, 1470, Bibliothèque municipale de MarseilleLe texte hébreu raconte que quelques hommes audacieux auraient tenté de rejoindre le ciel, « se faire un nom » et acquérir de la sorte l'immortalité. Symbole de l'arrogance de l'humanité, l'aventure se termine en débandade cacophonique face à la colère de Dieu. Nous sommes prévenus : chercher à trop nous élever peut mener à la catastrophe...

     

     

     

    Toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. Comme ils étaient partis de l'Orient, ils trouvèrent une plaine au pays de Schinear, et ils y habitèrent. Ils se dirent l'un à l'autre : « Allons ! Faisons des briques, et cuisons-les au feu ». Et la brique leur servit de pierre, et le bitume leur servit de ciment. Ils dirent encore : Allons ! Bâtissons-nous une ville et une tour dont le sommet touche au ciel, et faisons-nous un nom, afin que nous ne soyons pas dispersés sur la face de toute la terre. L'Éternel descendit pour voir la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes. Et l'Éternel dit : « Voici, ils forment un seul peuple et ont tous une même langue, et c'est là ce qu'ils ont entrepris ; maintenant rien ne les empêcherait de faire tout ce qu'ils auraient projeté. Allons ! Descendons, et là confondons leur langage, afin qu'ils n'entendent plus la langue, les uns des autres ». Et l'Éternel les dispersa loin de là sur la face de toute la terre ; et ils cessèrent de bâtir la ville. C'est pourquoi on l'appela du nom de Babel, car c'est là que l'Éternel confondit le langage de toute la terre, et c'est de là que l'Éternel les dispersa sur la face de toute la terre (La Bible, Genèse, 11).

     

    Retour sur Terre

     

     

     

    Jean-Pierre-Laurent Houel, Ruines du temple de la Concorde à Agrigente, XVIIIe s., Paris, musée du LouvreEn attendant le perfectionnement des techniques, Grecs et Romains se montrent raisonnables dans la construction de leurs temples. Est-ce pour marquer une plus grande proximité avec leurs dieux ?

     

     

     

    Après tout, ils ne sont pas censés avoir élu domicile dans les nuages, mais dans les temples eux-mêmes qui abritent leur statue !

     

     

     

    Ce temple va prendre la forme des anciens palais des rois : la salle contenant le foyer devient sanctuaire, tandis qu'est conservée l'idée d'un portique protecteur, permettant de séparer profane et sacré.

     

     

     

    Vue de la coupole du Panthéon (Rome), DRPar la suite, les constructeurs vont profiter des progrès de l'architecture pour offrir davantage d'espace à leurs divinités en créant des coupoles de plus en plus imposantes, à l'image du Panthéon de Rome.

     

     

     

    Dédicacé en 135 par l'empereur Hadrien, il devait accueillir « tous les dieux » (pántheion en grec) sous ses 40 mètres de hauteur.

     

     

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    STE SOPHIE DE CONSTANTINOPLE

     

    Suite à la chute de Rome, le savoir-faire antique se transmet à Byzance. En inaugurant en 537 la basilique Sainte-Sophie, l'empereur Justinien pouvait à juste titre s'écrier, au pied des 55 mètres de haut de la coupole : « Salomon, je t'ai surpassé ! », en référence au roi hébreu qui avait érigé le Temple de Jérusalem.

     

     

     

    Il faudra attendre près d'un millénaire avant que les coupoles de Sainte-Sophie n'inspirent tout à la fois les architectes italiens et les architectes ottomans dont l'illustre Sinan, contemporain de Soliman le Magnifique (...).

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    Flèche de Rouen en feu

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    ST DENIS

    (herodote.net)

     

     

     

     

     

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