• L'histoire du monsieur qui racontait l'histoire des ballons

    Arcubius

    HISTOIRE DU MONSIEUR...



    Il était une fois un vieux monsieur. Un vieux monsieur gris et courbé, avec une barbe et des cernes et un sourire triste. Un vieux monsieur qui poussait lentement un caddie qui grinçait. Un vieux monsieur, en fait, semblable à tous ces autres vieux messieurs que l'on croise parfois dans la rue mais que l'on oublie aussitôt.
La seule différence entre ce vieux monsieur et les autres, c'était les ballons. Car, accrochés à son caddie, il y avait trois magnifiques ballons. Un rouge, un bleu et un vert, de ces ballons que l'on ne trouve jamais quand on en cherche, brillants, flottants au dessus du caddie, oscillants au bout de leurs longues ficelles. Et, si vous demandiez gentiment, le vieux monsieur s'arrêtait, arrêtait son caddie et, d'une voix douce, il vous racontait l'histoire des ballons.

Le ballon bleu, disait-il, avait un jour, il y a très longtemps, appartenu à un petit garçon comme tous les autres petits garçons. Il avait un frère avec lequel il se disputait beaucoup et jouait encore plus, et une sœur qui lui semblait très étrange puisqu'elle aimait le rose mais pas le football. Il avait des genoux écorchés et des baskets sales et il riait beaucoup. Il avait un jour gagné le ballon bleu dans une fête foraine et il en était très fier. En seulement deux coups, il avait fait tomber toute la pile de boites de conserves vides et c'était là un exploit dont il pourrait se vanter longtemps auprès de ses copains. De plus, le ballon était très beau et c'était donc un sujet d'orgueil légitime pour son propriétaire. Et pendant trois semaines, il ne quitta pas le ballon. Il l'emmenait à l'école, dormait avec, jouait avec, même quand ses copains étaient là, et il dînait avec, malgré les protestations de sa maman. Malheureusement, un jour de grand vent avait mis fin à cette belle histoire. Il courait dans la rue, le ballon bleu voletant derrière lui, quand une forte bourrasque lui avait arraché la ficelle des mains. Il avait alors dû regarder, des larmes pleins les yeux, le ballon s'envoler loin, loin, loin... Et il ne le revit plus jamais.

Le ballon vert, racontait ensuite le vieux monsieur, était un voyageur. Un jour, une maîtresse d'école avait eu une idée, et elle avait acheté le ballon vert. Elle l'avait donné à un petit garçon de sa classe, un petit garçon timide qui n'avait pas d'ami parce qu'il ne savait pas encore comment faire. Elle lui avait dit d'écrire une lettre, une lettre dans laquelle il mettrait tout son cœur, une lettre destinée à l'ami qu'il voudrait avoir, une lettre pleine de lui, une lettre d'ami à venir. Et le petit garçon avait écrit. Quand sa lettre fut terminée, il l'avait accrochée au bout de la ficelle du ballon vert et il l'avait laissé s'envoler, en espérant très fort. Mais le ballon vert avait voyagé longtemps sans trouver de destinataire. Et puis un jour, longtemps, longtemps après le début de son voyage, la ficelle du ballon vert s'était emmêlée dans les cheveux d'une petite fille. Et la petite fille avait trouvé la lettre du petit garçon. Elle l'avait lue et elle s'était dit que ce petit garçon devait être malheureux. Mais aussi qu'il devait être gentil. Alors elle aussi, elle avait écrit une lettre. Une lettre pour le petit garçon, une lettre pleine d'elle, une lettre d'ami trouvé. Et elle avait renvoyé le ballon avec la lettre. Cette fois, le ballon vert avait voyagé à toute vitesse pour retrouver le petit garçon. Et quand le petit garçon avait vu le ballon dans le ciel au dessus de son école, il avait compris qu'il avait maintenant un ami.

Le ballon rouge, continuait le vieux monsieur, venait de la boutique d'un hôpital. Il y était resté longtemps avant que quelqu'un ne l'achète enfin. Une vieille dame avec des cheveux blancs et des joues roses. Elle avait offert le ballon rouge à sa petite fille, patiente dans cet hôpital, en cancérologie. La petite fille avait été tellement heureuse de ce cadeau. Elle avait des yeux très bleus, une tête chauve et un beau sourire édenté et elle adorait le ballon rouge. Il lui tenait compagnie. Il allait avec elle pendant les séances de groupe, il veillait sur elle pendant qu'elle dormait, il la consolait quand les médecins venaient et lui disaient encore et toujours la même chose. Il était son ami, son compagnon, son confident et un bien meilleur docteur que tous les autres. Et la petite fille, même si elle était de plus en plus malade, ne perdait pas le sourire parce qu'elle avait le ballon rouge. Ils étaient heureux tous les deux, et ils auraient pu être heureux encore longtemps si la vie n'en avait pas décidée autrement. La petite fille devint si malade qu'elle ne pouvait plus sortir de son lit, mais là encore elle garda le ballon rouge près d'elle. Puis, un soir, après un long soupir, la petite fille mourut, la ficelle du ballon rouge bien serrée dans son petit poing.

Après quoi le vieux monsieur se tait. Il a l'air un peu triste, un peu content aussi, comme s'il était heureux que vous ayez demandé, comme s'il était heureux d'avoir pu raconter l'histoire des ballons. Et comme lui, on se sent un peu triste, et un peu content aussi.

Et puis un jour, on ne vit plus le vieux monsieur dans la rue. On ne s'en était pas rendu compte tout de suite bien sûr. Mais on avait l'impression que quelque chose manquait. Comme un léger grincement. Et puis on finit par retrouver le vieux monsieur. Recroquevillé dans le coin d'une rue vide, à côté de son caddie, la mort lui donnait l'air encore plus vieux, encore plus gris, encore plus courbé. Et dans son poing, bien serré, la ficelle du ballon rouge.
Du ballon vert et du ballon bleu, aucune trace. Mais depuis ce jour, on peut parfois apercevoir dans le ciel une tâche verte et l'on sait alors qu'un autre enfant vient de trouver un ami. Et parfois aussi, on voit passer une petite fille ou un petit garçon, les yeux brillants, tirant fièrement derrière lui un ballon bleu.
Alors on pense à l'histoire des ballons que le vieux monsieur nous racontait quand on lui demandait gentiment. Et on sourit.
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  • QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ

    "QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ"




    Que signifie cette première demande du Notre Père ?

    « Sanctifier » est un terme un peu abscons…

    Père Benoît Standaert :

    Je suis toujours très touché par cette première demande que je suis tenté de considérer comme la plus importante et la plus belle. Mon maître en exégèse, le père Jacques Dupont, disait que le passif « soit sanctifié » est un passif théologique, une façon très polie de dire : « Sanctifie ton nom. » Dieu n’est jamais passif, il est toujours en action. Dans le Notre Père, on demande que Dieu soit pleinement Dieu, car Dieu est sainteté, que lui-même rayonne de toute sa plénitude.

    Dans le Livre d’Ézéchiel (36, 20-25), Dieu dit : « Vous avez profané mon nom parmi les nations, néanmoins, par honneur pour mon nom, je vais sanctifier mon nom. » Dans ces versets splendides, Dieu annonce qu’il va tout recréer à partir du coeur de l’homme. Et la création tout entière va elle-même baigner dans une nouvelle alliance. Sauve-nous, restaure-nous, rebâtis ta ville, renouvelle ton alliance avec ton peuple : voilà ce que, en priant, on demande dans ce nom.

    Prier le « nom », c’est bien  s’adresser à une personne, pas à un concept ?

    P. B. S. : Le nom, c’est la personne.
    Ici, il est rattaché directement à l’invocation qui précède, « Notre Père ». Il s’agit donc aussi de demander que le nom de Père soit sanctifié. Mais il y a un paradoxe : appeler Dieu « Notre Père » nous parle de sa proximité et, en même temps, lorsqu’on dit « qui es aux cieux », cela évoque sa transcendance.
    La philosophe Simone Weil faisait remarquer une certaine ironie dans cette tension : Dieu est tout proche et disparaît dans les cieux…

     

    P. B. S. : Le nom par excellence, c’est celui qu’Il a révélé lorsque le peuple hébreu était en souffrance en Égypte, et que Moïse se trouvait devant le buisson ardent : YHWH, c’est ce qu’on appelle
    le tétragramme. La tradition biblique utilise le terme Adonaï (Seigneur) pour éviter de prononcer le nom de Dieu, par révérence.
    Et par une sorte de discipline : je l’honore en ne mettant pas la main sur lui.
    Dans ce nom-là, la tradition rabbinique entend toujours le Dieu de miséricorde. Tandis que dans l’autre nom rabbinique, Elohim, elle entend le Dieu juge. Dieu est à la fois justice et miséricorde.
    Et nous le rencontrons d’après ce que nous avons vécu. Vos oeuvres de miséricorde vous conduisent à rencontrer le Dieu de miséricorde, vos oeuvres d’injustice le Dieu qui juge. Donc convertissez-vous à la miséricorde si vous voulez rencontrer
    le Dieu de miséricorde.

    Cette première demande – comme les deux suivantes – s’adresse à Dieu, les trois suivantes parlent des besoins des hommes…

    P. B. S. : Oui, et Maxime le Confesseur voit une gradation dans ces premières invocations : le Père dans la première, le Fils
    dans la sanctification, l’Esprit Saint dans la venue du règne. Puis on prie « que ta volonté soit faite » en passant du ciel – par
    les anges – à la terre – par les hommes : il y a un mouvement de descente. Le Notre Père est comme une échelle qui descend
    du ciel sur la terre, qui rejoint ma réalité, depuis le Très Haut jusqu’au très bas que je suis.

    Pour nous aujourd’hui,de quelle sainteté parle-t-on ?

    P. B. S. : L’appel à la sainteté se trouve au coeur de la Torah de Moïse : « Soyez saints parce que moi je suis saint », dit le Seigneur. Les premiers chrétiens ont repris cette invocation. « Soyez parfaits comme votre Père est parfait. »
    Mais c’est Lui qui nous communique  sa propre sainteté. Je n’ai pas à me préoccuper de la mienne. Dans le Notre Père, on  demande à Dieu de faire rayonner sa sainteté jusque dans notre réalité. Et pour le reste, je vais me faire silence, je vais faire le vide,  m’abandonner et non prétendre à  une certaine perfection ou sainteté.
    Que ton nom rayonne avec ta sainteté dans toute mon existence et dans l’univers entier.
    « Jésus nous appelle à nous décentrer de nous-mêmes »

                                                                                                                      

    P. B. S. : Je m’attache à ne pas me laisser envahir par des préoccupations trop individuelles ou trop soucieuses. Sainte Thérèse d’Avila, dans un moment de prière, entendit le Christ lui dire : « Désormais tes affaires sont mes affaires et mes
    affaires sont tes affaires. » Dès que j’entre en prière, mes soucis, mes préoccupations, mes affaires, je les confie à Dieu tandis que moi dans la prière, je me préoccupe de ses affaires. Quelles sont-elles ?
    Le nom, le règne, la volonté.
    Laissons s’accomplir sa volonté. Dans une certaine passivité, j’autorise la volonté de Dieu à rayonner à travers moi. On peut commencer sa journée avec ces quelques mots du Notre Père.
    Dans la Règle de saint Benoît, on le prie deux fois par jour en entier.
    Les autres fois, c’est fragmenté : on commence tout haut – Notre Père –, puis on continue, chacun, en silence. Dans ce silence, je m’arrête souvent à la première demande. Il y a déjà une forme d’adoration dans cette demande. J’invite à laisser résonner ces mots en soi. Notre Père, Notre Père, qui
    es aux cieux, qui es aux cieux…
    Il ne s’agit pas de remplir les mots intellectuellement, mais d’adhérer par le coeur à ce qu’on dit, de s’enfermer dans ces paroles jusqu’à ce qu’elles deviennent chair de ma chair, esprit de mon esprit, sentiment de mes sentiments, acquiescement
    de mon acquiescement. Et ça, c’est prier. Tout homme baptisé doit avoir des exercices de ce genre dans sa vie quotidienne.

    Pouvez-vous nous dire quels échos cette prière trouve dans votre itinéraire spirituel ?

    P. B. S. : À l’âge de 16 ans, j’ai été paralysé de la tête aux pieds, une paralysie due au syndrome de Guillain-Barré, qui est viral et peut être mortel. On a dû faire une trachéotomie et me nourrir par une sonde. C’était assez spectaculaire.
    Mais le physique est assez secondaire par rapport à ce qui se passe dans l’esprit. Mon système nerveux, ma lucidité étaient extrêmes.
    Ma vie spirituelle n’avait pas commencé à 16 ans. Je me souviens de ma première communion, reçue à 6-7 ans, non pas
    avec les autres, car j’avais été malade, mais seul, le jour de Pâques.
    J’avais communié avec une grande lucidité, heureux.
    À 16 ans, il y a eu une étrange coïncidence avec cette paralysie.
    Un ami m’a écrit : Pourquoi cela t’arrive-t-il, à toi ? Je ne voyais pas pourquoi j’aurais été à l’abri d’une telle maladie que je ne considérais d’ailleurs pas comme une punition.
    Mais j’ai été frappé par tous les messages de soutien des amis de mes parents. D’où venait cette bonté pour moi ? C’est alors qu’il y a eu un déclic : le Christ en vis-à-vis s’est révélé comme un abîme de bonté et d’amour, lui qui était le souffrant innocent. J’ai pris conscience que tout le monde était soucieux pour moi, mais on n’avait pas un regard pour lui qui est un abîme de bonté et d’amour innocent. L’amour n’est pas aimé, dit saint François d’Assise. Pourquoiaucun regard vers lui ? Cela a orienté toute ma vie. Un maître spirituel, un jour, m’a dit : « Ce que tu as vu en face de toi et au fond de toi doit maintenant te traverser. »
    Recueilli par Céline Hoyeau
    La Croix 17/02


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  • Saint Alexis Falconieri et les sept fondateurs des Servites

    LES SERVITES




    Retrait de la ville


     XIIIème siècle, Florence. Sept marchands, membres d’une compagnie laïque de fidèles dévots de la bienheureuse Vierge, la Compagnie des Servites ou Serviteurs de Sainte Marie ou Chantres, décident de se retirer dans la pénitence, la contemplation et dans le service à Marie. Un choix certainement influencé aussi par deux grands ordres mendiants du temps, Franciscains et Dominicains, ainsi que par l’expérience des moines Camaldunes, Vallombrosiens et Clunisiens, déjà présents en ces terres, et de groupes pénitentiels comme ceux de S.Augustins et du Mont Carmel, ou des frères et sœurs laïques de la Pénitence. C’étaient  Bonfils, guide du groupe laïque et prieur de la future communauté, Bonagiunta, futur prieur entre 1256 et 1257, Manetti, artisan des premières fondations en France, Amidei, âme du groupe, Sostegni et Uguccioni, amis entre eux, et enfin Alexis. Autour de 1233 les sept abandonnent  donc leurs activités commerciales, laissent leurs propres maisons distribuent leurs biens aux pauvres, alors que Florence est toujours troublée par les guerres fratricides.


    Tuniques et manteaux gris


    C’est le 8 septembre 1233 que les sept commencent la vie communautaire à Villa Camarzia, à la périphérie de la ville: Jacopo de Poggibonsi, chapelain des Chantres et leur directeur spirituel impose à chacun l’habit des «Frères de la Pénitence», un manteau et une tunique de laine grise. La journée de la petite communauté se déroule entre prière, travail et quête à travers les rues de la ville.Leur vie est retirée, austère et solitaire, mais de nombreuses personnes perturbées et angoissées s’adressent à eux et reçoivent consolation et conseil; surtout ils sont plus frappés par le fait , de riches commerçants qu’ils étaient, les sept sont réduits volontairement à la pauvreté . Ceci encourage la diffusion de la renommée de leur sainteté et de nombreuses personnes commencent à demander à faire partie de leur famille.


    Naissance de l’Ordre


    Justement les nombreuses et insistantes demandes les poussent à commencer un Ordre expressement dévoué à la Vierge, dont ils se disent Serviteurs, l’Ordre des Servites de Marie .L’évêque Ardingo Foraboschi leur donne en 1234 un terrain sur le sommet du Mont Senario, à environ 18 km de Florence. Les cellules sont au début de simples huttes séparées l’une de l’autre; sur les ruines d’un ancien château va s’ériger rapidement une petite église intitulée à Notre Dame et en 1239, après la visite du Légat pontifical, le cardinal Goffredo Castiglioni, futur pape Célestin IV, leur donne la Règle de Saint Augustin.
     Souvent, après de longues sorties pour la quête, ils s’arrêtent à Florence auprès de l’Oratoire de Sainte Marie de Caffaggio dont ils développent vite l’annexe en hospice où ils commencent à accueillir d’abord ceux qui demandent à faire partie de la communauté.


    Tant de vocations


    Très vite les sept reçoivent la permission d’ouvrir  d’autres couvents, aussi en dehors de la Toscane, parce que les vocations affluent nombreuses. L’Ordre risque cependant la suppression lorsque le Concile de Lyon, en 1247 décrète la suppression des Ordres Mendiants. Mais Philippe Benizi, accueilli à l’âge de 21 ans dans l’ordre et futur Prieur Général, obtient à nouveau la reconnaissance pontificale; L’approbation définitive arrive en 1304 grâce à l’œuvre de Benoît XI.
     Seulement Alexis Falconieri, dernier survivant des sept peut se réjouir .Il mourra le 17 février 1310, à presque 110 ans d’âge. Sa nièce Julienne Falconieri, elle aussi sainte, sera la fondatrice des Sœurs Mantellates.


    En 1888 Léon XIII canonise ensemble les sept pères. A Monte Senario un seul sépulcre recueille leurs dépouilles. Parmi les Servites des dernières années, nous rappelons père David Maria Turoldo, connu comme prédicateur et poète.
     VATICAN NEWS


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  • SOEUR BERNADETTE MORIAU TÉMOIGNE

    SOEUR BERNADETTE MORIAU GUÉRIE À LOURDES



    Installée à Bresles (Oise), Bernadette Moriau a été reconnue, dimanche, 70e miraculée de Lourdes. Ce mardi, elle a expliqué son étonnante guérison qui lui donne une soudaine notoriété.
    Bernadette Moriau a été reconnue, dimanche par l’Eglise, 70e miraculée de Lourdes (Hautes-Pyrénées). La femme de 78 ans s’est longuement livrée, ce mardi. « Près de 300 médecins se sont penchés sur ce cas, a aussi expliqué le docteur Alessandro de Franciscis, président du bureau des constatations médicales de Lourdes. Il s’agit d’une guérison inexpliquée dans l’état actuel des connaissances scientifiques. » Un « miracle », selon l’Eglise.

    Récit de soeur Bernadette, 70e miraculée de Lourdes


    Vous étiez malade depuis vos 26 ans. Quelle était votre situation médicale, en 2008, lors de votre départ pour Lourdes ?
    BERNADETTE MORIAU. J’étais handicapée, j’avais un corset important, une attelle au pied, qui était à l’équerre. J’avais une paralysie, j’étais sous morphine et sous neurostimulateur pour calmer la douleur de mes jambes. Et je devais vivre avec des auto-sondages à cause d’une paralysie de la vessie. Pour les médecins, il y avait une atteinte des racines lombaires et sacrées pratiquement totale. Pour eux, ce n’était pas récupérable, je savais que j’allais finir ma vie comme ça.

    C’est pourtant votre médecin traitant qui vous a poussé à aller à Lourdes.
    Il est lui-même responsable de l’équipe médicale de l’hospitalité de Lourdes, qui accompagne les malades. En février 2008, il m’a proposé de venir avec eux durant l’été. J’ai accepté avec joie, car c’était l’année des 150 ans de l’apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous… Comme je m’appelle Bernadette, j’ai vu ça comme un signe du ciel. A Lourdes, je n’ai pas demandé la guérison pour moi, mais j’ai prié pour tous les malades.
    C’est à votre retour à Bresles que vous avez constaté un changement de votre état de santé.
    Le 11 juillet 2008, j’ai senti, à 17 h 45 - on se souvient de l’heure d’une telle chose - une détente de tout mon corps. A 18 heures, j’ai enlevé mes appareils dans un acte de foi. J’ai vu que mon pied était redressé, que je n’avais plus rien. J’ai arrêté tout mon traitement le jour même. Le lendemain, j’ai marché 5 km. C’était une grande joie, mais ça m’a secouée. J’ai pleuré.
    Comment vivez-vous ce qui vous arrive depuis dimanche et que répondez-vous aux sceptiques ?
    Je suis chargée de témoigner, pas de vous faire croire. Mais ce qui m’arrive est étrange car je ne suis pas une star, juste une petite sœur. Je pense beaucoup à Bernadette Soubirous, qui a dû vivre un peu la même chose. Je vis le moment présent, et je pense que je vais me faire conseiller pour ne pas être débordée. J’ai aussi une vie en communauté et je ne voudrais pas qu’elle en pâtisse, même si je suis très entourée par mes sœurs de Bresles.
    Beauvais, Vatican d’un jour
    Près de 50 journalistes, dont certains venus de Suisse et d’Italie, se sont pressés au diocèse de Beauvais, ce mardi, pour écouter le témoignage de Bernadette Moriau. Cette soudaine notoriété, le diocèse espère « en tirer des retombées, admet Mgr Jacques Benoit-Gonnin, évêque de Beauvais. Nous espérons que nous aurons plus de monde pour les pèlerinages à Lourdes. » Une messe est déjà prévue, le 4 mars, à Bresles, et Mgr Benoit-Gonnin s’attend à « une église remplie ». Bernadette Moriau, elle, « a déjà des demandes pour aller témoigner un peu partout en France, explique le diocèse. Elle ira à Lourdes cet été, et devrait aller dans plusieurs diocèses pour livrer le récit de sa guérison. »

    SOEUR BERNADETTE MORIAU GUÉRIE À LOURDES

     


    TEMOIGNAGE AUDIO :

    http://media.vaticannews.va/media/audio/s1/2018/2/14/13/134285533_F134285533.mp3



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  • Messe à Sainte-Marthe: le pécheur peut devenir saint, mais pas le corrompu

    HOMÉLIE À STE MARTHE


    Veiller tous les jours pour ne pas finir éloigné du Seigneur : c’est l’invitation lancée par le Pape François lors de la messe de ce jeudi matin à la Maison Sainte-Marthe. Le Pape a parlé du risque, auquel nous sommes tous exposés, de l’affaiblissement du cœur.

    Adriana Masotti – Cité du Vatican
    David est saint, même s’il a été un pécheur, alors que le grand et sage Salomon est rejeté par le Seigneur parce qu’il s’est corrompu. Lors de son homélie matinale à Sainte-Marthe, ce jeudi 8 février 2018, le Pape François s’est concentré sur ce paradoxe apparent. La lecture proposée par la liturgie, tirée du premier Livre des Rois, parle de Salomon et de sa désobéissance. «Nous avons entendu une chose un peu étrange, a tout de suite commenté François : le cœur de Salomon n’est pas resté intègre avec le Seigneur, son Dieu, comme le cœur de David, son père.»
    Le problème de l’affaiblissement du cœur
    Le Pape a expliqué que cette parole est étrange car nous ne connaissons pas de gros péchés, il était toujours équilibré, alors que nous savons de David qu’il fut un pécheur, avec une vie difficile. Pourtant, David est saint, et l’on dit de Salomon que son cœur était «dévié par le Seigneur». Lui qui était loué par le Seigneur quand il avait demandé la prudence pour gouverner, au lieu des richesses. Comment peut-on expliquer cela ? David sait avoir péché, à chaque fois il demande pardon, alors que Salomon, dont tout le monde parlait en bien et que même la reine de Saba aurait voulu rencontrer, s’était éloigné du Seigneur pour suivre d’autres dieux, mais il ne s’en était pas rendu compte.
    «C’est ici le problème de l’affaiblissement du cœur. Quand le cœur commence à s’affaiblir, ce n’est pas comme une situation de péché : tu fais un péché, tu t’en rends compte tout de suite : “Moi, j’ai fait ce péché”, c’est clair. L’affaiblissement du cœur est un lent chemin, qui dérive peu à peu… Et Salomon, endormi dans sa gloire, dans sa réputation, a commencé à faire cette route.»
    Salomon a fini tranquillement corrompu
    Paradoxalement, «la clarté d’un péché vaut mieux que la faiblesse du cœur», a expliqué François. «Le grand roi Salomon a fini corrompu : tranquillement corrompu, parce que son cœur s’était affaibli».
    «Et un homme avec le cœur faible, ou affaibli, est un homme défait. Ceci est le processus de nombreux chrétiens, de beaucoup d’entre nous. “Non, moi je ne fais pas de gros péchés…” Mais comment est ton cœur ? Il est fort ? Il reste fidèle au Seigneur, ou tu dérives lentement ?»
    Veiller tous les jours sur son propre cœur
    Le drame de l’affaiblissement du cœur peut arriver à nous tous dans la vie. Que faire alors ? François a répondu : «La vigilance. Veiller sur ton cœur. Veiller. Tous les jours, être attentif à ce qui arrive dans ton cœur», et il a ensuite conclu : «David est saint. Il était pécheur. Un pécheur peut devenir saint. Salomon a été rejeté parce qu’il était corrompu. Un corrompu ne peut pas devenir saint. Et on arrive à la corruption par cette voie de l’affaiblissement du cœur. Comment est mon cœur, mon rapport avec le Seigneur. Et goûter la beauté et la joie de la fidélité.»


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