• Plus personne ne prend un avion en otage de nos jours 

      par Florane
    Grand Prix Automne 2017

    - PLUS PERSONNE...

     

    « Nous retrouvons Jack Evans, depuis Sacramento, au sujet de la prise d’otages qui s’est déroulée hier à la Merchants National Bank. Après des heures d’angoisse, c’est finalement un heureux dénouement. N’est-ce pas Jack ? »
« Oui Mike. Hier en début d’après midi, la section Seven, le groupe d’intervention d’élite mené par le lieutenant Thomas Johnson, a donné l’assaut suivant un plan d’attaque très efficace. Peu de coups de feu ont été échangés. Les quatre ravisseurs ont été rapidement neutralisés et les quinze otages sont sains et saufs. Sur ces images prises juste après le raid, nous voyons le chef de la section Seven répondre à nos questions en compagnie du sénateur O’Neill que l’on devine très satisfait. »
— Maman, Maman ! Regarde c’est Tom à la télé. Il a encore attrapé des voleurs !
« On le serait à moins, Jack ! Cette section Seven est vraiment épatante. »
— Oui Arthur. Quand il va arriver, tu pourras le féliciter.
« Épatante et incontournable, Mike ! On ne compte plus les interventions de ce groupe crée il y a cinq ans par le lieutenant Johnson. Ces sept militaires sont surentraînés et certaines de leurs missions relèvent du secret déf... »
Le téléviseur se tut sous l’effet du bouton rouge de la télécommande.
— Mamaannnn... Pourquoi tu éteins ? Je voulais voir Tom arrêter les vilains. Pan ! Pan ! T’es mort. Moi aussi je suis un soldat de la section Seven. Pan ! Pan !
Julia soupira. Elle commençait à en avoir marre de la section Seven. Depuis qu’elle fréquentait Thomas, elle tremblait à chaque fois qu’il partait en opération. Cela pouvait se produire à toute heure du jour ou de la nuit. Souvent, ce n’était que des simulations mais quelques fois, de plus en plus de fois, c’était des interventions réelles. Comme cette dernière prise d’otages en Californie. L’équipe était efficace et tout le monde la voulait. C’était la rançon de la gloire. Pourquoi ne constituaient-ils pas d’autres sections Seven ? Quand il partait pour de vrai, ils avaient convenu d’un code. Dès que l’opération était terminée, il lui envoyait un SMS « Je rentre » ce qui voulait dire : je suis vivant et c’est fini. À partir de ce moment elle arrivait à retrouver le sommeil, refusant de penser à la prochaine fois. Elle soupira encore. De plus en plus, elle avait l’impression de faire ménage à trois avec une rivale qui n’était autre que la Camarde. Arthur faisait des va-et-vient dans le salon en simulant une attaque de bandits.
— Bon, le justicier, il est l’heure d’aller au lit !
— Oh non pas encore, Tom va arriver. Je veux le voir, je veux le... Le voilà ! 
On avait sonné à la porte d’entrée, et Julia ouvrit au célèbre lieutenant. Il était grand, brun, approchant la quarantaine, les traits biens dessinés et le corps sculpté par de nombreux exercices quotidiens. Un très bel homme qui, deux ans auparavant, avait fait craquer la belle Julia lors d’un vernissage auquel, se disait-elle, elle aurait mieux fait de ne pas avoir été invitée. Il fut assailli par le petit Arthur qui, du haut de ses cinq ans, s’élança à l’assaut de la montagne de muscles. Thomas l’accueillit dans ses bras puissants et l’arracha du sol.
— Te voilà fripouille ! 
— Moi aussi, moi aussi, je veux attraper des méchants ! Pan ! Pan ! 
— Alors dépêche-toi de grandir en mangeant bien ta soupe et en te couchant de bonne heure. Il n’y a que comme ça que tu pourras rejoindre la section. C’est compris soldat ?
Arthur se le tint pour dit et partit se mettre en pyjama en claironnant qu’il serait soldat à la section Seven.
— Ça va pas de lui mettre des idées pareilles en tête ? fit Julia, furieuse.
— Bah ! D’ici qu’il soit grand, il aura d’autres projets, répondit le lieutenant en déposant sa veste sur une chaise.
Il n’habitait pas là. Leur relation était compliquée. Depuis le départ sans préavis du père d’Arthur, Julia ne tenait pas à ce qu’un autre homme s’installe dans son quotidien. Ils se voyaient souvent chez lui ou en terrain neutre, lorsqu’Arthur était chez son père ou chez ses grands-parents.
Il s’assit sur le canapé, elle vint se blottir contre lui.
— Serre-moi. Serre-moi fort ! lui dit-elle. J’ai si peur quand tu pars pour de bon.
— Il ne faut pas t’en faire. Nous faisons bien attention à nous, tu sais... Nous nous entraînons souvent en situation. Rien n’est laissé au hasard. Parfois, on pourrait croire que c’est pour de vrai tant...
— Il faut que ça s’arrête !
Elle s’était redressée pour planter ses grands yeux bleus dans le regard vert tendre de son amant.
— Je n’en peux plus, continua-t-elle. Je ne supporte plus que nos vies soient rythmées par ton espèce de boitier qui te suit partout et qui te bipe pour t’afficher bleu pour l’exercice et rouge pour le coup dur. Avant c’était souvent bleu et je me faisais une raison... Maintenant, c’est presque toujours rouge et...
— Oh ! Tu exagères toujours ! Ce n’est arrivé que six fois depuis le début de l’année et on est en octobre...
Il parut irrité. Ce n’était pas la première fois qu’elle l’entreprenait sur ce sujet. Il savait où elle voulait en venir. Elle voulait qu’il raccroche. Il allait devoir choisir entre la section Seven et Julia. Il aimait tant les deux. Cruel dilemme.
— C’est six fois de trop !
Arthur entra dans la pièce en pyjama pour mendier un câlin avant de s’endormir. Le bipeur de Thomas se déclencha à cet instant du fond de sa veste. Arthur se précipita et s’en saisit avant que Thomas ne réagisse.
— Les voleurs ! Les voleurs !, criait l’enfant en courant dans le salon, le bipeur en main.
— Halte là fripouille ! lui lança Thomas. Ne joue pas avec ça ! Rends-moi ça tout de suite !
Mais Arthur prit cela pour un jeu et essaya de feinter son beau père. Si bien qu’il finit par s’étaler sur le carrelage, le visage en avant, les dents heurtèrent le sol. Julia hurla, alors qu’Arthur se relevait en pleurant la bouche en sang.
— Tu vois ! Tu vois ! fit-elle à Thomas sur un air de reproche. Tu vois ce que ça nous apporte tes missions à la con !
Thomas de réagit pas, il examina Arthur. Ses dents n’avaient heureusement rien pris, seule sa lèvre était fendue et saignait abondamment.
— Ce n’est rien, regarde. Une coupure. Seulement une coupure.
Julia lui enleva Arthur des bras, comme s’il était incapable de le soigner. Elle ne décolérait pas.
— Il va falloir que tu choisisses Tom, finit-elle par lâcher comme une sentence. Ta section de malheur ou nous !
Thomas acquiesça. Il se mit à quatre pattes pour récupérer son bipeur qui avait fini sa course sous le buffet. Il se redressa en le consultant. Son visage s’assombrit un peu plus.
— Elle est rouge, c’est bien ça ? 
Il fit oui de la tête. Elle soupira profondément et passa devant lui sans le regarder en emportant son fils vers la salle de bain. Thomas comprit qu’il devait partir. Il n’avait pas le choix de toute façon. Il récupéra sa veste et quitta la maison sans un mot.
    *
    Il venait de s’installer au volant de sa Ghibli lorsqu’un signal retentit dans l’habitacle. Son tableau de bord afficha le nom de son adjoint, le major Steven Cox.
— Hi Steve ! Sitôt rentrés, sitôt repartis ! Qu’est ce qui nous attend cette fois ?
— Salut mon Lieutenant. On part pour Baltimore. Une prise d’otage à l’aéroport. Un avion qui...
— Un avion ? Tu es sûr ? Plus personne ne prend un avion en otage de nos jours...
— Ben faut croire que ça peux encore arriver... Le jet est prêt. Gladys a fait transporter tout le matériel. Départ prévu dans deux heures.
— Effectif ?
— Il ne manquera qu’Harry. À cette heure, il doit être en partance pour Hawaï. Mais comme ce n’est...
— Rappelle-le !
— Hein ? Mais c’est sa perm'.
— Je veux tout le monde sur ce coup. Un avion c’est compliqué. C’est quoi comme zinc ?
— Je ne sais pas.
— Super. Si j’ai besoin de renseignements, je te demande ! 
— Tu n’as pas l’air de bonne humeur, mon Lieutenant.
Thomas soupira. Il prit conscience que ses problèmes de couple devaient rester en dehors de la mission.
— Je t’expliquerai plus tard. On se retrouve sur le tarmac.
Il fila direct vers l’aéroport, n’ayant aucune nécessité de passer par chez lui.
Il gara sa Maserati directement au pied du Falcon 8X, un privilège dont il ne se privait pas. Le planton se délecta à l’idée de la ramener au garage quand il lui lança les clés.
Il se dirigea vers les cinq individus qui étaient déjà là. Il identifia trois membres de sa section : le sergent Kelly Sanders, la seule femme du groupe, le caporal William Paterson, le plus jeune et le sous Lieutenant Fred Myers, le plus expérimenté. Les trois étaient en conversation avec un haut gradé, le général Hopkins, qui supervisait toutes les opérations de la section et une femme en civil, Gladys Tyler responsable de la logistique.
— Mes respect mon Général, fit Thomas en saluant son supérieur. Bonsoir Gladys.
— Repos Johnson, répondit le gradé. Votre répit a été de courte durée. Mais ça fait partie de votre efficacité d’être opérationnels deux fois de suite. Votre mission sera de libérer un avion de ligne. Gladys vous a monté rapidement un dossier avec le peu d’éléments que nous avons reçus. Ils vous en diront plus sur place. Le général Gills vous y attend.
— Gills, mon général ? Vous avez dit le général Gills ?
Thomas blêmit.
— Ça vous pose un problème Johnson ? 
— C’est que... Il n’a jamais approuvé la création de la section Seven. Vous savez bien qu’il ne rate jamais une occasion de critiquer nos actions.
Le gradé haussa les épaules.
— Je n’y peux rien. Baltimore est dans son secteur de commandement. De toute façon, vous avez carte blanche. Si vous vous conformez strictement au protocole, il ne pourra rien dire.
Il marqua un temps d’arrêt et reprit sur un ton plus confidentiel :
— Je compte sur vous pour lui en mettre plein la vue. Mais sans excès de zèle. Compris ?
Il y avait de la jubilation dans sa voix, comme si un petit jeu de qui aura la plus grosse était engagé entre les deux généraux. Les trois derniers membres de la section arrivèrent presque en même temps dont le major Steven Cox suivi des caporaux Philips Jensen et Harry Smith. Ce dernier arborait une mine furieuse. Il salua d’une manière tout juste respectueuse ses supérieurs et monta s’installer dans l’avion.
— Je l’ai cueilli en salle d’embarquement, dit Steven à Thomas. Il a planté une petite blonde des plus mignonnes. Je crois qu’il ne la reverra pas. Il en a gros sur la patate.
— Ça lui passera. Il faut qu’il accepte les contraintes de son métier.
Steven acquiesça, le regard vers le sol. Peut être pensait-il que son supérieur était un peu dur.
Le pilote passa la tête à la porte pour rappeler qu’il était temps d’embarquer. Quelques minutes plus tard, les trois réacteurs Pratt & Whitney propulsaient l’avion français en direction de la côte Atlantique.
    *
    Les pneus du Falcon 8X touchèrent une des nombreuses pistes de l’aéroport international de Baltimore au milieu de la nuit. La secousse réveilla Thomas. Il s’était isolé peu après le décollage en proie à ses conflits intérieurs, ressassant l’ultimatum de Julia. Il avait fini par s’endormir, n’ayant pas eu le temps de récupérer de sa précédente mission. Pendant que l’avion empruntait le taxiway, Thomas regardait par le hublot en songeant que quelque part, sur cet immense tarmac, deux cent seize passagers et dix membres d’équipages enfermés dans un Airbus A330 attendaient avec angoisse leur délivrance.
La section s’engouffra dans un mini bus pendant que Gladys, qui accompagnait toujours l’équipe, supervisait le transbordement du matériel d’intervention. Ils furent conduits jusqu’à la tour de contrôle. Un militaire haut gradé les toisa du regard lorsqu’ils pénétrèrent dans la grande salle vitrée où s’affairaient une quinzaine d’aiguilleurs du ciel. Thomas alla le saluer.
— Mes respect mon général. Je suis très honoré de travailler sous votre commandement.
L’homme ricana.
— Repos Johnson. Ne vous donnez pas cette peine. Je sais très bien ce qu’Hopkins et vous même pensez de moi.
— Il sera profitable, mon général, de vous montrer comment nous opérons. J’ose espérer ainsi que...
— Vous espérez quoi, Johnson ?
— Que vous réviserez votre opinion sur notre efficacité.
Le général ne parut pas convaincu. Il désigna un avion sur une aire de stationnement, un peu isolé du reste de l’aéroport.
— Voici votre mission. Un A330 de la compagnie low-cost nord africaine Jetfly qui est arrivé de Bamako hier après midi. Il y a une heure, ils ont exécuté un otage. Une jeune femme de vingt-quatre ans. On vient d’évacuer le corps après avoir eu l’autorisation d’approcher. Ils sont très nerveux.
— Ce sont des extrémistes ? 
— Pas du tout. Ils veulent une rançon et le plein pour s’envoler on ne sait où. 
— Nous avons besoin d’un briefing complet mon général.
L’homme le toisa encore.
— C’est prévu Lieutenant... Qu’est ce que vous croyez ? Je connais le protocole. Venez tous à côté, le colonel Payne vous attend.
C’est à l’aide d’un rétroprojecteur que l’officier des renseignements informa la section Seven de la situation.
— Le commando est formé de deux hommes et une femme. Il s’est manifesté une fois au sol. Ils sont armés de revolvers et d’un fusil d’assaut. Ils ont menacé de tuer une hôtesse pour obliger le pilote à ouvrir la porte blindée du cockpit. Ce sont des renseignements que nous avons glanés des SMS envoyés par les passagers. Depuis, tous les portables ont été confisqués.
— On connait ces individus ? demanda Thomas.
— D’après le numéro de leur siège, on a retrouvé leurs identités. Tous les trois sont américains.
Il afficha les trois photos côte à côte.
— Celui qui semble être le chef se nomme Jarvis Turner, 32 ans. Il vient de Detroit. Connu pour des faits de délinquance, un profil psychiatrique le définit violent, égocentrique et paranoïaque.
— Mon dieu, fit Thomas. Que fait ce type en liberté ?
Le général parut surpris de cette réaction.
— La jeune femme se nomme Jenny Hook, 33 ans. Elle serait la compagne de Turner. C’est une activiste d’un mouvement d’extrême droite de Caroline du Sud. Connue pour des actes de violence sur la population noire. C’est elle qui a exécuté l’otage, une femme noire.
— La salope, soupira encore Thomas alors que le général s’étranglait de ce commentaire. Elle a bien choisi sa victime.
— Le troisième nous est inconnu. Geoffrey Hills 28 ans, originaire du Vermont. Nous cherchons à en savoir plus. Nous épluchons aussi la liste des passagers au cas où d’autres membres du commando en sommeil y seraient dissimulés.
— Comment se fait-il qu’ils aient des armes à bord ?
— Qu’est ce que ça peut vous faire Johnson, l’interpella le général. La situation est celle-ci et vous devez l’accepter telle qu’elle !
Thomas s’étonna de la réaction irritée du général. Il se tourna vers le Colonel qui avait réponse à tout.
— L’explication est qu’un agent d’entretien à Bamako a été retrouvé mort chez lui. Son badge de piste lui a été volé. Les armes ont été dissimulées sous chaque siège à l’emplacement du gilet de sauvetage. Le fusil d’assaut était entièrement démonté.
— Satisfait Johnson ? fit le Général.
— S’il y a une faille, il faut l’identifier il me semble, non ?
— Une faille ? il ricana. Une chose est sûre, c’est que vous prenez vraiment votre mission à cœur Johnson !
— La rançon demandée s’élève à 20 millions de dollars en petites coupures et 60 millions en diamants, continua Payne. Les ravisseurs exigent un lot de petits diamants en dépôt dans une banque de Washington.
— Ils sont bien renseignés, fit encore Thomas ce qui exaspéra encore une fois le général.
— Ils ont donné un délai de cinq heures pour leur apporter la rançon, continua le colonel. Passé ce délai, ils abattront un autre otage puis un autre chaque demi-heure... La première otage abattue était bien sûr pour nous prouver qu’ils ne bluffent pas.
— À nous de jouer, fit Thomas en se levant.
Son équipe en fit autant. Il s’adressa au général : 
— Conformément au protocole, j’ai carte blanche pour mener la négociation. Je veux parler à ce Turner.
Le général avala sa salive, très irrité de devoir se plier aux exigences d’un petit Lieutenant. Il se contenta de lui tendre un portable dédié à la communication avec les ravisseurs.
Un déclic se fit entendre dans le haut-parleur du Smartphone. La section Seven était en cercle autour de leur chef. Gladys les avait rejoints.
— Turner ? Je suis le Lieutenant Johnson de la Sec...
— Lieutenant Johnson, le coupa le ravisseur sur un ton ironique. Le chef de la section Seven en personne. C’est un honneur.
— Qu’est ce qu’il t’a pris Turner ? Prendre un avion en otage. T’es fatigué de vivre ? Plus personne ne fait ça de nos jours. Où comptes-tu aller avec ta rançon ? Sur la lune ?
— T’occupe pas de ça poulet, c’est mon affaire. Contente-toi de me faire amener le fric et les diam's. Je ne sais pas ce que vous foutez mais il vous reste à peine quatre heures. Si vous n’êtes pas à l’heure... Tu connais la sentence. Je choisirai peut être un gosse. Y en a plein dans cet avion.
Le visage de Thomas se raidit.
— Écoute-moi bien Turner. Toi et tes copains avez tué un otage et ça, ça a le don de me mettre en boule. Je te donne le choix Turner : soit, tu libères tout le monde et t’auras peut-être une chance de pas finir dans le couloir de la mort. Soit, on vient te botter le cul. Choisi !
Un silence se fit. Le général Gills se figea, interloqué.
— Tu devrais pas me parler comme ça Johnson, fit la voix dans le téléphone. Moi, tu sais quand on me parle mal, ça me met en colère. Et là, tu vois, tu m’as énervé. Il ne vous restait que quatre heures... À cause de toi, il ne vous en reste que trois. Après ce délai je bousille deux otages. Tu m’as bien compris Johnson ? Et t’avise pas à t’amener avec tes copains, sinon je tire dans le tas !
L’homme raccrocha.
— Vous êtes complètement irresponsable Johnson, s’emporta le général. C’est comme ça que vous négociez ?
— Je connais ce genre de types. Il doit comprendre qu’on ne négociera rien. J’ai semé le doute dans son esprit. Et ses complices vont commencer à gamberger eux aussi.
— Foutaise ! Vous avez surtout réussi à les énerver un peu plus. Maintenant, il ne reste plus que trois heures avant d’avoir deux cadavres de plus sur les bras. Et par votre faute !
Thomas haussa les épaules.
— Dans trois heures, il y a longtemps qu’on aura investi cet avion.
— Je vous trouve bien présomptueux.
— Gladys, fit Thomas. J’ai besoin que vous consultiez notre base de données. Trouvez les plans de cet avion. Identifiez toutes les issues ouvrables de l’extérieur. Pendant ce temps, nous, on va s’équiper.
La section quitta la pièce alors que Gladys assistée de Payne, connectait son PC portable au réseau crypté de la CIA.
Ils retrouvèrent leurs malles dans un hangar où un vieux Grumman Hellcat sommeillait depuis 70 ans. Témoignage de son engagement au combat, un emblème japonais dont le soleil levant ne flamboyait plus, ornait son flanc en dessous de la verrière. Ce vétéran eut un effet galvanisant sur les membres de la section Seven ; ils allaient, eux aussi, engager le combat, accomplir sans fléchir leur mission et délivrer tous les otages. Thomas pouvait sentir de leurs conversations, leur détermination. Il jugea de leurs attitudes qu’ils n’avaient pas peur. Lui ne pouvait s’alléger d’une inquiétude qu’il sentait grandir. Les avions, ce n’était pas son truc ; le confinement, les otages affolés coupant les lignes de mire, les difficultés à entrer dans la place, beaucoup de facteurs à risque qui pouvaient faire capoter la mission et décimer son équipe. Ils n’avaient pas fait beaucoup de simulations de prise d’otages dans un avion. La dernière remontait à un an et ils n’avaient eu qu’un homme à maîtriser. Il enfila sa combinaison noire d’intervention, prenant soin de bien coller sur sa peau les capteurs de paramètres vitaux. Gladys allait, grâce à une liaison radio, suivre de près chaque soldat pendant le raid. Elle devait avertir le commando si l’un des leurs était blessé voire tué. Les combinaisons incorporaient des protections en kevlar capables d’atténuer les impacts de balles même tirées de près. Cela les rendait assez raides pour se faufiler. Mais l’équipe en avait l’habitude et s’entraînaient avec. Elles étaient d’ailleurs truffées de capteurs pour les combats factices au laser ou à balles en caoutchouc, ce qui les rendait encore plus raides. Thomas, farfouilla dans sa malle, révélant un équipement non référencé. Un pressentiment envahit son esprit. Bon ou mauvais, il ne savait le dire... Le visage de Julia s’imposa ; son regard dur lorsqu’elle lui avait posé son ultimatum. Ses traits extasiés, lorsqu’il lui faisait l’amour. Il hésita un moment semblant peser le pour et le contre. Puis, après avoir vérifié autour de lui, que personne ne le regardait, il saisit le holster, le glissa furtivement dans sa combinaison et alla s’isoler dans les toilettes.
Lorsque les membres de la section Seven revinrent une demi-heure plus tard, harnachés comme des gladiateurs, Gladys fit un topo sur ses recherches accélérées. Elle était très efficace.
— C’est un A330-200, un des premiers modèles. Je vous ai imprimé l’implantation de la cabine et des portes ainsi que l’accès aux soutes. Nous savons que les passagers ont été regroupés dans la partie centrale de l’avion. Donc l’arrière, jusqu’aux premiers blocs d’hôtesses devrait être vide.
Les membres de la section Seven examinèrent les plans, s’imprégnant de la configuration de la cabine. Évaluant les distances en nombre de pas. Ils proposèrent des scénarios, les discutèrent, rejetant les plus aléatoires, mesurèrent les risques encourus et finirent par s’accorder.
— OK, fit Thomas. Myers, Smith, Sanders et Paterson, vous entrez coté droit par la dernière porte et vous remontez les rangées en binôme, chacun son couloir. Gardez de l’espace entre vous. Faites gaffes aux passagers, il se peut que des ravisseurs soient mêlés à eux. Jensen, Cox et moi on se fait la porte principale.
La nuit était heureusement noire et la lune pas encore levée. La section venait de percevoir les armes pré chargées et était stationnée sur le tarmac à 300 mètres à l’arrière de l’avion dans son angle mort.
— Attention, dit Johnson en surveillant sa montre, ça va bientôt être à nous.
La section arriva en file indienne, suivie par six hommes de Payne poussant un escalier d’accès non motorisé. Ils le placèrent de manière à atteindre la porte arrière droite. Les quatre soldats l’escaladèrent et se mirent en position prêt à ouvrir et à s’engouffrer dans l’avion. Pendant ce temps, Thomas et les deux autres membres du groupe escaladèrent l’escalier principal, celui au sommet duquel, la ravisseuse avait abattu l’otage à la vue de tous.
— On est en place ! fit Thomas via son laryngophone. Attention Myers... Go !
Le commando réagit immédiatement. Smith manœuvra la poignée et pesa de tout son poids pour tirer la porte à lui et la faire coulisser. Les trois autres s’engouffrèrent immédiatement, l’un derrière l’autre, le fusil d’assaut prêt à tirer.
— Dans la place ! fit Myers. On commence la remont... Contact ennemi ! cria-t-il.
S’en suivit des coups de feu retransmis par les oreillettes.
— Myers à terre ! Sanders à terre ! indiquait la voix de Gladys tandis que les coups de feu redoublaient vers l’arrière. Thomas n’hésita pas, il fit signe à Jensen d’ouvrir. Cinq secondes plus tard le lieutenant faisait irruption dans la cabine suivi de Cox et Jensen. Ils furent accueillis par le tir nourri de Turner et de sa compagne alors que les passagers hurlaient de terreur. Thomas eut juste le temps de se retrancher derrière un compartiment cuisine. Alors que Cox s’effondrait et que Gladys ne cessait énumérer l’hécatombe de la section Seven. Jensen échangea quelques tirs avec les ravisseurs mais dut battre en retraite.
— Jensen blessé cuisse, débita Gladys.
— Smith ? appela Thomas retranché derrière un caisson frigo, le seul nom que n’avait pas prononcé Gladys.
— Présent mon lieutenant. J’ai dû ressortir. On nous attendait. Deux hommes. Je crois que j’en ai touché un. Désolé, j’aurais été plus efficace sur une plage d’Hawaï.
Thomas soupira. Son cœur battait fort à ses tempes. Deux et demi sur sept. Et lui bloqué sans aucune assurance de sortir de là vivant. Un fiasco complet. Il avait toujours détesté les avions.
— Johnson ?
La voix de Turner retentit dans la cabine.
— Tu es tout seul Johnson. Sors de là. Sors de là de suite où je tue ce gosse.
Thomas tressaillit. Il jeta un œil entre deux armoires et vit Turner tenant un jeune étudiant, son arme contre la tempe.
— Laisse-le ! Tu gagnes ! Je me rends ! lui cria Thomas.
— Balance ton flingue !
Thomas s’exécuta. Il lança son fusil d’assaut dans le couloir, il n’avait même pas eu le temps de tirer une seule balle.
Turner se mit à rire. Il avait lâché son otage et braquait son revolver en direction du policier.
— Et maintenant poulet de mes deux, tu vas sortir de ton nid. Le célèbre Lieutenant Johnson, arrogant, sûr de lui, qui voulait me botter le cul. Allez sors. Au lieu d’un poulet, serais-tu une poule mouillée ?
Thomas, avait ouvert sa combinaison et défait la pression de son holster. Dans sa main, il serrait la crosse de son 357 Magnum duquel il venait de retirer la sécurité. Il jeta un dernier coup d’œil au travers des armoires et en compta quatre armés face à lui, à rire de sa déconfiture. Un de plus que prévu. Vraisemblablement resté planqué parmi les passagers jusqu’à l’assaut. Thomas respira fort. L’image de Julia passa dans son esprit. Il se dit qu’il avait bien fait de ne pas respecter le protocole. Il se leva d’un bon et surgit tel un démon face à ses ennemis. Turner, surpris, fit mine de tirer mais le 357 aboya quatre fois, balayant les quatre bandits à bout portant. Thomas baissa son arme.
— Mission accomplie, fit-il à tous ceux qui branchés sur la radio pouvaient l’entendre. Quatre ravisseurs neutralisés.
Il ne comprit pas tout de suite pourquoi, de l’autre coté, dans la tour de contrôle, des personnes criaient, s’interpellaient, s’interrogeaient sur ces coups de feu si puissants. Il ne comprit pas non plus pourquoi les passagers hurlaient et pourquoi certains, qui s’étaient précipités sur les ravisseurs, tentaient de ranimer la compagne de Turner. Il ne réalisa pas pourquoi Sanders et Myers que Gladys avait déclarés morts, s’avançaient vers lui, le regard effaré. Ce n’est que lorsqu’il se fit déposséder docilement de son arme par Cox que la lumière se fit enfin dans son esprit.
— Je le savais bien, dit-il d’une voix grave. Plus personne ne prend un avion en otage de nos jours.
    *
    Le jour du procès, un professeur de physique appliquée de l’université d’Atlanta vint expliquer, schémas de principe à l’appui, comment fonctionnent les écrans LCD couleurs et comment, grâce à des tensions d’alimentation différentes, on pouvait faire percevoir à l’œil tout le spectre des couleurs. Les experts qui avaient examiné le bipeur de Thomas avaient certifié qu’un composant gros comme une tête d’épingle avait fourni une tension erronée. En l’occurrence, celle du rouge quand il aurait fallu diffuser du bleu. Ils s’accordèrent à dire que c’était vraisemblablement quand Arthur avait fait tomber le bipeur que celui-ci était devenu défectueux. Le président d’audience dut demander au directeur technique de l’importante société qui fabriquait les bipeurs pour l’armée de parler plus fort. Surtout quand ce dernier fut prié d’expliquer à la barre pourquoi une chute de cinquante centimètres avait détraqué un appareil censé répondre à des tests de robustesse très poussés.
La responsabilité de Thomas dans le meurtre des quatre faux ravisseurs restait totale dans la mesure où il avait fait usage d’une arme non prévue par le protocole. Les victimes étaient trois officiers directement sous les ordres du général Gills. La quatrième était sa fille. Employée aux renseignements généraux, elle avait tanné son père pour faire partie d’une simulation. Cela l’amusait...
La défense fut balayée quand elle tenta de faire valoir que, si la prise d’otage avait été réelle, l’entorse au règlement du lieutenant aurait été plébiscitée par tous. Le rapporteur d’enquête menée pour vérifier que Johnson avait pu réellement ignorer qu’il s’agissait d’une simulation vint exposer les conclusions : il s’avérait que le protocole mis en œuvre lors des simulations avait pour vocation de se rapprocher au mieux des situations réelles. Dans cet environnement reconstitué, un individu mal informé pouvait se conforter dans sa confusion jusqu’au premier coup de feu tiré. La reconstitution des faits depuis l’alerte erronée montra que par une succession de concours de circonstances, le lieutenant n’avait jamais eu l’opportunité de recevoir une information qui lui était supposée acquise.
L’enquête révéla un appel tracé entre le portable personnel du faux Turner et celui du général Gills. Ceci quelques minutes avant l’assaut. Mis devant les faits, le général finit par admettre qu’il avait prévenu les pseudos-ravisseurs de l’attaque imminente du commando. Il justifia cette action par sa volonté farouche de faire échouer la section Seven.
Le général fut limogé. Incapable de surmonter sa peine, mis au banc par sa famille pour avoir indirectement provoqué la mort de sa fille, il se suicida quelques mois plus tard. La section Seven fut dissoute et ses membres dispatchés dans d’autres organisations commando. Les protocoles d’alerte et de simulation furent modifiés.
Johnson fut radié de l’armée et condamné à sept ans de prison. La faute du général joua en sa faveur. La défense ayant fait valoir que, sans l’appel du général au faux Turner, le lieutenant ne se serait pas trouvé dans l’obligation d’utiliser son arme personnelle et, qu’au premier tir de son fusil chargé à blanc, il aurait réalisé sa méprise.
Sa peine purgée Johnson disparut. Il ne revit jamais Julia. Le petit Arthur vit un jour son père rentrer à la maison. Il oublia Tom et devint bien plus tard, un militant pacifiste.
Steven Cox rapporta un jour que Johnson était devenu un Storm Chaser (chasseur de tornades). Sillonnant l’état d’Oklahoma dans un étrange véhicule en forme de blockhaus, il défiait régulièrement la mort, vivotant de petit boulot.
Si un jour vous avez l’opportunité de croiser son errance et de lui offrir une bière, ne lui parlez surtout pas de la section Seven.
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    (ShortEditions)


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  • Homélie du dimanche 23 juillet : 16éme dimanche du Temps Ordinaire


    - 16ÈME DIMANCHE ORDINAIRE

     

     La patience de Dieu est celle-là même qui vient de l’Amour.


    MALGRE LE MAL.


    Le problème du mal est sans doute la plus grande objection que l’homme élève contre Dieu. Nous le savons au travers du Livre de Job. Chacun de nous, un jour ou l’autre, souffre dans sa chair par la maladie, dans son coeur par des blessures d’amour, dans sa conscience par la morsure du péché, dans sa famille, son travail et dans le monde entier par la difficulté des relations humaines.
    Enfin la mort, pour tous, est le moment le plus douloureux quand un être aimé disparaît de notre vie. Cette fracture inéluctable et universelle est vécue comme une souffrance pour ceux qui restent, même si, dans la foi, nous savons que toute vie n’est que la préface que nous écrivons avant d’écrire le Grand livre de la vie éternelle.
    Pourquoi y a-t-il tant de mal dans le monde ? Pourquoi l’arrivée du Royaume de Dieu n’a-t-elle pas balayé d’un seul coup toute souffrance et tout péché hors de ce monde ? Alors beaucoup vont jusqu’à dire : »S »il y avait un Dieu bon, tout cela n’existerait pas. »
    Une réponse nous est donnée dans les paraboles de ce dimanche : l’ivraie, la graine de moutarde, le levain. Comme elle nous sera donné au dimanche de la Transfiguration
    Le monde est le théâtre de deux semailles opposées : le Christ y sème le bon grain en vue de la moisson future. Un ennemi, qui peut prendre des visages différents selon les temps, y sème l’ivraie en vue de compromettre la moisson. Mais la moisson aura lieu, dit le maître avec un bel optimisme, certain des réjouissances futures des moissonneurs. L’Amour de Dieu sera vainqueur de tout mal « au jour final de la moisson, quand le Fils de l’Homme enlèvera de son Royaume tous ceux qui font tomber les autres et qui commettent le mal. »


    DEUX REPONSES DE JESUS.


    La première réponse que Jésus offre à notre foi, porte sur l’origine du mal. Le mal ne vient pas de Dieu, qui n’a semé que du bon grain dans le jardin d’Eden, mot hébreu qui signifie : »lieu de délices » ou « paradis » (Genèse 2.8). Personne ne serait assez fou pour semer du chiendent ou des chardons dans son jardin. Comment Dieu, suprêmement intelligent et bon, aurait-il pu semer du mal et de la souffrance dans son chef d’oeuvre, l’homme et la femme ?
    Tout est bon dans la Création chante comme un refrain le livre de la Genèse « Et Dieu vit que cela était bon … très bon. »
    La deuxième réponse est dans la dignité même de l’homme et de la femme. Si le mal ne vient pas de Dieu, il ne vient pas non plus du coeur de l’homme, ni même de sa nature humaine profonde. Il vient de celui que Jésus appelle « l’Ennemi ». Il y a deux semeurs : l’un sème en plein jour et en toute clarté ce qui est bon, l’autre survient « de nuit pendant que les gens dorment » pour semer le mal. C’est une expérience que nous connaissons bien, même en nous, où le péché s’infiltre sournoisement en profitant de nos moments d’inconscience. Souvent nous ne le reconnaissons qu’après coup.
    Paradoxalement, la doctrine du « péché originel » (Genèse 3) réhabilite notre dignité. Le pécheur est d’abord « victime ». Le péché, le mal, la souffrance viennent de plus loin, du « Mauvais » par cette hérédité qui a marqué le comportement de notre nature humaine.


    LA PEDAGOGIE DIVINE


    « Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson « , car la moisson se fera. Personne n’est tout bon ni tout mauvais. Même chez ceux dont la vie nous paraît n’être qu’un champ d’ivraie, Dieu nous demande de découvrir le blé qui peut y pousser et qu’il veut engranger dans son grenier.
    Reste aussi à calmer notre impatience et à laisser le semeur lui-même opérer le tri que nous prétendons faire, avant l’heure et à sa place, selon nos propres jugements et nos propres décisions. « Ne jugez pas », nous a souvent répété Jésus.
    Cette consigne de « laisser pousser ensemble le blé et l’ivraie » peut nous sembler choquante. C’est pourtant la troisième et merveilleuse réponse de Jésus sur le problème du mal.
    Dans nos propres vies et dans le monde, il y a un mélange de bon et de mauvais, de douceur et de violence, d’amour et de non-amour, de solidarités admirables et d’individualisme détestable. Péché et grâce sont inextricablement mêlés en nos coeurs. « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire, avoue saint Paul, je commets le mal que je ne voudrais pas faire. (Romains 7. 19)
    Au jour de la moisson finale, le mal aura été détruit et il n’y aura plus que l’amour, celui de Dieu qui accepte l’imperfection de notre amour. Pour Jésus, la victoire de Dieu sur le mal ne fait pas de doute. A la fin, l’ivraie n’arrivera pas à étouffer le bon grain.
    Il nous faut donc croire à la miséricordieuse patience de Dieu, comme le dit la première lecture de ce dimanche : »Tu as donné, Seigneur, à tes enfants, la douce espérance qu’après notre péché, tu nous laisses le temps de la conversion. » (Sagesse 12. 19) L’histoire est remplie de grands pécheurs qui sont devenus des saints.
    Jésus va donc jusqu’à nous conseiller de ne pas prendre le risque d’arracher ce qui est bon, en extirpant trop tôt et avec violence, ce qui est mauvais. Dieu accepte de nous supporter imparfaits, acceptons-le de nous-mêmes et de tous ceux qui vivent avec nous, acceptons-les autrement que nous le souhaiterions. Les accepter jusqu’à l’ivraie dans la patience, difficile certes mais qui doit imiter la grande patience de Dieu envers nous.




    Il y a une disproportion immense entre ce qui se vit en tout homme, et la grâce de Dieu qu’il reçoit. Le sénevé est la plus petite de toutes les graines et devient un arbre où les oiseaux peuvent y faire leurs nids. La minuscule pincée de levure dans les quarante kilos de farine fait lever toute la pâte.
    C’est ainsi en nous-mêmes. C’est ainsi dans notre travail d’évangélisation. Le Royaume de Dieu semble dépourvu de tous les moyens qui assurent le succès du « marketing » des entreprises humaines. Jésus ne se faisait pas d’illusion sur la diffusion immédiate de son message. « Mon Royaume n’est pas de ce monde. » (Jean 18. 37) Mais il voyait plus loin, jusqu’à la fin des temps, quand Dieu sera tout en tous.
    L’action de Dieu part de petits commencements pour réaliser de grandes choses. Malgré le mal qui prolifère mêlé au bien, malgré la petitesse de nos résultats aujourd’hui, nous croyons à l’Amour de Dieu. « Que ton règne vienne ! » Il est en train de grandir. C’est la vraie réponse au problème du mal.
    Père Jc Fournier

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  • Festin de noces annulé : elle invite des dizaines de sans-abri

     

    - FESTIN DE NOCES INSOLITE



    Une jeune Américaine, ayant annulé son mariage à la dernière minute, a décidé avec son ex-futur mari d'offrir le repas prévu à des SDF. L'histoire fait le tour du web.
    Il pourrait s’agir de la version moderne de la parabole du Festin de noces employée par Jésus pour décrire le Royaume des Cieux à ses disciples. Sauf qu’à la différence de celle-ci, ce ne sont pas les invités qui refusent de venir à la fête, mais les fiancés qui les ont décommandés. Et pour cause, Sarah Cummins et Logan Ajauro, un jeune couple de fiancés qui devait se marier récemment à Carmel, dans la banlieue d’Indianapolis, ont décidé d’annuler la noce, préparée depuis bientôt deux ans, une semaine avant le jour J. Les raisons de cette rupture n’ont pas été rendues publiques.
    Mais à la tristesse des deux fiancées s’est vite ajoutée une problématique très matérielle. Car près de 170 personnes étaient invitées dans un bel hôtel de la ville, et les traiteurs ont refusé d’annuler les commandes — représentant un montant de 25 000 euros — dans un délai si bref. La jeune femme, étudiante en pharmacie, a eu alors une belle idée qu’elle a pu mettre en application avec l’accord de son ex-fiancé : offrir ce repas magnifique aux personnes démunies de la région. « Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce » : cette phrase que prononce Jésus dans la parabole (Mt 22, 9) aurait également pu être prononcée par Sarah, puisque que c’est exactement ce qui s’est produit. Plusieurs abris pour SDF ont été contactés par ses soins pour inviter leurs pensionnaires au festin.
    Des cars ont été affrétés, la salle réarrangée, des commerçants ont même prêté des vêtements aux invités pour que la fête soit totale. De fait, pour les dizaines de personnes invitées, le mariage annulé a représenté une véritable bouffée d’oxygène et d’amitiés dans une vie marquée par de profondes difficultés. Sarah, entourée de sa mère et de plusieurs amies très chères, était présente tout au long de ce repas, multipliant les échanges avec ces invités qu’elle ne connaissait pas et grâce auxquels elle a pu donner du sens à sa tristesse.
    (Aleteia)


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