• Au Pays basque, l’héritage fructueux

     du P. Cestac

     

    - 31 MAI 2015 : BÉATIFICATION DU P.CESTAC

     

    Fondateur des Servantes de Marie, le P. Louis-Édouard Cestac (1801-1868) sera béatifié dimanche 31 mai dans l’après-midi à Bayonne.

     

    Près de 150 ans après sa mort, les œuvres qu’il a lancées sont toujours bien vivantes au Pays basque.

     

    Dans une dizaine de jours, Béatrice, Renée, Rosita, Raymonde et Danielle seront sur scène pour une comédie musicale sur le P. Louis-Édouard Cestac (1801-1868), prêtre bayonnais qui sera béatifié dimanche 31 mai après-midi. Prévu pour être joué dans la cathédrale de Bayonne, le spectacle est déjà programmé dans tout le diocèse et autour. Une véritable « tournée » à laquelle ces cinq résidentes passionnées du foyer François-de-Paule se préparent avec une joie communicative à l’ombre d’un petit jardin. Sous le soleil basque, les bâtiments modernes et accueillants, en bordure d’un vaste domaine de plus de 30 ha, donnent à ce foyer qui accueille 44 personnes handicapées un faux air de village de vacances.

     

    C’est au milieu du XIXe  siècle que le P. Cestac achète ce qui deviendra Notre-Dame-du-Refuge. Ce havre de paix, aujourd’hui au cœur de la métropole Bayonne-Anglet-Biarritz, n’était alors que mauvaises terres balayées par le sable des dunes. Mais c’est là que ce prêtre entreprenant, touché par le sort des jeunes filles des quartiers pauvres de Bayonne, a voulu installer ses « pénitentes ». Loin du port, des chantiers navals et de leurs tentations, il veut les arracher à la prostitution, leur apprendre un travail, leur redonner dignité et autonomie.

     

    « ICI, NOUS ACCUEILLONS TOUT LE TEMPS »

     

    - 31 MAI 2015 : BÉATIFICATION DU P.CESTAC

    Le P.CESTAC

    Cent cinquante ans après sa mort, au bord de la pinède, Notre-Dame du Refuge abrite son héritage : la maison mère des Servantes de Marie, la congrégation qu’il a fondée, une crèche pour enfants, un foyer pour handicapés, une maison de retraite, une maison d’enfants à caractère social, un foyer pour mères seules…

     

    « Ici, nous accueillons tout le temps », confie Richard Irazusta, directeur du centre Cestac qui rassemble le foyer pour les mères et la maison d’accueil des jeunes. De ces deux institutions héritées directement du fondateur, il conserve à sa manière l’intuition : accueillir, redonner la dignité et acquérir l’autonomie.

     

    « Le but, c’est de repartir, mais dans de bonnes conditions », résume ce solide Basque qui, a vu, ces dernières années, évoluer jeunes et parents à l’aune de la société. « Il nous faut répondre de manière adaptée, sans doute de manière beaucoup plus souple et individualisée. » Signe des temps, c’est un père isolé qui a été accueilli ces dernières semaines au foyer…

     

    « QUE CHAQUE GARÇON ET CHAQUE FILLE TROUVE SA VRAIE PLACE »

     

    Pensée pour les filles et les femmes, l’œuvre du P. Cestac s’est donc mise à la mixité. « Rugby, surf, pelote basque : on est ici dans une culture très masculine. Si aujourd’hui on arrive à ce que chaque garçon et chaque fille trouve sa vraie place, alors on est dans le droit fil de ce que voulait le P. Cestac », explique Jean-Luc Mouesca, directeur de Sainte-Marie, une école bilingue basque-français de Biarritz sous la tutelle des Servantes de Marie, et qui essaye de perpétuer autour de lui l’esprit du fondateur.

     

    Un esprit dans lequel Antoine Prud’Homoz baigne chaque jour avec les 80 Servantes de Marie – sur 95 résidentes – qu’il accueille dans la maison de retraite qu’il dirige. « Elles ont donné leur vie pour les enfants, les handicapés, les jeunes filles en difficulté, et elles nous en parlent, raconte-t-il. L’œuvre est multiforme, mais à chaque fois se reflète la fragilité des gens qui sont accueillis. »

     

    Et un véritable esprit de famille. « Les élèves du lycée participent à la vie du foyer pour handicapés, les enfants des écoles viennent à la maison de retraite : cette proximité entre les différents établissements est très riche pour nous », se réjouit Sœur Mayie, responsable de l’accueil de Notre-Dame du Refuge. Avec l’année Cestac lancée par le diocèse, elle a vu arriver nombre de groupes et de paroisses venus découvrir le site, longtemps peu connu hors du Pays basque et des lieux marqués par les Servantes de Marie qui ont tenu plus d’une centaine d’écoles jusqu’au début du XXe  siècle.

     

    SOUCIEUX DE L’AUTONOMIE DE SA FONDATION

     

    À Notre-Dame du Refuge, en face du lycée professionnel des sœurs, de l’autre côté de la route d’où les surfeurs reviennent de la plage, planche accrochée à leur scooter, le petit monastère des bernardines bat comme le cœur spirituel de l’œuvre. Cinq Servantes de Marie y vivent dans la prière et le silence à la manière des cisterciennes, porte ouverte à celles et ceux qui ont besoin d’une pause dans leur vie.

     

    - 31 MAI 2015 : BÉATIFICATION DU P.CESTAC

    À côté se trouve le petit cimetière où toutes les religieuses reposent sous de simples tumuli de sable. Et un magasin où se vendent les produits de l’exploitation agricole. Un autre héritage du P. Cestac, soucieux de l’autonomie de sa fondation autant que de procurer du travail aux femmes qu’il accueillait. Il s’y reprendra à quinze fois pour planter pins et légumes dans le sable, gagnant l’admiration de Napoléon III, en villégiature à Biarritz, et sera élu président du comice agricole de Bayonne.

     

    « Avec les maraîchers des environs, nous échangeons savoirs et techniques, explique Bernard Trolliet, responsable de l’exploitation. Et avec plusieurs d’entre eux, on travaille à faire reconnaître un piment doux qu’il a introduit ici. On espère obtenir le label rouge. » Après la béatification, une autre forme de reconnaissance pour ce prêtre visionnaire, touche-à-tout et terriblement en prise avec son époque.

     

    Nicolas Senèze, à ANGLET (Pyrénées-Atlantiques)

    (Documentation Catholique)


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  • Lord Patten dévoile la réforme

    des médias du Vatican

     

    - MÉDIAS DU VATICAN

    LORD PATTEN

    Dans un discours à Londres mercredi 27 mai, celui qui a présidé la commission établie pour proposer une réforme des médias et de la communication du Saint-Siège a donné le contenu de leurs conclusions.

     

    Le contenu de la réforme des médias du Vatican proposée au pape François a été dévoilé par Lord Chris Patten, invité à la journée de la communication des évêques d’Angleterre et du Pays de Galles, mercredi 27 mai au soir, à l’église Saint-Patrick dans le quartier Soho de Londres. L’homme politique britannique et ancien dirigeant de l’organe de surveillance de la BBC a présidé, de septembre 2014 à mars 2015, une commission ad hoc d’experts chargée de préparer une réforme substantielle des divers médias et organes de communication du Saint-Siège. Leurs propositions ont conduit à la création, le 30 avril, d’une nouvelle commission pour sa mise en œuvre, sans que son contenu ne soit jusqu’ici connu.

     

    Comme pour s’assurer que ces recommandations seront suivies d’effet, Lord Patten en a rendu publics les objectifs et les mesures proposées. Le but premier est de relever le « défi du numérique », avec des contenus multimédias, plus visuels et interactifs pour dialoguer avec le public. L’autre objectif est de faire du Vatican un « hub » d’information religieuse, qui permette aux Églises locales d’informer sur leurs actions. « Ceci requiert de resserrer les liens entre les opérations médias du Vatican et les bureaux de communication des conférences épiscopales et des diocèses », a précisé Chris Patten.

     

    En réponse à ces objectifs et aussi aux problèmes de « fragmentation », « duplication », « multiplication » et « compartimentalisation » observés dans l’organisation actuelle des médias au Vatican, la commission présidée par le Lord britannique propose de créer un grand dicastère (équivalent de ministère dans la Curie romaine) pour une gestion intégrée des divers moyens de communication.

     

    REDONDANCES ET SOUS-EFFECTIFS

     

    Et un redéploiement de ces moyens. « 85 % du coût net que le Saint-Siège dépense en communication finance le journal et, surtout, la radio », a relevé Chris Patten, citant un chiffre déjà pointé aussi par le Secrétaire pour l’économie, le cardinal George Pell, qui supervise la réforme des médias. « La télévision et les services des médias sociaux du Vatican fonctionnent de manière très professionnelle mais sont aussi en sous-effectifs », a-t-il poursuivi. À cet égard, il paraît significatif que la commission créée pour mettre en œuvre le rapport Patten soit présidée par le directeur du service de production télévisuelle vaticane (CTV), Mgr Dario Vigano.

     

    Lord Patten a rassuré, comme déjà le cardinal Pell, que la réforme, mise en œuvre graduellement, n’entraînerait pas une réduction des effectifs mais leur réallocation, « par exemple entre la radio et la télévision ». L’assurance de conserver son poste n’implique pas celle de toujours faire le même travail, a prévenu en substance l’homme politique britannique.

     

    UN SUPER-DICASTÈRE DE LA COMMUNICATION

    Le futur dicastère comprendrait six départements, a-t-il encore détaillé : l’un pastoral, absorbant pour l’essentiel l’actuel Conseil pontifical aux communications sociales, pour travailler avec les différentes conférences épiscopales et assurer de la formation. Les départements administratif, commercial et technologique centraliseraient la gestion des divers supports médiatiques du Vatican, développant notamment des activités de marketing, vente de droits, recherche de partenariats et sponsors. De quoi en partie « autofinancer » des médias du Saint-Siège pour l’essentiel sans recettes propres.

     

    Un autre département serait chargé, à l’instar de l’actuelle Salle de presse du Saint-Siège, des relations avec les médias extérieurs. Pour Lord Patten, il devra offrir un service en plusieurs langues et une disponibilité de 24 heures. Actuellement, la Salle de presse ferme chaque jour le plus souvent à 15 heures. Un dernier département servirait de « hub » des contenus produits, également multilingue.

     

    Lord Patten n’a évoqué l’arrêt d’aucun média actuel du Vatican (Radio Vatican, le quotidien Osservatore Romano, l’agence Fides, le site news.va, entre autres). « Toutes les chaînes, tout en travaillant comme partie de la structure médiatique générale, devront bien sûr maintenir leur intégrité éditoriale ».

     

    Sébastien Maillard (à Rome)

    (Urbi et Orbi)


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  •  Dieu dans cet homme-là

     

    - DIEU DANS CET HOMME?

    Pour les chrétiens, Jésus de Nazareth est vraiment «Dieu né de Dieu». Une étrange affirmation, qui a des conséquences étonnantes. Le décryptage du père Benoît Lobet, professeur de théologie à l'Université catholique de Louvain (Belgique).

     

     

    Si vous passez au Musée du Louvre, à Paris, allez donc faire un tour dans le département de peinture française du XVIIe siècle. Et allez contempler le «Saint Joseph charpentier» que Georges de La Tour, le peintre lorrain, réalisa en 1643 – il avait juste cinquante ans. Par le jeu des clairs-obscurs, vous apprendrez tout de l’incarnation de Dieu en Jésus : l’enfant est là, déjà grand, qui tout à la fois observe et éclaire le travail de son père nourricier. Il regarde ce que fait l’homme et qu’il va devoir porter : c’est le bois de la croix que, sans aucun doute, le charpentier travaille, ce bois qui meurtrira ses épaules et contribuera à sa mort. Cela, oui, il l’apprend de l’homme. Mais il ne se contente pas de ce regard, un regard de curiosité et de complicité. Il éclaire aussi, par la lumière parcimonieuse qu’il tient entre ses mains, le labeur accompli et, à travers lui, toute la condition et toute la destinée des êtres humains.

     

    Pourquoi cet homme-là ?

     

    Lorsque nous proclamons, dans le Symbole de Nicée-Constantinople, que «le Fils unique de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu né du vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père, par qui tout a été fait, pour nous les hommes et pour notre salut est descendu du ciel, a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme», nous proclamons un élément central de notre foi, un élément qui la distingue aussi de sa source juive et de la foi musulmane. Pour les chrétiens, en Jésus, il n’y a pas seulement un personnage historique à la pensée élevée, un sage comme l’humanité en porta peu en elle, un remarquable prophète dont l’enseignement est encore bien utile aujourd’hui. Pour les chrétiens, en Jésus, il y a vraiment «Dieu né de Dieu».

    L’annonce de ce que la théologie nomme « incarnation » ne laisse pas de surprendre, et même de choquer : comment le Dieu éternel et véritable, le Dieu par qui tout fut créé – les univers visibles et invisibles –, comment ce Dieu indicible, indescriptible, a-t-il consenti à se dire, à se laisser décrire, en prenant un visage authentiquement humain ? Et pourquoi est-ce en ce personnage-là, contingenté dans l’histoire des hommes, qu’il s’est incarné ? Pourquoi pas dans un autre ? Et comment une destinée humaine évidemment marquée par toutes les limites que nous savons bien, d’espace et de temps, de sexe (un homme, pas une femme), de culture, voire même de religion, peut-elle avoir la prétention d’affirmer qu’en elle, le Dieu tout puissant et universel se raconte et se donne à voir ?

     

     

    La naissance de Dieu en l’homme

     

    Lorsqu’on évoque l’incarnation de Dieu, il ne faut pas cesser d’être surpris. Et cet étonnement nous accompagne tandis que nous déclinons les conséquences de cette affirmation, centrale, rappelons-le, dans la foi chrétienne.

    La première : si je veux connaître quelque chose de Dieu, je dois désormais suivre Jésus, l’écouter, le regarder, le laisser me dire qui est Dieu. Ce ne sera pas une leçon qu’il m’enseignera de l’extérieur : tout en lui est Dieu. Mieux : si je veux m’unir à Dieu dans la vie spirituelle, pas d’autre voie que m’unir à Jésus. La spiritualité chrétienne trouve ici l’un de ses traits distinctifs : nombreux sont les auteurs mystiques qui, décrivant leur vie intérieure, la donnent pour une incarnation continuée : de même, disent-ils, que l’Esprit a fécondé une fois dans l’histoire le sein de la Vierge Marie, de même continue-t-il à féconder le coeur de celui qui veut bien l’accueillir, de même continue-t-il à enfanter en lui le Verbe de Dieu. La prière chrétienne trouve son point d’ancrage véritable et particulier dans cette attention portée à «la naissance de Dieu en l’homme», pour reprendre une formidable expression de Maître Eckhart, le grand dominicain du XIVe siècle.

     

    Au cœur de la condition humaine

     

    Une autre conséquence est qu’on ne trouvera pas Dieu en s’échappant de ce monde-ci, aussi gris soit-il. S’il est vrai que Dieu a voulu nous rejoindre jusque dans les bassesses de la condition humaine, c’est que celle-ci ne doit pas être fuie. S’enfoncer dans les contingences de la vie, dans les questions sociales, de répartition des biens, de justice distributive, de solidarité, de soin apporté à l’autre en souffrance, d’accueil de l’étranger, etc., ce n’est pas ignorer la vie spirituelle. Pour un chrétien, au contraire, là est le lieu de l’intériorité véritable, le lieu où la vie de prière se vérifie, où elle devient vraie. Et cela, quel que soit l’état de vie des uns et des autres, que l’on soit moine ou marié, jeune ou vieux, prêtre ou laïc…

    N’était-ce pas du reste l’enseignement de Jésus lui-même, au dire de l’Évangile de Matthieu : «J’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli…» (Matthieu 25), alors que Jésus lui-même s’assimilait, tout Roi du Jugement dernier qu’il est, au plus petit de ses frères dans le pauvre quotidien de notre ici-bas.

     

    Un sujet d’émerveillement

     

    Il est encore un autre émerveillement qu’il faut signaler, si l’on s’interroge sur l’incarnation de Dieu en Jésus. Il vient de sa raison : pourquoi ? Cur Deus homo ? demandait la scolastique médiévale et, en particulier, saint Anselme : «Pourquoi Dieu s’est-il fait homme?» À cette question, deux réponses ont été données.

    L’une, plutôt occidentale, regarde vers le passé : il fallait bien que Dieu lui-même se mêlât à la condition humaine, car c’était la seule façon de réparer la faute originelle du premier Adam. La rupture était tellement grave entre Dieu et l’homme qu’il n’y avait pas d’alternative : seul Dieu pouvait, de l’intérieur – en s’incarnant, précisément – refaire tout entière, à neuf, l’œuvre de son amour.

    L’autre réponse, plutôt orientale (mais pas exclusivement), est davantage tournée vers l’avenir de l’homme : «Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu.» L’Incarnation inaugure en l’être humain une dignité radicalement neuve, qui le place «au-dessus des anges» et donc aussi de toutes les autres créatures des univers visibles et invisibles : depuis Jésus, «par lui, avec lui et en lui», l’homme est appelé, quel qu’il soit, et quelle que soit sa condition originelle, à entrer dans la vie de Dieu, à participer à la vie trinitaire et, oui, à «devenir Dieu». Sa destinée de l’ici-bas n’est pas niée, mais elle est à la fois exhaussée et exaucée : relevée et accomplie dans tout ce qu’elle désire au plus intime d’elle-même.

     

    Pour nous les hommes

     

    C’est cela que nous disons lorsque nous proclamons notre foi en Église, récitant ou chantant le Symbole de Nicée-Constantinople : «Pour nous les hommes, et pour notre salut, il descendit du Ciel. Par l’Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s’est fait homme.» «Pour nous les hommes, et pour notre salut…», nous osons dire, en fidèle écho au prologue de l’Évangile de Jean, que «le Verbe s’est fait chair et qu’il a habité parmi nous.»

     

    Père Benoît LOBET

     

     


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  • Ce 27 Mai 2015, quatre résistants célèbres font leur entrée au Panthéon : Jean ZAY, Pierre BROSSOLETTE, Geneviève de GAULLE-ANTHONIOZ, Germaine TILLION.

    A cette occasion, voici ce que dit du Panthéon un article tiré de "Herodote.net"

     

    Le Panthéon de Paris

     

    Église à l'origine, le monument a été récupéré par la République pour la célébration de ses gloires...

    Le Panthéon, l'un des monuments les plus imposants de Paris, est sorti d'un long sommeil le 19 mai 1981, quand François Mitterrand a inauguré son premier mandat présidentiel par un hommage solennel aux mânes de quelques hôtes de la nécropole nationale : Victor Schoelcher, Jean Jaurès et Jean Moulin.

     

    Depuis lors, lui-même et son successeur se sont fait un devoir de renouer avec les inhumations en grand pompe. Pas moins de sept en ce qui concerne François Mitterrand, soit un dixième de l'effectif total : René Cassin (1987), Jean Monnet (1988), l'abbé Grégoire, Gaspard Monge et Condorcet (1989), Pierre et Marie Curie (1995). Deux avec Jacques Chirac : André Malraux (1996) et Alexandre Dumas (2002)...

     

    Ce rituel républicain avait été délaissé par les premiers présidents de la Ve République, quand la France regardait avec confiance vers l'avenir (de Gaulle s'était limité à célébrer Jean Moulin, en 1964). Son retour pourrait exprimer une quête d'identité nationale dans un pays perclus de doutes.

     

    - 4 RÉSISTANTS AU PANTHÉON

    Le Panthéon (gravure du milieu du XIXe siècle)

     

    Voeu inabouti

     

    Gravement malade à Metz en 1744, le roi Louis XV fait le voeu, en cas de guérison, de reconstruire l'église Sainte-Geneviève.

     

    Située sur la « montagne » du même nom, au coeur du Quartier Latin, cette église était l'héritière de la basilique des Saints-Apôtres érigée sur ordre du roi Clovis à l'endroit où mourut et fut ensevelie en 502 sa conseillère Geneviève, sainte patronne de Paris. Le roi des Francs et son épouse Clotilde y sont eux-mêmes inhumés respectivement en 511 et 545.

     

    Le dôme intérieur du Panthéon de ParisAu XIIe siècle, les chanoines de l'ordre de Saint-Augustin, dits Génovéfains (de sainte Geneviève), s'installent dans une abbaye voisine.

     

    C'est seulement en 1755, onze ans après le voeu de Louis XV, que l'architecte Jacques Soufflot commence la construction de l'église actuelle, en style néo-classique, avec une nef intérieure en marbre.

     

    En forme de croix grecque, le bâtiment a une longueur de 110 mètres et une largeur de 82. Son dôme culmine à 83 mètres. Dans la structure, du métal vient en renfort de la pierre.

     

    Construit dans une époque où ne souffle plus l'esprit religieux d'antan, le massif monument à coupole semble anticiper les lourds monuments de l'époque stalinienne. Il est tout juste achevé à la veille de la Révolution.

     

    Un Panthéon à Paris comme à Rome

     

    Quand meurt Mirabeau, l'un des inspirateurs de la Révolution, le 2 avril 1791, l'Assemblée nationale décide de l'inhumer dans l'édifice et de convertir celui-ci en nécropole nationale, à l'image de l'abbatiale de Westminster, à Londres.

     

    La crypte, prévue pour accueillir les dépouilles des Génovéfains, compte trois cents emplacements, ce qui permet de voir venir. Mais l'Assemblée a le mauvais goût d'obturer les fenêtres latérales qui donnaient à l'édifice légèreté et lumière, afin de plonger la nef dans une pénombre... mortuaire.

     

    L'église prend le nom de Panthéon, d'après un mot grec qui désigne l'ensemble des dieux et que l'on retrouve dans le nom d'une splendide basilique romaine, construite sur le même plan circulaire, avec une audacieuse coupole sous laquelle repose le peintre Raphaël.

     

    - 4 RÉSISTANTS AU PANTHÉON

    La sépulture de Voltaire au Panthéon (Paris)Premier hôte du Panthéon parisien, Mirabeau en est exclu en 1793, suite à des révélations sur sa trahison, et remplacé par Marat, lequel en sera à son tour exclu quand les révolutionnaires renieront la Terreur.

     

    Dès après Mirabeau, c'est à Voltaire d'entrer au Panthéon en 1791. Il y est rejoint en 1794 par son vieil ennemi, Rousseau.

     

    Sous le Premier Empire, en 1806, l'église est rendue au culte mais sa crypte continue de recevoir les dépouilles des « grands hommes » et des fidèles de l'Empereur, généralement d'illustres inconnus.

     

    Sous la Restauration, en 1821, la crypte est fermée et l'ensemble de l'édifice rendu au culte catholique. Louis XVIII, à qui l'on suggère d'exclure le mécréant Voltaire du temple, répond : « Ça ne lui fera pas de mal d'écouter la messe de temps en temps  ».

     

    Revirement sous Louis-Philippe 1er. Le « roi-bourgeois » enlève le monument au culte mais ferme la crypte.

     

    Le fronton du Panthéon est adorné par David d'Angers de l'inscription célèbre : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante »  (dans le même temps, dans le souci de rassembler la Nation autour de son Histoire, le roi inaugure à Versailles un musée de l'Histoire de France dédié « Aux gloires de la France »).

     

    - 4 RÉSISTANTS AU PANTHÉON

    Sainte Geneviève rencontre saint Germain d'Auxerre (Pierre Puvis de Chavannes, 1878, Panthéon de Paris)En 1848, la Seconde République transforme le Panthéon en « Temple de l'humanité ». En 1851, la nef accueille le pendule de Foucault pour une expérience scientifique de longue haleine.

     

    Le 6 décembre 1851, sitôt après le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte qui installe le Second Empire, l'édifice est élevé au rang de basilique nationale et retrouve la châsse de sainte Geneviève qui en avait été chassée en 1792. L'inscription de David d'Angers est effacée.

     

    En 1871, nouveau retour de balancier : la IIIe République enlève les symboles du christianisme.

     

    Les murs de la nef sont décorées avec des peintures sur toiles marouflées qui représentent la vie de sainte Geneviève et quelques événements mythiques de la France des origines.

     

    Le principal auteur de ces peintures est le peintre raphaélite Pierre Puvis de Chavannes (1824-1898).

     

    En 1885, les républicains affirment le triomphe définitif du régime sur la monarchie et l'Église. Ils remettent une bonne fois pour toutes la nécropole du Panthéon en service à l'occasion des funérailles de Victor Hugo.

     

    - 4 RÉSISTANTS AU PANTHÉON

     

    Des hôtes pour la plupart inconnus

     

    La plupart des hôtes du Panthéon sont pour la plupart inconnus (proches de Napoléon 1er, hauts fonctionnaires, militaires etc). Les plus connus : Marcellin Berthelot (et sa femme), Lazare et Sadi Carnot, Félix Éboué, Léon Gambetta (le coeur seulement !), Victor Hugo, Jean Jaurès, Paul Lagrange, Paul Langevin, Lannes, Paul Painlevé, Jean Perrin, Émile Zola...

     

    Derniers arrivés : André Malraux, Pierre et Marie Curie, Condorcet (tombeau vide), Monge, abbé Grégoire, Jean Monnet, René Cassin, Jean Moulin, Braille, Victor Schoelcher (et son père), Alexandre Dumas, les « Justes des Nations »... Enfin quatre résistants en 2015 : Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève Anthonioz-de Gaulle. Notons que les deux dernières auront les honneurs du Panthéon sans que leur dépouille y soient transférées, suivant le souhait de leur famille. Quelques autres hôtes sont dans le même cas.   

     

    La littérature assez peu représentée

     

    Alexandre Dumas (24 juillet 1802, Villers-Cotterêts ; 5 décembre 1870, Dieppe)Alexandre Dumas est le dernier écrivain à avoir eu les honneurs du Panthéon. Sa dépouille a quitté Villers-Cotterêts, où il est né en 1802 et a été inhumé peu après sa mort, survenue à Dieppe en 1870, pour rejoindre, le 30 novembre 2002, dans une atmosphère de joyeux carnaval, le caveau où reposent son ami Victor Hugo et un autre grand romancier populaire, Émile Zola.

     

    Son entrée au Panthéon est une forme de revanche posthume pour son père, général de la Révolution tombé en disgrâce sous le règne de Napolén 1er.

     

    L'auteur des Trois Mousquetaires (1844) n'est jamais que le sixième écrivain accueilli au Panthéon ès-qualité, après Voltaire, Rousseau, Hugo, Zola et Malraux. Sur un total de 74 hôtes (2015) dont une majorité d'illustres inconnus, c'est peu pour un pays qui se targue de posséder l'une des plus riches littératures du monde.

     

    À quand le tour d'Honoré de Balzac, George Sand, Jules Michelet, Alexis de Tocqueville, Charles Baudelaire, Marcel Proust, Marc Bloch, Raymond Aron, Albert Camus…?

     

    Fabienne Manière

     


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  • - MGR ROMERO BÉATIFIÉ

    LE BIENHEUREUX OSCAR ROMERO

     

     

    Mgr Romero béatifié à San Salvador devant une foule immense

    La fête du Bienheureux Oscar Romero est fixée au 24 mars,

     jour de sa mort.

     

     

     

    - MGR ROMERO BÉATIFIÉ

    La foule lors de la Béatification

     

    Oscar Arnulfo Romero y Galdamez est donc Bienheureux. Environ 200 000 personnes, parmi lesquelles de nombreux chefs d'État, ont participé samedi à San Salvador à la cérémonie de béatification de l'archevêque martyr, assassiné en haine de la foi le 24 mars 1980, pendant qu'il célébrait l'eucharistie. « Un homme de foi profonde et d'une espérance inébranlable », ainsi l'a défini le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, qui représentait le Pape François lors de cette cérémonie.

     

    Une célébration interrompue dans le sang

     

    La joie des centaines de milliers de fidèles réunis sur la place "Divino Salvador del Mundo", dans la capitale salvadorienne, était immense. Le postulateur de la cause de béatification, Mgr Vincenzo Paglia, qui est aussi le président du Conseil pontifical pour la famille, a rappelé publiquement la témoignage lumineux de l'archevêque martyr, tué pendant la célébration eucharistique par les escadrons de la mort liés au gouvernement militaire, parce qu'il dénonçait les violences du régime.

    « Avec la messe d'aujourd'hui, a expliqué Mgr Paglia, s'accomplit cette célébration interrompue dans le sang », ainsi que celle des funérailles, également marquée par un massacre, lorsque l'armée avait ouvert le feu sur les fidèles. Rouge, couleur du martyre, l'estrade mise en place pour la cérémonie de béatification a accueilli parmi les reliques, à côté de la palme du martyre, la chemise céleste de Romero tachée de sang. Le message était clair : la mort n'a pas vaincu.

    « Le sang de l'archevêque martyr, a rappelé le cardinal Amato, ce 24 mars 1980, s'est mêlé sur l'autel au sang rédempteur du Christ. Homme vertueux, bon prêtre, évêque sage, il aimait Jésus, Marie, l'Église, son peuple. » Son option pour les pauvres « n'était pas idéologique, mais évangélique ». Mgr Romero reste encore « une source de réconfort pour les délaissés et les marginalisés, a insisté le cardinal Amato, dans son homélie en espagnol.

    - MGR ROMERO BÉATIFIÉ

    Avec St Jean-Paul II

     

    Un symbole de paix, de concorde et de fraternité

     

    Il a rappelé que le martyre de Romero n'a pas été un hasard, un simple concours de circonstances, mais bien le sommet d'un chemin spirituel. "Tu es tu, moi je ne suis rien. Avec ton tout et avec mon rien nous ferons beaucoup", écrivait-il, alors jeune séminariste, dans une prière conservée dans son journal, et citée par le cardinal Amato qui a rappelé le chemin qui, « de pasteur doux et presque timide l'a porté, à la suite de l'assassinat du jésuite Rutilio Grande, curé des paysans oppressés et marginalisés, à recevoir de l'Esprit Saint le don de la force, qui, l'a amené à s'engager de plus en plus explicitement dans la défense du peuple oppressé et des prêtres persécutés. » « Sa charité, a conclu le cardinal Amaro, s'étendait à ses persécuteurs et il leur prêchait la conversion au bien. Il n'était donc pas symbole de division, mais de paix, de concorde et de fraternité. »

     

    Pour le Pape, "Mgr Romero est l'incarnation du bon pasteur"

     

    « Monseigneur Romero, qui construisit la paix avec la force de l’amour, donna témoignage de la foi par sa vie livrée jusqu’à l’extrême ». Ce sont les mots que le Pape François écrit dans une lettre adressée à l’archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar Alas et président de la conférence épiscopale du Salvador. Le Pape a pris la plume à l’occasion de la béatification ce samedi à Salvador de Mgr Oscar Romero, archevêque de la capitale du San Salvador, assassiné alors qu’il célébrait la messe en 1980. Dans ce texte, il revient sur la figure du nouveau bienheureux et sur les enseignements que les catholiques et l’Eglise peuvent en tirer aujourd’hui.

     

    Mgr Romero est l’incarnation du Bon Pasteur, celui qui « reçut la grâce de s’identifier pleinement avec Celui qui donna sa vie pour ses brebis ». Pour le Pape François, l’évêque assassiné « sut conduire, défendre et protéger son troupeau, restant fidèle à l’évangile et en communion avec toute l’Eglise ». Mgr Romero se distingua ainsi « par sa particulière attention aux plus pauvres et aux personnes marginalisées ».

     

    Cet exemple fauché par les balles, le Pape le donne aux fidèles d’aujourd’hui puisque « la voix du nouveau bienheureux continue de résonner pour nous rappeler que l’Eglise, convocation des frères autour de son Seigneur, est famille de Dieu, dans laquelle il ne peut y avoir de division. La foi en Jésus Christ crée des communautés faiseuses de paix et de solidarité ». C’est ce à quoi nous invite Mgr Romero, et ce à quoi il invite l’Eglise : « à être riche en miséricorde, à se convertir en levain de réconciliation pour la société. » Le Pape insiste et explique que « Mgr Romero nous invite à la raison et à la réflexion, au respect de la vie et de la concorde ». Sa vie et sa mort nous montrent qu’il « est nécessaire de renoncer à la “violence de l’épée et de la haine” ». Le bienheureux avait ressenti dans sa propre chair « l’égoïsme qui se cache chez qui ne veut céder du sien pour donner aux autres ».

     

    Preuve que le message de Mgr Romero est toujours vivant, le Pape François reconnait qu’est arrivé pour le Salvador « le moment favorable pour une vraie réconciliation nationale face aux défis à affronter aujourd’hui ». Le monde et le Salvador ont ainsi encore beaucoup à recevoir du nouveau bienheureux.

     

     

     


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