• Les grandes heures de Notre-Dame de Paris

     

    (Depuis plus de huit siècles, le cœur de la France bat à l’unisson de ce vaisseau de pierres. Mariages, actions de grâce, hommages, sacres ou encore funérailles… De Saint Louis à de Gaulle, la cathédrale a servi de théâtre à tous les grands moments de l'Histoire nationale.)

    Marc Fourny

     

    Un fils de bûcherons donne une cathédrale à Paris

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    C’est en 1163 que l’évêque Maurice de Sully, fils de pauvres bûcherons, décida de donner à la capitale du royaume une cathédrale à sa mesure, dans le nouveau «style français», que l’on appelle aujourd’hui gothique.

    Notre-Dame de Paris reçut de Saint Louis une relique précieuse entre toutes : la couronne d’épines qu’aurait portée le Christ. Elle accueillit le procès en réhabilitation de Jeanne d’Arc. Plus tard, c’est devant son porche que le protestant Henri de Navarre, futur Henri IV, épousa sa cousine Marguerite de Valois…

    Désaffectée à la Révolution, elle renoua avec l’Histoire en accueillant le sacre de Napoléon. Mais il fallut la magie d’un roman populaire, Notre-Dame de Paris, par Victor Hugo, pour que la France, enfin, se réapproprie la cathédrale, lui restitue sa beauté originelle et la replace au cœur de son Histoire…

     

    Au cœur de l’Histoire de France

     

    Son destin pouvait-il échapper à l’Histoire de France ? En se dressant au cœur même de la capitale, sur la petite île de la Cité, bénie par un pape (Alexandre III), parrainé par un roi (Louis VII), comment ne pouvait-elle pas symboliser la toute-puissance d’un pouvoir temporel et spirituel ?

     

    L’évêque de Paris a rang de baron, il règne sur des terres et des forêts innombrables autour de Paris, exerce son droit de justice, et devient peu à peu l’un des personnages les plus influents du royaume, allant même jusqu’à gérer les affaires courantes en cas d’absence du roi, tel un premier ministre par intérim. Il est vrai que le souverain réside à deux pas, sur la pointe de l’île de la Cité, dans un palais raffiné doté d’un splendide jardin qui donne sur la Seine, en attendant de loger dans celui du Louvre, au XIVe siècle.

     

    La cathédrale Notre-Dame devient donc naturellement la paroisse royale, là où se déroulent fêtes et célébrations, car suffisamment grande pour accueillir le peuple de Paris. Mais son rang reste précaire, elle doit sans cesse lutter contre la très influente abbaye de Saint Denis qui détient les regalia - sceptre, couronne et main de justice – ainsi que l’oriflamme des troupes royales. Plus tard, elle devra également accepter la concurrence de la toute proche Sainte-Chapelle, bâtie par Saint Louis.

     

    La couronne d’épines

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    De fait, l’un des premiers actes marquant de son histoire reste sans aucun doute l’arrivée solennelle de la couronne du Christ, achetée une fortune par Louis IX, futur Saint Louis, à des banquiers vénitiens qui la possédaient en gage.

     

    Le reliquaire de la couronne d'épines, conservé à Notre-Dame de Paris En août 1239, la relique inestimable fait son entrée dans Paris, lors d’une procession solennelle : on y voit le jeune roi de France, âgé de 25 ans, pieds nus et vêtu d’une simple tunique, porter la couronne d’épines entre ses mains, entrer dans Notre-Dame et la déposer sur l’autel à la vénération des fidèles.

     

    Elle y restera quelques années sous la surveillance du chapitre de la cathédrale avant de rejoindre la Sainte-Chapelle, édifiée en un temps record moins de dix ans plus tard.

     

    Notre-Dame perd l’avantage dans la course aux reliques mais reste toujours le symbole du pouvoir : en 1302, le roi Philippe Le Bel, en conflit ouvert avec le pape, décide de rassembler ses soutiens sous les voûtes de la cathédrale en convoquant les premiers états généraux du royaume.

     

     

    Justice divine, justice royale

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    L’assemblée reconnaît de fait l’autorité du roi, au détriment du pouvoir spirituel. Le message passe, les papes finiront par composer, non sans frictions, avec le plus puissant État de la Chrétienté. Ont-ils le choix, du reste ? Le roi, comme le pape, est aussi le vicaire du Christ sur terre. Sa justice se confond bien souvent avec celle des prélats. Au cœur de Paris, le pilori - ou l’échelle - est situé devant le portail, bien en vue des fidèles.

     

    Gare à ceux qui provoquent la justice divine… et par là même la colère du roi. En mars 1314, les Parisiens se pressent en masse sur le parvis pour entendre la sentence prononcée à l’encontre de Jacques de Molay, Grand Maître de l’ordre du Temple, dont le roi Philippe le Bel veut la perte.

     

    Condamné à la prison à vie - ce qui équivaut bien souvent à la mort certaine -, il se rétracte soudain devant une foule stupéfaite : «L’ordre est pur, il est saint : les confessions sont absurdes et menteuses…». Voilà le grand maître relaps, l’archevêque ne peut que le livrer au bras séculier et au feu du bûcher. Qui s’embrasera le soir même dans l’île aux Juifs, à quelques centaines de mètres des tours massives de la cathédrale, au pied de l’actuel pont Neuf.

     

    L’unité retrouvée

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    À la fin du Moyen Âge, au XVe siècle, voilà la cathédrale en passe de devenir le symbole d’une certaine unité, tandis que la France sort de la désastreuse guerre de Cent Ans.

     

    Jeanne d’Arc ouvre la route de Reims en délivrant Orléans des Anglais, les villes du nord de la Loire tombent les unes après les autres dans la main du petit roi de Bourges. Charles VII décide de célébrer ses victoires et le recouvrement du royaume par de grandes processions : en 1449, des milliers d’enfants, habillés de blanc avec un cierge en main, parcourent la nef de la cathédrale en signe d’action de grâce devant la cour en oraison.

     

    Six ans plus tard, une vieille paysanne prend la parole sous les voûtes vénérables pour défendre la mémoire et l’honneur de sa fille, Jeanne d’Arc. C’est là que s’ouvre en effet le procès en réhabilitation de la Pucelle, condamnée par l’Église et brûlée à Rouen par les Anglais. Notre-Dame devient le temple et le cœur d’un pays qui renaît de ses cendres.

     

    Mariages malheureux

     

    Heures pieuses, heures sombres, mais heures festives aussi, comme lors des mariages royaux, célébrés par un carillon de cloches à faire trembler les toits de Paris. Quoique… On ne peut pas dire que les unions célébrées en ces lieux furent toutes heureuses.

     

    En avril 1558, la jeune Marie Stuart, reine d’Écosse, épouse le Dauphin, futur François II. Moins de trois ans plus tard, elle a eu le temps d’être reine de France, puis veuve…

     

    En 1572, c’est au tour de Marguerite de Valois, la très catholique sœur du roi Charles IX, d’épouser le protestant Henri de Navarre. Les Parisiens voient d’un mauvais œil cette alliance tortueuse, voulue par la reine mère Catherine de Médicis, alors que les guerres de religion divisent la France. L’échange des consentements a lieu sur une estrade splendidement parée, dressée sur le parvis, pour que le «parpaillot» ne foule pas l’enceinte sacrée où une messe est célébrée en présence de la fiancée…

     

    Ces épousailles politiques virent aux noces de sang puisqu’elles sont suivies peu après de la terrible nuit de la Saint Barthélemy, où les plus grandes figures du protestantisme finissent éventrés et jetés dans la Seine… Le même Henri de Navarre, devenu Henri IV après avoir embrassé la religion catholique, reviendra sur ce même parvis rendre grâce à la Vierge et gagner le cœur des Parisiens, encore méfiants.

     

    Prier à Notre-Dame, c’est aussi asseoir son pouvoir sur la capitale très chrétienne.

     

    Le cœur de la Nation

     

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    Messes et actions de grâce rythment ainsi les grandes heures de la France, comme autant de points d’orgues des toutes premières «fêtes nationales». On a vu combien Charles VII multipliait les offices et les processions tandis qu’il recousait son royaume rapiécé.

     

    La tradition demeure et s’amplifie dans les siècles suivants. Les rois viennent présider un Te Deum (action de grâce solennelle) après chaque retour du sacre, ainsi que pour tout grand événement qui vient cimenter le destin du pays : accueil de souverains étrangers, signatures de traités, mariages et naissances royales, entrée de la nouvelle reine à Paris, victoires éclatantes sur les ennemis.

     

    Louis XIII, puis son fils Louis XIV, prennent ainsi l’habitude de faire exposer dans la nef les drapeaux pris sur les batailles, ce qui vaudra au maréchal François-Henri de Montmorency-Luxembourg son fameux surnom de «Tapissier de Notre-Dame».

     

    Près de trois cents Te Deum sont ainsi célébrés sous l’Ancien Régime, le dernier en date pour la naissance du second fils de Louis XVI, le petit duc de Normandie, qui mourra dans la prison du Temple.

     

    C’est donc tout naturellement que Notre-Dame s’impose comme la grande paroisse de France, un statut qui ne fera que se confirmer tout au long du XIXe siècle, après les affres de la Révolution française, où les révolutionnaires envisagent de s’en servir comme carrière.

     

    Le Sacre impérial

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

     

    Quand Napoléon décide de se faire sacrer Empereur des Français, il ne peut choisir la cathédrale de Reims, symbole de l’ancienne dynastie, tout juste décapitée. Il recule devant Aix-la-Chapelle, lieu du couronnement des empereurs germaniques.

     

    Notre-Dame de Paris à l'issue de la Révolution, vers 1800 (gravure d'époque)Va pour Notre Dame, même si le seul sacre qui s’y déroula, celui de l’usurpateur anglais Henri VI aux heures les plus sombres de la guerre de Cent ans, ne porta guère chance au jeune roi puisqu’il fut invalidé.

     

    Notre-Dame, grande et vaste, est au demeurant le seul bâtiment parisien capable d’abriter la grandiose mise en scène par Bonaparte pour imposer sa dynastie.

     

    En revanche, le gothique est jugé vieillot, ringard, dépassé, il faut tout transformer et se servir des murs comme support d’un incroyable décor de bois et de carton-pâte ! La façade du XIIIe siècle disparaît derrière un immense arc de triomphe aux armoiries de l’empire, avec les effigies de Clovis et de Charlemagne – exit Capet, trop clivant pour l’époque.

     

    À l’intérieur, la démesure le dispute au bon goût : des tentures aux abeilles d’or recouvrent les murs et les piliers, la pierre disparaît sous du carton imitant le marbre, un voile cache même la voûte de la cathédrale et un immense trône se dresse sur une estrade pourvue de vingt marches, enrichie d’aigles, de colonnes et de plumes !

     

    Tout autour, des tribunes à deux étages où s’entassent les nouveaux privilégiés du pouvoir, venus assister au triomphe de leur champion, béni par le pape Pie VII lui-même au terme d’une cérémonie qui n’en finit plus.

     

    «On voyait rangés par ordre tous les corps de l’État, les députés de toutes les villes, la France entière enfin, qui, représentée par ses mandataires, envoyait son vœu : attirer la bénédiction du Ciel sur celui qu’elle couronnait ! rapporte Laure Junot dans ses mémoires. Ces milliers de plumes flottantes qui ombrageaient le chapeau des sénateurs, des conseillers d’État, ces cours de judicature avec leur costume riche et sévère à la fois, ces uniformes brillants d’or, puis ce clergé dans toute sa pompe tandis que, dans les travées de l’étage supérieur de la nef et du chœur, des femmes jeunes, belles, étincelantes de pierreries et vêtues en même temps avec cette élégance qui n’appartient qu’à nous, formaient une guirlande ravissante au coup d’œil».

     

    La cathédrale accueille dès lors les grandes liturgies nationales. Napoléon III s'inscrit dans les pas de son oncle : Te Deum pour saluer le premier plébiscite, son mariage avec Eugénie, le baptême du Prince impérial, les actions de grâce pour les victoires, comme celle de Sébastopol…

     

     

    La cathédrale de la République

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    La chute du Second Empire ne change guère la donne puisque les républicains prennent le relais, en limitant toutefois les offices aux grandes funérailles nationales. La cathédrale devient le réceptacle d’un grand deuil collectif. Encore une fois, la tradition n’est pas nouvelle puisque dès sa construction, au XIIe siècle, la reine Isabelle de Hainaut, femme de Philippe Auguste, fut enterrée dans le chœur.

     

    Les corps des rois prirent d’ailleurs très vite l’habitude de passer par Notre-Dame avant de rejoindre la nécropole de Saint-Denis, et nombre de personnages éminents, princes de sang ou d’Église, eurent des funérailles grandioses avec des catafalques impressionnants dressés dans la nef et sublimés par les artistes italiens.

     

    En 1675, celui du Maréchal de Turenne frappe ainsi les esprits par sa démesure et sa richesse : le corps repose sous un temple à l’antique de plusieurs mètres de haut, éclairé par des torchères et des candélabres, sous un dais de draperies accrochées à la voûte.

     

    Deux siècles plus tard, la même pompe ressurgit pour enterrer les chefs de gouvernement de la jeune République, comme Adolphe Thiers ou encore Sadi Carnot, assassiné par un anarchiste en 1894.

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    Les façades de l’édifice sont recouvertes de tentures noires, tandis que l’énorme corbillard, précédé par les porteurs de gerbes, emporte le nouveau martyr au Panthéon.

     

    Sous la Ve République, le décorum s’allège mais le symbole perdure. De Gaulle, qui fit célébrer un Te Deum lors de la Libération de Paris - essuyant d’ailleurs des coups de feu sur le parvis – refuse par avance les funérailles de première classe réservées aux élites.

     

    - GRANDES HEURES DE NOTRE-DAME DE PARIS

    Pendant son enterrement très sobre au son de l’harmonium à Colombey-les-Deux-Églises, les grands de ce monde saluent sa mémoire dans la cathédrale, tendue de draperies tricolores. L’histoire se répète plus tard pour les obsèques de François Mitterrand, enterré en Charente pendant qu’une cérémonie se déroule à Paris, au son du Requiem de Duruflé. «Une messe pourra être dite…» avait laissé entendre le président agnostique.

     

    Dès lors, pas de grande émotion nationale sans un office à Notre-Dame : une veillée pour les moines de Tibhirine assassinés en 1996, l’enterrement de l’abbé Pierre en 2007, ou encore la cérémonie œcuménique en hommage aux victimes du vol Rio-Paris en juin 2009... Les grandes communions médiatiques succèdent ainsi aux solennités religieuses d’antan. Et les mêmes voûtes, plusieurs fois centenaires, servent toujours de décor à la ferveur populaire.

     

    Herodote.net


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  • Le pape François et Ban Ki-moon

    font cause commune pour le climat

     

    - FRANÇOIS ET BAN KI-MOON

     

    Reçu mardi 28 avril au Vatican, le secrétaire général de l’ONU a évoqué devant l’Académie pontificale des sciences la dimension morale de la protection de l’environnement.

     

    Le climat, un enjeu primordial pour les Églises

     

    L’Union européenne annonce ses engagements pour la conférence climat

    À sept mois de la « Conférence climat Paris 2015 » des Nations unies (COP21) qui doit aboutir à l’adoption d’un accord universel sur le climat, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est rendu mardi 28 avril au Vatican : d’abord pour une rencontre privée d’une demi-heure avec le pape François, puis pour un discours devant plus d’une centaine d’experts, de diplomates et de responsables d’Église participant à la conférence internationale « Protéger la planète, rendre digne l’humanité », organisée par l’Académie pontificale des sciences afin de réfléchir aux dimensions éthiques du changement climatique et du développement durable.

     

    Considérant qu’avec le pape il avait eu « une fructueuse et vaste conversation » – au cours de laquelle il a été notamment question des récents naufrages de migrants en Méditerranée – le secrétaire général de l’ONU a recommandé aux responsables scientifiques et religieux d’agir ensemble pour sensibiliser au changement climatique qui est, selon lui, « le grand enjeu de ce temps » car il touche à « la justice sociale, aux droits de l’homme et à l’éthique fondamentale ». « La science et la religion sont entièrement alignées sur le changement climatique », a-t-il ajouté, saluant les efforts du pape et de l’Église pour « attirer l’attention sur l’urgence de promouvoir un développement durable ».

     

    BAN KI-MOON PLAIDE POUR UNE « APPROCHE GLOBALE ET ENRACINÉE DANS LES VALEURS UNIVERSELLES »

    Comme le pape, Ban Ki-moon plaide en effet pour une « approche globale et enracinée dans les valeurs universelles », rappelant que tous les hommes ne sont pas également affectés par le changement climatique. « Ceux qui en souffrent le plus et en premier sont ceux qui y ont le moins contribué, à savoir les plus pauvres et les plus démunis », a-t-il souligné. Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux du pape François, en janvier dernier devant les Philippins du campus universitaire Saint-Thomas de Manille, après avoir évoqué les sinistrés du typhon Yolanda : « nous avons besoin de voir, avec les yeux de la foi, le lien entre l’environnement naturel et la dignité de la personne humaine ».

     

    Encourageant les pays qui font le choix de réduire leurs émissions de gaz carbonique et optent pour des énergies propres, Ban Ki-moon a insisté sur le fait que « pour transformer l’économie, il faut d’abord transformer les mentalités et les valeurs ». Or sur ce point, les religions peuvent « fournir la direction ». Enfin, après avoir énuméré les prochaines étapes internationales sur ces sujets (en juillet, la conférence sur les finances et le développement à Addis-Abeba, en Éthiopie ; en septembre, le pape s’adressera à l’ONU à New York lors du Sommet sur le développement durable et sur les nouveaux objectifs du millénaire ; en décembre, la COP21 à Paris), le secrétaire général a considéré que Paris ne devait pas être un point final mais « un tournant dans la découverte d’un chemin commun pour relever le défi climatique ».

     

    Ban Ki-moon et Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier de l’Académie pontificale des sciences, ont confirmé que le pape François avait terminé son encyclique sur l’écologie humaine. Celle-ci, en cours de traduction, devrait paraître en juin.

     

    ALETEIA 


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    Ados en difficulté : Manille/Marseille,

    même combat pour Sœur Sophie

     

    - ADOS EN DIFFICULTÉ

    Ce qui marche à Manille marche aussi à Marseille, quand il s'agit d'aider des jeunes en difficulté...

     

    Reconnue aux Philippines pour sa méthode de réinsertion des jeunes en rupture sociale, Sœur Sophie de Jésus est très sollicitée en France où un projet pilote contre la misère des jeunes est déjà actif à Marseille. Pourtant, quand Sœur Sophie de Jésus a quitté la France pour les Philippines, en 1997, elle était sûrement loin d’imaginer qu’elle serait un jour aussi sollicitée en Europe pour y reproduire son travail, voire le transformer en projet pilote pour aider les jeunes maltraités ou délinquants, à se reconstruire et se réinsérer dans la société.

     

    L'association Compassion Jeunesse Asie

     

    Sophie Renoux, 48 ans, originaire de Grenoble mais marseillaise d’adoption, vit à Manille où elle a fondé l’association Compassion jeunesse Asie (ACAY) centrée sur une « école de vie » qui accueille et aide à se reconstruire des jeunes filles ayant connu les pires situations, et « Seconde chance », un programme de réinsertion pour jeunes prisonniers, sous le leitmotiv : tout le monde a le droit à une seconde chance !

     

    La religieuse vient de publier un livre Défier le chaos, mon combat contre la misère des jeunes, (Éd. Presses de la Renaissance), dans lequel elle témoigne de prises de conscience, de libérations intérieures, de redécouverte du sens de la famille et du respect de l’autre, qui font qu’aujourd’hui un pourcentage très élevé de jeunes pris en charge par sa structure ne replongent pas (90% pour les jeunes suivis à leur sortie de prison).

     

    Des soeurs dans la vie

     

    Les très bons résultats de la méthode suivie par l’association ont beaucoup impressionné les autorités judiciaires aux Philippines mais également en Europe où Soeur Sophie est très convoitée. Depuis quelques années, il n’est pas rare de voir arriver au centre des membres de la justice européenne qui souhaitent découvrir le travail éducatif entrepris par ACAY. Ils repartent conquis : « Nous avons rencontré des sœurs confrontées à la noirceur de l’âme humaine… Des sœurs capables de se remettre en question en s’interrogeant, en analysant les situations et sans apporter aucun jugement… Ces sœurs  sont "dans la vie" : modernes, actives, dynamiques, opiniâtres, exerçant leur mission avec compassion, conviction, dans un pays où se côtoient pauvreté et richesse, où la vie et la mort se côtoient quotidiennement, où la justice côtoie l’injustice, cherchant à s’adapter aux  réalités sociales du pays pour pouvoir apporter l’amour et la paix… », témoignait un juge français pour enfants de la banlieue parisienne, à l’issue de l'un de ces voyages en 2010.

     

    À Aix-en-Provence, Sœur Sophie vient de lancer un projet pilote avec l'administration pénitentiaire auprès des jeunes incarcérés à la prison pour mineurs de Luynes (Bouches-du-Rhône) et à Marseille, celui du centre éducatif fermé de la Valentine. « Sur le modèle pédagogique éprouvé aux Philippines, nous aiderons les jeunes à mettre des mots sur leur colère, à gérer leurs émotions, puis nous développerons leur sens des responsabilités et leur créativité, au service des autres », résume Laurent Thorigne, le responsable de ces formations et membre actif de l’association (La Provence.com). Mais Sœur Sophie tisse des liens aussi à Grenoble, Lyon, Paris, Angers, Vannes, etc.

     

    Pour recueillir des fonds, la missionnaire a mis en place tout un réseau de soutien très actif qui organise conférences, concerts et ventes de produits d’artisanat dans toute l’Europe. Mais les dons particuliers constituent 70% des financements de la mission.

    Aleteia

     

     


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    Les secrets du pape François pour que les homélies ne soient pas ennuyeuses

     

    - LES SECRETS DU PAPE POUR UNE BONNE HOMÉLIE

     

    Le Pape a ordonné 19 prêtres ce dimanche, lors de la journée des vocations. Il leur a confié ses secrets pour des homélies passionnantes : qu’elles viennent du cœur.

     

    Ce sont 19 diacres qui ont été ordonnés prêtres par le pape François, dimanche 26 avril dans la basilique Saint-Pierre, au Vatican. Treize d’entre eux exerceront leur ministère au sein du diocèse de Rome, les six autres appartenant à différentes congrégations implantées dans le monde, dont un Coréen, un Colombien et un Chilien. Sur les six autres futurs prêtres, quatre d’entre eux sont originaires du Pérou et de Madagascar et appartiennent à la congrégation de la Famille des disciples. Un Croate appartient à l’ordre des Frères mineurs conventuels franciscains. Enfin, un autre vient du diocèse de Thamarassery, en Inde. Le Pape a créé une nouvelle fois la surprise en invitant deux d’entre eux, très jeunes, à réciter avec lui le Regina Cœli de la fenêtre du palais apostolique et à bénir avec lui les fidèles.

     

    L’exemple du Bon Pasteur

    « Gardez toujours à l’esprit l’exemple du Bon Pasteur, qui n’est pas venu pour être servi, mais pour servir », a rappelé le Saint-Père. « Il faut suivre le Bon Pasteur, et cela vaut surtout pour les prêtres, les évêques et les papes. Ceux-ci ne doivent pas adopter la mentalité d’un chef d'entreprise mais être des serviteurs, comme Jésus qui, en se dépouillant, nous a sauvé par la miséricorde. »

     

    Le Saint-Père a fustigé « les pasteurs mercenaires » en rappelant que le Bon Pasteur pense à ses brebis, il ne les exploite pas. « Il participe avec empressement à la vie de son troupeau. Il n’a aucun autre intérêt ni ambition que celui de guider, nourrir, et protéger ses brebis, même au prix de sa propre vie. » Le Saint-Père a encouragé les nouveaux prêtres à choisir un style de vie pastorale sous le signe du service. « En nous donnant Jésus comme Pasteur, le Père nous a donné ce qu’Il avait de plus précieux », a-t-il dit, « l’amour total qui n’est dicté par aucun intérêt, calcul, ou besoin ».

     

    Les secrets d’une bonne homélie

    Comme à son habitude, le Pape a été direct et explicite dans ses conseils aux nouveaux prêtres : « Vous êtes au confessionnal pour pardonner, pas pour condamner » ; si vous êtes prêtres, c'est « pour plaire à Dieu », et non « à vous mêmes, pour faire le paon » ; « Ne refusez jamais le baptême à qui le demande. » « Dispensez à tous la parole de Dieu que vous avez vous-même reçue dans la joie, a recommandé le Pape aux nouveaux prêtres. Lisez et méditez assidûment la parole du Seigneur afin de croire ce que vous lisez, apprenez ce que vous avez appris dans la foi, et vivez ce que vous avez enseigné. Et que ce soit une nourriture pour le peuple de Dieu. Que vos homélies ne soient pas ennuyeuses ; que vos homélies aillent droit au cœur des gens, parce qu’elles viennent de votre cœur, parce que ce que vous leur dites est ce que vous avez dans le cœur. C’est ainsi que se donne la parole de Dieu… »

    Sources: RADIO VATICAN

     

     


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    L’exceptionnelle épopée du groupe de chasse

    « Normandie-Niemen »

    Yves Donjon

     

    1942, jours sombres pour la France dont l'armée a été vaincue deux ans plus tôt en quelques semaines.

    Les Forces françaises libres ne se résignent pas à la défaite.

     

    Un petit nombre d'unités continue la lutte. En Egypte, en Syrie, au Liban, au Tchad, en Libye, dans les îles du Pacifique, sur terre et dans les airs, l'armée française est présente.

     

    Le général de Gaulle décide qu'une unité d'aviation de chasse française sera présente sur le front de l'Est.

     

    Il existe déjà deux groupes de chasse l'« Alsace » et l'« Ile de France ». Le troisième groupe s'appellera « Normandie ».

     

    Après de longues négociations avec l'URSS, le groupe constitué à Rayak au Liban, rejoint après un long périple, le 29 novembre, la base d'Ivanovo, ville située à 250 kilomètres au nord-est de Moscou.

     

    Soixante militaires français, dont 15 pilotes (1) tous volontaires, vont représenter la France sur le sol soviétique pour combattre le nazisme. L'instruction des Français durera du 2 décembre 1942 au 14 mars 1943.

     

    Il faut se familiariser avec la langue et surtout s'adapter aux conditions climatiques très difficiles de l'URSS.

     

    Les Soviétiques, malgré les difficultés économiques liées au conflit, font le maximum pour aider ces combattants venus de l'Ouest.

     

    La vie est très dure pour tous (température descendant jusqu'à -30° ayant une incidence directe sur l'entretien des avions), nourriture, difficulté d'adaptation pour les pilotes pour naviguer et retrouver leur terrain sur ces énormes étendues enneigées. Le matériel de combat choisi ne peut être que soviétique. Ce sera le chasseur Yak dont les versions successives satisferont toujours les Français.

     

    Le 19 mars 1943, le général Petit, chef de la mission militaire française à Moscou et le colonel Levandovitch du commandement supérieur des Forces aériennes de l'Armée Rouge inspectent pendant deux jours « Normandie ».

     

    De cette inspection, il est établi que : « Par ses qualités militaires et morales, cette unité est prête pour partir sur le front ».

     

    L'aventure du «Normandie » commence et la première campagne se déroule du 22 mars au 6 novembre 1943.

     

    Première campagne de mars à novembre 1943

     

    Pendant cette première campagne, les 14 pilotes du « Normandie » vont, parfois au prix du sacrifice suprême, impressionner très favorablement le Haut-Commandement de l'Armée Rouge.

     

    Les exploits et la fougue de nos pilotes en combat aérien vont faire l'objet d'un modèle de tactique qui va être cité en exemple et copié même par leurs homologues aviateurs soviétiques.

     

    Le « Normandie » est à la pointe du combat. Les missions consistent notamment à escorter les bombardiers Pe2. La chasse ennemie du secteur est assurée par la très fameuse Première Armée aérienne Mölders.

     

    Le 5 avril, la patrouille (sous-lieutenant Durand, lieutenant Préziosi) obtient les deux premières victoires du groupe.

     

    Les combats vont succéder aux combats, toujours plus âpres, au cours des quels les victoires vont s'accumuler mais avec leur inévitable lot de pertes. Celles-ci vont devenir si importantes que des renforts seront nécessaires. Ils arriveront à compter du 10 mai 1943.

     

    Le 19 juin pour la première fois, la Pravda publie le nom de cinq officiers français décorés de « l'Ordre de la Guerre pour la Patrie ».

     

    Le 14 juillet, « Normandie », unité minuscule sur l'immensité du territoire soviétique, voit flotter le drapeau français lors d'une prise d'armes de dix minutes entre Français et Soviétiques.

     

    Trois jours plus tard, c'est au tour du commandant Tulasne de ne pas rentrer. Il sera remplacé par le commandant Pouyade tandis que le sous-lieutenant Albert et le capitaine Préziosi obtiennent la trentième victoire du groupe.

     

    Les mécaniciens français, débordés et trop peu nombreux, sont remplacés par des mécaniciens soviétiques. Trente-trois pilotes arrivent en renfort du 22 décembre 1943 au 28 février 1944, puis dix-huit autres en mai.

     

    « Normandie », qui compte maintenant quatre escadrilles, est à juste titre considérée comme unité d'élite.

     

    « Normandie » est désormais la seule unité de chasse française connue à ce jour à porter l'appellation de régiment et à être pourvue d'un drapeau.

     

    « Normandie », qui compte alors 61 pilotes, entre dans sa deuxième campagne.

     

    Deuxième campagne de mai à novembre 1944

     

    Les actes de bravoure deviennent le quotidien des aviateurs français. Notons, lors de cette deuxième campagne, la faste journée du 16 octobre pour « Normandie » qui, en cent sorties, s'octroie 29 victoires sans une seule perte.

     

    Deux jours plus tard, en quatre vingt-huit sorties, les casseroles d'hélices tricolores abattent 12 avions. Le 20 octobre, soixante-neuf sorties, onze nouvelles victoires, le 22, cinquante-six sorties, quatorze autres victoires sans perte.

    Le 27 novembre 1944, « Normandie » a le privilège d'être la première unité française à stationner sur le sol allemand.

     

    Le 28, les lieutenants Albert et de La Poype sont élevés à la dignité de « héros de l'Union soviétique » et, par ordre de Staline, l'unité reçoit le titre de « Régiment du Niemen ».

     

    A compter de ce jour, « Normandie » portera fièrement l'appellation de Régiment Normandie-Niemen.

     

    Le 9 décembre, le général de Gaulle accueille à Moscou tous les pilotes du « Normandie-Niemen » qui reçoivent honneurs et décorations.

     

    Troisième campagne de janvier à mai 1945

     

    Le 12 janvier, le rouleau compresseur soviétique se remet en marche sur la Prusse orientale et la Pologne. Les chars soviétiques se battent à sept contre un, l'aviation à dix-huit contre un.

     

    Le lieutenant-colonel Pouyade, victime d'un accident de voiture, laisse son commandement au commandant Delfino.

     

    Les anciens partent en permission et, le 30 décembre 1944, le lieutenant Marchi remporte la deux centième victoire.

     

    Les 19, 21 et 23 janvier 1945, l'héroïsme du « Normandie-Niemen » est récompensé par trois citations à l'ordre du jour du maréchal Staline.

     

    Le 21 février, il ne reste que vingt-cinq pilotes. Le 20 mars, le « Normandie- Niemen » se voit remettre l'Ordre du Drapeau Rouge.

     

    Le 12 avril, le lieutenant Henry abat un FW 190 ; ce sera la dernière victoire du « Normandie-Niemen ». Hélas, ce pilote sera, quelques heures plus tard, victime d'une salve d'artillerie.

     

    Le 9 juin 1945, considérant le comportement exemplaire des pilotes français sur le front soviétique, le maréchal Staline estime qu'il serait injuste de les désarmer. Il leur fait don de leurs avions Yak 3, qui se poseront, le 20 juin, au Bourget devant une foule énorme venue les accueillir.

     

    Ainsi se termine l'épopée commencée le 22 mars 1943 ; le « Normandie-Niemen » a obtenu 273 victoires confirmées, 37 probables et 47 avions endommagés en 869 combats aériens.

     

    Quatre pilotes ont été élevés à la dignité de « Héros de l'Union soviétique ».

     

    Vingt-et-un ont été faits compagnons de la Libération par le général de Gaulle.

     

    Quarante-deux pilotes français sont morts pour la France sur un total de quatre vingt-seize, qui participèrent aux trois campagnes. Leurs noms sont inscrits sur une plaque commémorative, scellée sur la façade de la maison de la Mission militaire française à Moscou.

     

    Un musée, créé aux Andelys (Eure), retrace cette fabuleuse épopée (2). Quand vous visiterez ce musée, unique en France, vous serez pris comme nous par une espèce de culte pour toute l'abnégation, l'héroïsme, les joies, les peines, les sacrifices que représentent ces souvenirs que nous nous devons de citer en exemple aux jeunes générations.

     

    (1) 14 pilotes de chasse et un pilote de liaison.

     

    (2) Avec en 2009 la mise en sommeil des traditions  du régiment de chasse et la dissolution de l’escadrille russe Normandie-Niemen, ce mémorial  semble actuellement remis en question. Voir l’appel lancé à ce propos sur le site : http://normandieniemen.free.fr


     

     

     


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