• La crèche de Noël

     

    Une tradition populaire aux mille facettes

     

    - CRÊCHES

    Santons habillés d'Emilie Puccinelli-Meinnier, 1905-1974 (musée du santon Marcel Carbonel, Marseille), DRIl a fallu fouiller au grenier ou chercher dans la cave la vieille boîte où, depuis presque un an, tous les personnages attendent patiemment de revoir le jour.

     

    C'est l'étable qui est installée en premier, puis viennent l'âne et le bœuf, et enfin tous les autres...

     

    Comme à chaque veille de Noël, la crèche retrouve sa place dans de nombreux foyers, en France et dans le monde, pour perpétuer une tradition plus que millénaire, associée à la célébration de la naissance du Christ, la Nativité.

    Isabelle Grégor

     

     

    Le récit évangélique de la Nativité

    « Or, pendant qu'ils étaient là [à Bethléem], le jour où elle [Marie] devait accoucher arriva : elle accoucha de son fils premier-né, l'emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans la salle d'hôtes.

     

    - CRÊCHES

     Il y avait dans le même pays des bergers qui vivaient aux champs et montaient la garde pendant la nuit auprès de leur troupeau. Un ange du Seigneur se présenta devant eux, la gloire du Seigneur les enveloppa de lumière et ils furent saisis d'une grande crainte. L'ange leur dit : « Soyez sans crainte, car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Il vous est né aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur ; et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». […] Ils y allèrent en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la mangeoire » (Évangile selon saint Luc, 2).

    123456

     

    Un berceau dans une étable

    - CRÊCHES

     

    La crèche est née avec le christianisme puisqu'elle est évoquée dans les premiers écrits des évangélistes. C'est Luc qui y fait directement allusion, expliquant que Marie et Joseph, venus à Bethléem pour être recensés, n'avaient pu trouver place dans la salle commune de leur hôte. Faute de mieux, celui-ci les avait installés dans la pièce inférieure, affectée aux animaux. Une version tardive du IIe siècle a fait de cette étable une grotte.

     

    Conrad von Soest, Nativité, 1403, Bad WildungenL'enfant Jésus aurait donc été placé, dès sa naissance, dans la mangeoire pour bestiaux, désignée en allemand par le mot krippe qui a donné, au XIIe siècle, notre « crèche ».

     

    Par extension, ce terme désigna rapidement les représentations de cet épisode, mais uniquement sous forme de décors comportant des personnages mobiles... Joliment laïcisé, il désigne aujourd'hui une structure administrative qui accueille les tout-petits pendant que leurs parents travaillent.

     

    Tandis que, d'un côté, les artistes s'emploieront à figurer des « nativités », de l'autre, le peuple mettra tout son talent à la mise en scène de « crèches ». Mais restons encore un peu à Bethléem : c'est ici en effet que la première crèche, « la vraie », fut vénérée dès les premiers siècles.

     

    Au IVe siècle, saint Jérôme s'indigne déjà de sa disparition : « Elle m’est autrement précieuse, celle qui a été enlevée ; […] la foi chrétienne est digne de cette crèche d'argile. […] j'admire le Seigneur qui, quoique créateur du monde, naît, non entre l'or et l'argent, mais dans la boue » (Homélie sur la Nativité). Certains fragments du Saint Berceau auraient cependant été conservés et rapportés par des pèlerins dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome où dès 432, le pape Sixte III avait créé une copie de la Grotte.

     

    Crèches vivantes et édification des fidèles 

     

    C'est à cette époque en effet, tandis qu'expire l'empire romain d'Occident, que la célébration de la naissance de Jésus devient courante. Au cœur de l'hiver, elle prend la place des fêtes païennes dédiées au solstice et à la renaissance du soleil.

     

    À l'origine, la crèche n'est qu'un outil, un décor rendant plus réalistes et frappantes les représentations « théâtrales » organisées à l'intérieur puis à l'extérieur des églises. Il s'agit de mettre en scène sous forme de tableaux vivants les différents épisodes de la vie du Christ afin de les enseigner au peuple illettré.

     

    Saint François d'Assise, se rendant compte de l'efficacité du procédé, aurait été le premier en 1223 à créer une crèche vivante dans un cadre naturel, avec l'aide des villageois de Greccio. Son exemple fut suivi dans toute la chrétienté, y compris en France sous la forme de représentations pieuses appelées « mystères ». S'éloignant par trop de la morale religieuse, elles furent interdites en 1548 à Paris.

    - CRÊCHES

     

    La crèche de saint François

    « Le bienheureux François, comme il faisait souvent, [...] fit appeler à lui [un homme appelé Jean] environ quinze jours avant la nativité du Seigneur et lui dit : ''Si tu désires que nous célébrions la présente fête du Seigneur à Greccio, dépêche-toi de t’y rendre à l’avance et ce que je te dis, prépare-le soigneusement. Car je veux faire mémoire de cet enfant qui est né à Bethléem et observer en détail, autant que possible de mes yeux corporels, les désagréments de ses besoins d’enfant, comment il était couché dans une crèche et comment, à côté d’un bœuf et d’un âne, il a été posé sur le foin''. Entendant cela, l’homme bon et fidèle courut bien vite et prépara en ce lieu tout ce que le saint avait dit.

     

     [...] De fait, on prépare une crèche, on apporte du foin, on conduit un bœuf et un âne. Là est honorée la simplicité, exaltée la pauvreté, louée l’humilité et l’on fait de Greccio comme une nouvelle Bethléem » (Thomas de Celano, Vita Prima, 1128).

    Fra Angelico, La Nativité, 1441, Florence, couvent saint Marc

    Crèches et santons

     

    La vogue des crèches vivantes, à la fin du Moyen Âge, ne fait pas pour autant disparaître les crèches décoratives. Celles-ci deviennent au contraire plus maniables sous la forme de figurines dont la première mention date du XIIIe siècle, dans un monastère bavarois.

     

    Malgré l'hostilité des disciples de Calvin à toute imagerie religieuse, les crèches se multiplient en Europe dans les siècles suivants sous l'influence de la Contre-Réforme, qui y voit un outil didactique.

     

    L'époque baroque est pour elles le temps de la multiplication des personnages et de l'exubérance sans limite : dans la région de Naples, toutes les grandes familles se disputent l'honneur de posséder le plus bel exemplaire de preseppe (mot italien pour une « étable »)  !

     

    Les rois mages, crèche du palais de Caserte (Campanie), DR

    Les Jésuites en installent une à Prague en 1562 tandis qu'à Paris, c'est Anne d'Autriche qui donne un écrin grandiose à la représentation de la Nativité : il s'agit de l'église du Val-de-Grâce, érigée en « action de grâce de la naissance de Louis XIV, après vingt-deux ans d'attente ».

     

    La Révolution, interdisant les manifestations publiques de croyance, fait rentrer les crèches dans les maisons.

     

    Moule de Jean-Louis Lagnel (Marseille, 1764-1822)Elle suscite à son corps défendant une nouvelle forme d'art populaire : les santouns, ou petits saints, des figurines en mie de pain qui permettent à chaque Provençal de créer sa propre crèche dans l'intimité.

     

    Leur succès est tel que, dès 1803, une grande foire leur est consacrée à Marseille, foire qui a toujours lieu aujourd'hui.

     

    Au début du XIXe siècle, le sculpteur Jean-Louis Lagnel a l'idée de fabriquer les santons non plus en plâtre mais en argile, à partir de moules et donc reproductibles à volonté.

     

    À partir de 1914, ils s'habillent grâce à l'abbé César Sumien qui montre un vrai souci du détail. Artisanaux ou fabriqués à la chaîne, les santons de Provence se caractérisent encore aujourd'hui par leur grande variété et leurs couleurs vives.

     

    Santons habillés par l'abbé César Sumien, 1858-1934 (musée du santon Marcel Carbonel, Marseille), DRCohabitant avec les personnages sacrés, ils nous donnent une image de la vie de cette région au XIXe siècle avec ses habitants en costume paysan, portant sous le bras les instruments de leur quotidien.

     

    Si parfois saint François y cohabite avec le maire du village, c'est surtout le personnage de « lou ravi » qui attire les regards : bras au ciel, le simple d'esprit témoigne à lui seul de la joie de toute la population.

     

    On dit d'ailleurs qu'il est le seul personnage indispensable de la crèche provençale.

     

    - CRÊCHES

    Un voyageur à Béthléem : Louis-René de Chateaubriand

    « Les premiers fidèles avaient élevé un oratoire sur la crèche du Sauveur. Adrien le fit renverser pour y placer une statue d’Adonis. Sainte Hélène détruisit l’idole, et bâtit au même lieu une église dont l’architecture se mêle aujourd’hui aux différentes parties ajoutées par les princes chrétiens. [...]

     

     On y voit un autel dédié aux mages. Sur le pavé au bas de cet autel on remarque une étoile de marbre : la tradition veut que cette étoile corresponde au point du ciel où s’arrêta l’étoile miraculeuse qui conduisit les trois rois. Ce qu’il y a de certain, c’est que l’endroit où naquit le Sauveur du monde se trouve perpendiculairement au-dessous de cette étoile de marbre, dans l’église souterraine de la Crèche.

     

     […] après avoir passé l’entrée d’un des escaliers qui montent à l’église supérieure, vous trouvez la crèche. On y descend par deux degrés, car elle n’est pas de niveau avec le reste de la grotte. C’est une voûte peu élevée, enfoncée dans le rocher. Un bloc de marbre blanc, exhaussé d’un pied au-dessus du sol, et creusé en forme de berceau, indique l’endroit même où le souverain du ciel fut couché sur la paille » (Itinéraire de Paris à Jérusalem, 1811).

    Petite galerie de personnages

     

    Lou ravi, santon de Provence  (musée du santon Marcel Carbonel, Marseille), DRInstallée le 1er dimanche de l'Avent et rangée le 2 février, jour de la Chandeleur ou Présentation de Jésus au Temple, la crèche est une œuvre immédiatement identifiable grâce aux personnages qui la composent.

     

    On y trouve la Sainte Famille avec la Vierge en prière face à son enfant et Joseph, souvent un peu en retrait. La naissance dans la grotte ou l'étable est signe de dénuement, tandis que la paille rappellerait l'éphémère de la vie.

     

    À leur côté, voici l'âne, peut-être celui qui va leur permettre de fuir en Égypte, et son compagnon le bœuf, locataire de l'étable ; tous deux réchauffent l'enfant de leur souffle.

     

    Symboles de douceur comme de force, ils ne sont apparus qu'au VIe siècle dans l'évangile apocryphe du pseudo-Matthieu, où ils tissent un rapprochement symbolique avec la Bible hébraïque. On peut lire en effet dans celle-ci un texte imprécatoire du prophète Ésaïe qui reproche au peuple d'Israël de s'être détourné de Dieu : « Un boeuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas » (Ésaïe, 1:3).

     

    Passons aux visiteurs. Venus d'Orient selon l'évangéliste Matthieu, trois mages, sans doute des prêtres du culte perse de Mazda, présentent au nouveau-né leurs trésors contenant de l'or, de l'encens et de la myrrhe, symboles de royauté, de divinité et d'humanité.

     

    Ce n'est qu'au VIe siècle qu'ils se voient attribuer un nom : Gaspard, le « roi maure », est le plus jeune, Balthazar est d'âge mûr et noir de peau et Melchior, vieillard à la barbe grise, est celui qui est agenouillé. Ils représentent les différents âges de l'Homme comme la diversité des peuples de la terre. Ils ont été guidés jusqu'à Bethléem par une étoile que certaines théories essaient de raccrocher à un phénomène astronomique avéré. On les représente souvent accompagnés de leurs chameaux, voire d'éléphants, pour la touche exotique.

     

    À côté des rois prennent place les bergers qui auraient reçu en premier la nouvelle de la naissance, annonce faite par un ange souvent représenté parmi eux. Selon les époques et les cultures, d'autres personnages participent à la scène, au point de retrouver toute la population du quartier ou du village, chats et poules y compris !

     

    En or, en argile ou en paille, au cœur des cathédrales ou sur un coin de table, les crèches deviennent alors un miroir de la société rendant hommage à la maternité, à l'enfance, à la vie.

     

    Charles de La Fosse, L'Adoration des mages, 1715, Paris, musée du Louvre

     

     

    Le témoignage de l'âne

    « Sous [un] abri précaire, on avait dressé une mangeoire et étalé une litière pour les bêtes des clients de l'auberge. C'est là qu'on m'attacha à côté d'un bœuf qu'on venait de dételer d'une charrette. […] Les voyageurs refoulés par l'aubergiste avaient envahi la grange. Je me doutais bien qu'on ne me laisserait pas longtemps en paix. Bientôt en effet un homme et une femme se glissèrent dans notre étable improvisée. L'homme, une sorte d'artisan, était assez âgé. […] Il rassembla la paille des litières et le foin des rateliers pour confectionner entre le bœuf et moi une couche de fortune où il fit étendre la jeune femme. […] Quand je me suis réveillé, j'ai senti qu'un grand changement avait eu lieu, non seulement dans notre réduit, mais partout, et même, aurait-on dit, dans le ciel dont notre misérable toiture laissait paraître de scintillants lambeaux. […] Que s'était-il passé ? Presque rien. On avait entendu, sortant de l'ombre chaude de la paille, un cri léger, et ce cri ne venait à coup sûr ni de l'homme, ni de la femme. C'était le doux vagissement d'un tout petit enfant » (Michel Tournier, Gaspard, Melchior et Balthazar, 1980).

    Sources bibliographiques

     

    Janine Couget, Un Monde de crèches, 2004, éd. Privat.

     

    (Herodote.net)


    votre commentaire

  • votre commentaire
  • - LE PAPE S'ADRESSE AUX FAMILLES NOMBREUSES

     

     

     

     

    Pape François : « Les familles nombreuses, une école de solidarité et de partage »

     

     

    C'est à l'occasion du dixième anniversaire de leur association que le Pape a reçu en la Salle des audiences générales des centaines de familles nombreuses italiennes, ainsi que des représentants d'associations similaires venues de l'étranger.

    - LE PAPE S'ADRESSE AUX FAMILLES NOMBREUSES

     

    D'emblée, le Pape a déclaré qu'il n'y avait qu'à les regarder pour comprendre qu'ils aimaient la famille et la vie : « Vous êtes venus ici avec les fruits les plus beaux de votre amour. Maternité et paternité sont un don de Dieu, mais accueillir ce don, s'étonner de sa beauté et le faire resplendir dans la société, voilà votre mission. Chacun de vos enfants est une créature unique qui ne se répétera jamais plus dans l'histoire de l'humanité. Lorsque l'on comprend cela, c'est-à-dire que chacun d'entre nous a été voulu par Dieu, on reste ébahi de ce grand miracle que représente un enfant ! ».

     

    Être unique, mais pas seul

     Le Pape s'adressait alors directement aux enfants pour leur dire que chacun d'entre eux était le fruit unique de l'amour, qu'ils provenaient de l'amour et qu'ils grandissaient dans l'amour. « Vous êtes uniques, mais vous n'êtes pas seuls. Le fait d'avoir des frères et des sœurs vous fait du bien : les enfants d'une famille nombreuse sont en effet plus portés à la communion fraternelle depuis la plus tendre enfance. Dans un monde marqué par l'égoïsme, la famille nombreuse est une école de solidarité et de partage ; et ces aptitudes sont tout bénéfice pour la société tout entière. »

     

    Le Pape, comme il l'a souvent souligné, a également mis en avant le rôle essentiel des grands-parents, surtout au niveau de l'éducation :« Les grands-parents portent en eux les valeurs d'un peuple, d'une famille, et aident les parents à les transmettre aux enfants ».

     

    - LE PAPE S'ADRESSE AUX FAMILLES NOMBREUSES

    Investir dans les familles nombreuses

    S'adressant à ces familles nombreuses, le pape François les félicitait pour l'exemple qu'elles donnent de l'amour de la vie, depuis sa conception jusqu'à sa fin naturelle, malgré toutes les difficultés de la vie et le manque de soutien souvent des institutions publiques. Et de citer alors l'article 31 de la Constitution italienne, qui évoque l'aide due aux familles nombreuses, mais qui dans les faits a peu d'applications. Le Pape s'adressait alors directement aux responsables politiques et à l'administration publique pour, dans un contexte de faible natalité en Italie, soutenir davantage les familles nombreuses, comme le prévoit la Constitution italienne : « Chaque famille est une cellule de la société, mais la famille nombreuse est une cellule plus riche, plus vitale, et l'État aurait tout intérêt à investir sur celle-ci ».

     

     Le Pape s'est félicité de l'existence des associations de familles nombreuses, pour leur capacité à être présentes et visibles dans la société et en politique. Il citait alors saint Jean-Paul II qui écrivait : « Les familles doivent grandir dans la conscience d'être protagonistes de la politique familiale de la société et doivent assumer la responsabilité de transformer la société : sinon les familles seront les victimes de ces maux qu'elles se sont contenté d'observer avec indifférence » (Exhortation apostolique Familiaris consortio, 44). Les associations de familles se doivent de promouvoir dans la société et les lois de l'État, les valeurs et les besoins de la famille.

     

    Le pape François a également salué la présence active des familles nombreuses au sein de nombreux mouvements ecclésiaux. Pour conclure, il a prié pour toutes les familles frappées par la crise économique, celles où le père ou la mère ont perdu leur travail, où les jeunes ne réussissent pas à trouver un emploi ; les familles éprouvées dans leurs affects les plus chers, et celles tentées de céder à la solitude et à la division.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    votre commentaire
  • En Espagne, une chaîne de magasins bien connue a invité 10 familles à participer à une expérience originale autour de l’écriture au Père Noël. Le petit film qu’ils ont réalisé saura certainement vous divertir et surtout vous émouvoir car il nous parle du vrai sens de Noël… 

     

     

                                        SOEUR CRISTINA


    votre commentaire
  • LA SAINTE FAMILLE

     

    - LA SAINTE FAMILLE

     

     

    1) la Sainte Famille, la vraie famille 

     

    La liturgie nous propose de célébrer la Sainte Famille comme modèle pour toutes les familles humaines, pas seulement les chrétiennes. En ce moment de grande crise d'identité des familles, surtout en occident, avec des séparations, des divorces et des cohabitations de tout genre, proposer cette famille singulière de Nazareth à l’attention de nos familles  signifie " redécouvrir la vocation et la mission de la famille,  de chaque famille. Et, comme c'est arrivé pendant ces trente ans à Nazareth, cela peut nous arriver aussi : faire que l'amour devienne normal et non la haine, faire que l'amour  fraternel  devienne  habituel, non pas l’indifférence ou l' hostilité"( Pape François, Audience générale du 17 décembre 2014).

     

    La Sainte Famille de Nazareth montre ce qui est le début et le centre de chaque vraie famille : Jésus Christ. La famille du Christ était sainte  parce qu'elle était la Sienne, parce qu'elle  L'accueillit et Le donna au monde. Nos familles sont appelées à faire de même. Si l'on est enraciné en Lui qui a vécu en elle, on peut comprendre et vivre les grands biens que sont  le mariage,  la famille,  le don de la vie. On comprendra aussi le grand danger que représente  pour l'homme et pour sa dignité leur dégradation dans les institutions civiles.

     

    Je crois qu'il  peut être utile de commencer par l'épisode raconté par Saint Marc, au chapitre 3, là où on dit à Jésus :" voici, ta mère, tes frères et tes sœurs  sont  là,  dehors, qui te cherchent ", ce à quoi  Jésus répond :" qui est ma mère et qui sont mes frères?"

     

    Tournant les yeux vers ceux  qui étaient  assis autour de lui, il dit :" voilà ma mère et mes frères! Celui  qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur  et ma mère"(Mc 3,31-35). C'est comme si Jésus Christ disait : " ma famille est  toute là. Je n'ai pas d'autre famille. Les liens du sang ne comptent pas s'ils ne sont pas confirmés dans l'esprit. Mes frères sont les pauvres qui pleurent, messœurs  sont les femmes qui ont dit oui à l' Amour qui a purifié et élevé l' amour".

     

     

     

     

    Jésus ne méprisait pas sa mère, Saint-Joseph, son père légal, et sa parenté. Il ne reniait pas la mère qui L’a conçu et dont Il était le fruit : il voulait dire qu' il n' appartenait pas seulement à  la  «petite» Sainte famille de Nazareth, mais à Sa mission de Sauveur de la " grande" famille humaine. Dieu vient reconstruire le vrai sens de la famille humaine, la vocation de chaque homme qui est celle de fils et de frère. Dieu réunit sa famille pour enseigner à  être vraiment membres d’une famille, parce qu’ il veut nous libérer de la tentation de la solitude.  Dieu sait qu’il n'est pas bon pour l'homme d'être seul. Dieu lui-même ne veut pas être seul. C’est la raison pour laquelle il engendre une famille " pour tout le monde" comme chante Siméon.

     

    2) Pélerins  à Nazareth

     

    Comme le Pape François l’a récemment proposé à chaque famille, à chaque maman, à chaque papa, à  chaque enfant, faisons un pèlerinage  spirituel à Nazareth pour remplir notre propre esprit des  sublimes vertus de Marie, l’humble servante du Seigneur, de Joseph, l’homme juste, le menuisier, le Gardien de la Sainte Famille et de Jésus, le Fils de Dieu, qui leur était soumis et grandissait en âge, en sagesse et  en grâce.

     

    La liturgie  d’aujourd'hui nous présente une méditation centrée  sur le Christ, qui  intéresse particulièrement les familles chrétiennes : il nous présente le mystère de la vie de l'enfant Jésus avec ses parents.

     

    Le passage de l'évangile  d'aujourd'hui nous présente un cadre familial qui nous fait particulièrement bien comprendre le  mystère du Sauveur. Nous sommes au moment de la présentation du Seigneur au temple; et celui qui attend ce grand événement,  c’est Siméon, qui occupe aujourd'hui la scène principale de l'évangile de  la Sainte Famille. Le vieux Siméon reconnaît en Jésus le vrai Sauveur, Celui que l’on attend, et  il est heureux  que le Seigneur lui ait permis de vivre ce jour. C'est l’homme de la gratitude, mais aussi  de la prophétie,  du courage et de l'absence de toute peur surtout celle de la mort dont il  entrevoit  dans  l'Enfant Jésus le futur vainqueur. Ce Saint Homme de Dieu, qui avait attendu pendant des années la venue du  messie,  peut quitter  la terre heureux,  pour rencontrer pour toujours le Seigneur dans l’éternité.

     

    Dans nos familles,  il faut éduquer au sens de l'éternel et de la communion. Les enfants grandissent en observant comment vivent les adultes. C' est pourquoi  éduquer les enfants signifie les faire participer à la réalité de la communion de leur père et de leur mère  qui leur ont donné la vie. Eduquer les enfants signifie les introduire dans la vie en leur apprenant la gratitude.

     

     3) Un protagoniste oublié

     

    La Sainte Famille n'était pas une famille sans problèmes. Marie et Joseph ont partagé la condition de ce fils déconcertant,  le suivant pas à  pas dans la révélation de son mystère.  C'est pour toute leur disponibilité qu’ils méritent notre admiration. Il n'est pas simple de devoir  veiller  sur le Fils de Dieu, de fuir en Egypte, de rentrer dans sa patrie et de vivre à Nazareth, un village de banlieue pour les Juifs, de voir grandir Jésus en sagesse et en grâce alors qu’il  menait une vie ordinaire etsans manifestations exceptionnelles jusqu' à l' âge 30 ans.

     

    Nous voudrions en savoir davantage sur la vie de cette famille extraordinaire; dans le fond, saint Luc en dit assez pour nous permettre d’en tracer la physionomie. Même si elle est extraordinaire sous bien des aspects,  c'est une famille comme toutes les autres, avec ses joies,  ses peines,  ses  secrets : elle mène une vie de foi,  elle  éprouve la joie de voir naître et grandir un enfant  sain et fort, elle est touchée par des prophéties qui annoncent un avenir difficile. Dans toutes les familles, les années ne s’écoulent pas toujours tranquillement;  tôt ou tard surgissent  les problèmes, les souffrances, les préoccupations, d’autant plus douloureuses  qu’elles viennent d’un  manque d’amour. La Famille de Nazareth a affronté les joies et les difficultés de la vie sous la conduite et la protection de Saint Joseph.

     

    Il est important de comprendre la grandeur de cet homme unique qu' était l' époux de Marie et  que l’on a souvent réduit  au rôle de pourvoyeur de biens matériels, comme si,  dans la Sainte Famille , il n’avait eu comme  fonction  " extérieure " que celle  de l' homme à qui on confie les tâches sans importance et qui n' exigent pas les plus grandes vertus.  En effet,  si l’on se met dans la situation dans laquelle se trouvait  Marie lorsqu' elle portait en son sein la vie naissante du Fils de Dieu,  si  on la considère  d’un point de vue légal,  cette situation est choquante pour Joseph, parce que,   d’un point de vue humain et légal,  sa fiancée aurait dû être punie comme  adultère  et donc lapidée.

     

    Comment Joseph  a-t-il  pu admettre que Marie fût innocente?  Or lui n'a eu aucun doute. Son amour pour la Vierge  n'a pas été blessé.  Il a voulu protéger sa réputation, aussi  pour ne lui faire courir aucun risque vital.  Joseph croit fermement à  l’Ange et prend avec  lui Marie, pour qu’elle ne coure plus  aucun risque. Elle et son enfant ont besoin de lui, Joseph, qui,  par amour sponsal accepte de rester vierge lui aussi  pour que Celui qui est en Marie par l’opération de l’Esprit Saint, naisse,  grandisse et sauve le monde.  L'annonce de l’Ange : " N’aie pas peur de prendre Marie comme épouse" est le sceau de Dieu pour ce mariage unique, au cœur  de l’amour humain leplus profond, le plus authentique, le  plus divin.  Et  bien, un homme capable d'une telle grandeur appartient à la race des géants, des saints. Joseph accepte de vivre virginalement son amour pour ne pas infliger la moindre  blessure à sa bienaimée.  Le mariage de Marie et Joseph a permis au Christ d’entrer dans le monde honorablement,  il a permis au Christ de vivre la vie cachée de Nazareth bien protégé, en grandissant en grâce et sagesse.  A Nazareth, Joseph, Marie et Jésus ont vécu héroïquement  leur  vie quotidienne afin que l’héroïque se fasse quotidien et que nous puissions, nous aussi,  les imiter dans notre quotidien.

     

    Joseph s'est engagé tout entier dans son œuvre de rédemption du Fils de Marie : il a donné à Dieu toute la tendresse et tout son cœur, en sacrifiant son amour.

     

    Que l'on soit parents par le mariage ou que l’on soit père et mère  spirituellement,  l’exemple de la Sainte Famille nous demande d’être prêts au sacrifice qui rendra la vie  vraie.

     

    Je prie Saint-Joseph,  qui est le gardien et le protecteur des Vierges,  comme le fut  Marie,  qu’il obtienne pour les vierges consacrées dans le monde de savoir faire fructifier les richesses de leur cœur pour qu’elles persévèrent dans la vie de la sainteté par le don total de soi au Seigneur  quinous aime d'un amour infini, patient et tendre.(cf rituel de consécration des vierges, n° 24 : L’évêque prie : C’est en effet, ton Esprit Saint qui suscite au milieu de ton peuple des hommes et des femmes conscients de la grandeur et de la sainteté du mariage , et capables pourtant de renoncer à cet état afin de s’attacher dès maintenant, à la réalité qu’il préfigure : l’union du Christ et de l’Eglise….Elles ont choisi d’aimer Celui qui est l’Epoux de l’Eglise et le Fils de la Vierge Mère).

     

    MGR FRANCISCO FOLLO

     

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires