• TRINITÉ du GRECO

    LA TRINITÉ DU GRECO

    TRINITÉ du GRECO


    Contempler.

    Dans cette oeuvre,
    le Greco nous invite à observer l’invisible Trinité dans
    l’infinie tendresse d’un échange de regards clos. Il nous renvoie au mystère de l’homme qui s’ouvre sur l’abîme du Mystère de Dieu.


    Un génie à la croisée de l’Orient et de l’Occident

    Quand Doménikos Theotokópoulos arrive à Tolède en 1576, il vient d’Italie ; après avoir quitté sa Crète natale, alors sous protectorat de la République de Venise, le jeune artiste arrive dans la Cité des doges vers 1566.
    Il y restera jusqu’en 1570, date à laquelle il rejoint Rome. Au cours de son séjour vénitien, il travaillera dans l’atelier de Titien et formera son art dans la contemplation de l’oeuvre de Tintoret ; sur les bords du Tibre, c’est à celle de Michel-Ange et des maniéristes qu’il va se confronter. Cette rencontre des traditions iconographiques grecques, vénitiennes et romaines va donner naissance à l’une des oeuvres les plus originales de la Renaissance.

    Un retable tolédan

    Ce tableau est l’un des tout premiers que le Greco va produire en Espagne. Cette commande du Doyen de Tolède, Diego de Castilla, pour l’église Santo Domingo El Antiguo fait partie d’un ensemble de neuf toiles destinées à orner trois retables. Il ne subsiste plus à Tolède qu’une copie de l’oeuvre originale qui se trouve à Madrid dans la collection royale depuis son acquisition par Ferdinand VII en 1832.

    Au-delà de l’irreprésentable…

    Le premier mouvement qui nous inciterait à nous méfier de cette oeuvre au nom du « juste principe d’irreprésentabilité de la Trinité » trouve dans la délicatesse spirituelle du Greco une réponse, une invitation à dépasser le visible. Les Personnes de la Trinité, que l’artiste fait apparaître dans le langage théologique de ses couleurs et de ses formes, ne sont aucunement traitées comme des objets divins.

    Le génie du Greco est de réunir dans cette image l’inspiration thématique qu’il emprunteà une célèbre gravure de Dürer, et la force stylistique qu’il puise visiblement dans la Pietà de Michel-Ange, pour les mettre au service d’une très profonde contemplation du mystère relationnel qu’est la Trinité.

    L’abîme de la Communion trinitaire

    Dans ce tableau, tout conduit à une nuée de visages qui domine très sensiblement les nuées du ciel. La vérité la plus haute apparaît dans ces visages, et plus éminemment encore dans les regards qui les relient et les animent. Ceux des anges sont concernés par l’anéantissement du Fils et la compassion du Père, mais aucun ne rejoint vraiment l’abîme de Communion qui affleure à la croisée des attitudes des Personnes divines par les lignes qui structurent son oeuvre.
    L’artiste montre que le Fils, jusque dans sa mort, épouse la position du Père. Ses yeux clos sont tournés vers la face du Père, ceux du Père reposent sur le Visage de l’Unique Engendré, et ceux de l’Esprit couvrent de leur vol le silence de l’invincible Amour. Aucun de ces regards ne nous est directement accessible ; seule la prise au sérieux de notre condition humaine, dans ses cimes relationnelles et ses grandes souffrances, nous y donne accès.
    En prenant le risque de cette expression trop humaine du Mystère trinitaire, le Greco nous conduit donc néanmoins à L-l’effleurer de la manière la plus juste, en nous faisant entrer dans le mystère de la relation.
    Comme le rappelle saint Paul, « c’est en lui que nous crions “Abba !”, c’est-à-dire : Père ! » (Rm 8, 15) ; c’est en entrant
    dans la Vie du Fils, par l’Esprit, que la nôtre peut réellement désirer Celle du Père.
    Arnaud Montoux
    (La Trinité, du Greco, 1577, Musée du Prado. Josse/Leemage)

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