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    - LES 100 ANS DU MEJ AVEC LE PAPE

    Le MEJ fête ses 100 ans à Rome

     avec le pape François

     

    Pour le deuxième rendez-vous international de son histoire, 1 500 jeunes sont réunis à Rome du 4 au 10 août pour célébrer dans la joie – le thème de l'événement – les 100 ans du Mouvement eucharistique des jeunes.

     

    1 500 jeunes réunis à Rome du 4 au 10 août : c’est ainsi que le MEJ (Mouvement eucharistique des jeunes) fête ses 100 ans cette semaine. C’est la 2e fois que le mouvement se réunit ainsi pour une rencontre mondiale. Un rassemblement placé sous le signe de la joie, le thème officiel de l’événement, mais aussi de la rencontre : 38 délégations de pays seront ainsi présents, en majorité du MEJ Italie, mais aussi de France, des États-Unis, du Cameroun, du Gabon, du Paraguay ou encore des Philippines.

     

    Aujourd’hui, le MEJ est ainsi devenu un mouvement international, mais sa mission reste fidèle à ses origines. Le MEJ, c’est ce mouvement pour les jeunes qui naît en France, à Bordeaux, au début du XXe siècle. Il s’inscrit dans la droite lignée de l’Apostolat de la Prière (AP), qui porte les intentions de prière particulières du Pape et de l’Église. Une mission confiée par l’Église à la Compagnie de Jésus, à laquelle prit part sainte Thérèse de Lisieux elle-même, alors âgée seulement de 12 ans.

     

    Un rôle de formation dans 56 pays

     

    Un siècle après ses débuts, la mission de prière du MEJ est restée la même. Mais le mouvement se veut aujourd’hui aussi un rôle de formation pour les jeunes des 56 pays où il est implanté. De Mexico à Taïwan, en passant par le Gabon et la Pologne, des jeunes de 5 à 25 ans en moyenne se retrouvent en équipe, avec un animateur, toutes les semaines, quinzaines ou mois, pour des temps de partage, mais aussi d’art et de musique.

     

    Un parcours humain et spirituel qui a pour but de les conduire à vivre selon le style de Jésus et qui s’adapte aux réalités de chaque Église locale. En République démocratique du Congo, par exemple, l’adoration du Saint-Sacrement et le soin apporté à la liturgie font partie de la pédagogie, et les jeunes portent encore l’uniforme traditionnel.

     

    "Ce centenaire c’est d’abord, pour les jeunes, la joie de découvrir qu’ils sont très nombreux dans le monde et pas simplement dans leur pays, explique au micro de radio Vatican le père Frédéric Fornos, jésuite, directeur général délégué de l’Apostolat de la Prière et du MEJ. Ils se découvrent d’une grande famille." Ce jubilé, poursuit-il, est également l'occasion de prendre conscience de "la profondeur spirituelle qui leur est offerte" et ainsi de "revenir aux essentiels pour les a aider à découvrir avec plus de joie la Source qui les fait vivre : Jésus, dans l’Évangile, l’Eucharistie et la mission".

     

    Rencontre privée avec le pape François vendredi

     

    Ces six jours promettent différents temps forts, comme le pèlerinage que feront les jeunes à travers Rome mercredi, ou une rencontre prévue avec le pape François à la salle Paul VI vendredi. "Nous sommes invités par le Pape dans la salle Paul VI, qui est une salle immense, confie le père Fornos. Bien sûr, nous n’allons pas la remplir avec nos 1 500 jeunes !" "C'est la première fois que le MEJ rencontrera le pape François... et même un Pape depuis très très longtemps, souligne-t-il. Je ne me souviens pas exactement, mais la dernière [rencontre] doit remonter au début du XXe siècle !" Cette "magnifique rencontre" sera "précédée par deux heures de prière et de chants pour nous préparer".

     

    "Les jeunes du MEJ ont préparé des questions pour confier au Pape les choses qui sont importantes pour eux, dévoile le responsable. Six questions ont été sélectionnées de six pays différents qui seront posées chacune dans sa propre langue. (...) Le Pape y répondra de manière très libre, même si les questions lui ont déjà été envoyées pour qu’il puisse les préparer." "J'attends de cette rencontre que le Saint-Père prenne conscience de ce mouvement de jeunes qui est rattaché directement à son réseau mondiale prière, poursuit-il, et qu’il puisse, à travers sa parole, aider les jeunes à prendre davantage conscience de ce trésor qui leur est confié pour qu'ils le vivent avec plus de profondeur encore."

     

    Aujourd’hui, le Mouvement eucharistique des jeunes compte plus d’un million d’adeptes, et est devenu au fil des années le deuxième mouvement pour les jeunes après le scoutisme.

    sources: RADIO VATICAN

     

     


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    Les 15 maux de la Curie selon le pape François

     

    - LE PAPE ET LES CARDINAUX

     

    La Curie est gravement malade, estime le Pape, qui en a entamé une réforme profonde. Inventaire de ses maux avec les mots de François...

     

     

     

     

     

    En détaillant le maux de la Curie lors de son discours de voeux, le Pape a résolument appelé celle-ci à une réforme spirituelle : "Il est agréable de penser à la Curie romaine comme à un petit modèle de l’Église. C’est-à-dire comme à un corps qui essaie, jour après jour d’être plus vivant, plus sain, plus harmonieux et uni avec lui-même et avec le Christ. La Curie est toujours appelée à s’améliorer et à croître dans la communion, la sainteté et la sagesse pour réaliser pleinement sa mission." Voici les 15 maladies graves qui la touchent, selon le Saint Père.

     

    1. Se croire immortel, immunisé ou indispensable

    Première maladie de la Curie : se sentir  "immortel", "immunisé" ou a "indispensable" en négligeant les contrôles nécessaires et habituels. Une  Curie qui ne " s'autocritique pas, ne s'améliore pas, est un corps malade, infirme. Une visite ordinaire au cimetière pourrait nous aider à voir les noms de tant de personnes, qui se considéraient probablement être indispensables, invulnérables et indispensables !  C'est la maladie de l'homme riche insensé de l'Evangile qui pensait vivre éternellement (et de ceux qui se transforment en maîtres et se sentent supérieurs à tous, et non au service de tous.

     

    2. L'excès de travail, ou "marthalisme"

    Il y en a une autre : la maladie du "marthalisme" (de sainte  Marthe), de l'activité excessive. Autrement dit de ceux qui se noient dans le travail, négligeant inévitablement "la meilleure part": s'asseoir aux pieds de Jésus ( Lc 10, 38-42).  C'est pourquoi Jésus a appelé ses disciples "à se reposer un peu" " (Mc 6, 31) , car négliger le repos nécessaire conduit au stress et à l'agitation. Le temps de repos, pour celui a mené à terme sa mission, est utile et nécessaire, et doit être vécu sérieusement: passer un peu de temps avec sa famille et respecter les jours fériés comme des moments pour "se recharger" spirituellement et physiquement ; il faut apprendre ce qu'enseigne il Qoèlet :"il y a un temps pour tout  "

    (3, 1-15).

     

    3. L'endurcissement mental ou spirituel

    Il y a aussi la maladie de  la fossilisation, l'endurcissement mental et spirituel : ceux qui possèdent un cœur de pierre et une "nuque raide" (Acta 7,51-60); ceux qui, chemin faisant, perdent leur sérénité intérieure, la vivacité et l'audace  et se cachent sous les papiers devenant des "machines de pratiques"  et non "des hommes de Dieu". Il est dangereux de perdre la capacité de pleurer avec ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui se réjouissent ! C'est la maladie de ceux qui perdent les "sentiments de Jésus". Car, au fil du temps, leur cœur se durcit et devient incapable d'aimer inconditionnellement le Père et leur prochain (Mt 22, 34-40). Etre chrétien, en effet, signifie"  avoir les mêmes sentiments du Christ Jésus, sentiments d'humilité, de générosité et de dévouement que le Christ ".

     

    4. La planification excessive

    Quand l'apôtre planifie tout minutieusement et croit que, ce faisant, les choses progressent effectivement, il devient un expert-comptable ou un commerçant. Préparer tout parfaitement est nécessaire, mais sans jamais tomber dans la tentation de vouloir enfermer ou piloter la liberté de l'Esprit Saint […] "Il est toujours plus facile et commode de s'adapter à ses propres positions statiques et immuables. En réalité, l'Eglise se montre fidèle à l'Esprit Saint dans la mesure où elle ne prétend pas le règlementer et le domestiquer…"

     

    5. Le manque de coordination

    Quand les membres perdent la communion entre eux et que le corps perd son fonctionnement harmonieux, devenant un orchestre qui qui produit du bruit parce que ses membres ne collaborent pas et ne vivent pas l'esprit de communion et d'équipe […]

     

     

    6. L'" Alzheimer" spirituel

    Autrement dit l'oubli de l' "histoire du salut", de l'histoire personnelle avec le Seigneur", du "premier amour" " (AP 2, 4). C'est une perte progressive des facultés spirituelles qui petit à petit provoque de graves "incapacités" chez la personne qui en souffre. Elle devient incapable d'exercer une activité autonome, et vit dans un état de dépendance absolue  de ses conceptions, souvent imaginaires.  On le voit chez les personnes qui ont perdu la mémoire de leur rencontre avec le Seigneur ; chez ceux qui dépendent totalement  de leur "présent", de leurs passions, caprices et manies. Içà)ls se construisent des murs autour d'eux des "murs et des habitudes, devenant de plus en plus esclaves d'idoles"…

     

    7. La vanité de la gloire

    Quand l'apparence, les couleurs des vêtements ou les médailles deviennent le but premier dans la vie… Cette maladie nous conduit à être des hommes et des femmes faux, à vivre un faux "mysticisme" et un faux "quiétisme"…

     

    8. La schizophrénie existentielle

    C'est la maladie de ceux qui vivent un double vie, fruit de l'hypocrisie typique des personnes médiocres et du vide spirituel progressif que les diplômes ou titres universitaires ne peuvent combler. Une maladie qui frappe souvent ceux qui, abandonnant le service pastoral, se bornent aux activités bureaucratiques, et perdent ainsi le contact avec la réalité, avec les personnes concrètes. Ils se créent ainsi leur monde parallèle, où ils mettent de côté ce qu'ils enseignent sévèrement aux autres et commencent à vivre une vie cachée et souvent dissolue. La conversion  est urgente et indispensable pour cette maladie gravissime.

     

    9. Les commérages et les ragots

    De cette maladie, j'ai déjà parlé maintes fois, mais jamais assez : c'est une maladie grave qui commence simplement, par un ou deux bavardages, puis s'empare de la personne, qui devient "semeuse de zizanie" (comme Satan), et souvent un "homicide de sang-froid" de la réputation de ses collègues et confrères. C'est la maladie des personnes lâches qui, n'ayant pas le courage de parler directement, parlent derrière votre dos…

     

    10. La déification des chefs

    C'est la maladie de ceux qui courtisent leurs supérieurs, espérant obtenir leurs faveurs. Victimes de leur carriérisme et de l'opportunisme, ils honorent les personnes et non Dieu... Ces personnes vivent le service en pensant uniquement à ce qu'ils doivent obtenir, et non à ce qu'ils doivent donner. Ce sont des personnes mesquines et inspirées par leur propre et fatal égoïsme Gal 5,16-25). Cette maladie peut aussi frapper les supérieurs quand ils courtisent leurs collaborateurs pour obtenir leur soumission, leur loyauté et leur dépendance psychologique. Mais le résultat final est une véritable complicité.

     

    11. L'indifférence aux autres

    Quand chacun ne pense qu'à soi et perd la sincérité et la chaleur des relations humaines. Lorsque le plus expérimenté ne met pas sa connaissance au service de collègues moins expérimentés. Quand on a connaissance de quelque chose et qu'on le garde pour soi au lieu de le partager positivement avec les autres. Quand, par jalousie ou par ruse, on se réjouit de voir l'autre tomber au lieu de le relever et de l'encourager.

     

    12. La "tête d'enterrement"

    C'est la maladie des personnes qui pensent que, pour avoir l'air sérieux, il faut se faire un visage mélancolique, sévère, et traiter les autres – surtout les inférieurs, avec rigueur, dureté et arrogance. En réalité, la sévérité et le pessimisme stérile trahissent souvent la peur et le manque d'assurance   L'apôtre doit s'efforcer d'être une personne polie, sereine, joyeuse et enthousiaste. Un cœur plein de Dieu, est un cœur heureux qui rayonne et communique sa joie à son entourage…

     

    13. La thésaurisation

    Quand l'apôtre cherche à combler un vide existentiel dans son cœur en accumulant des possessions matérielles, non par nécessité, mais seulement pour se sentir en sécurité […]

     

    14. Les cercles fermés

    Quand l'appartenance à un clan devient plus forte que celle au Corps et, dans certains cas, au Christ. Cette maladie peut commencer avec de bonnes intentions. Mais, petit à petit, elle asservit les membres, devenant un "cancer" qui menace l'harmonie du Corps et cause tant de mal – scandales – en particulier à nos frères plus petits.

     

    15. La mondanité et l'exhibitionnisme

    Quand  l'apôtre fait de son service un pouvoir, et de son pouvoir une marchandise pour obtenir des profits mondains ou plus de pouvoirs. C'est la maladie des personnes qui cherchent sans relâche à multiplier leurs pouvoirs et, pour arriver à leurs fins, sont capables de diffamer, calomnier et discréditer les autres, même dans des journaux et magazines. Naturellement, afin de montrer leur supériorité sur les autres. Cette maladie aussi fait beaucoup de mal car elle conduit les personnes à estimer que tout est bon pour parvenir à ses fins, souvent au nom de la justice et de la transparence ! …

     

     


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  • SANTO SUBITO

     

     Mgr Slawomir Oder, postulateur, explique le déroulement du procès de canonisation de Jean Paul II. La vie et la mort du pape sont racontées par ses proches : Stanislaw Dziwisz, Mieczyslaw Mokrzycki et Emery Kabongo (ses secrétaires), René-Samuel Sirat (ancien grand rabbin de France), Henryk Wozniakowski (éditeur des "carnets intimes"), Birth Lejeune (épouse du professeur Lejeune) et Soeur Marie-Germaine (Petite Soeur de Jésus ayant connu Karol Wojtyla à Cracovie alors qu'il était prêtre). Leurs récits sont illustrés par des images d'archives et des séquences tournées à Rome, la veille et le jour de sa canonisation.

    Une coproduction KTO/STELLA PRODUCTIONS, 2014. Une réalisation Grzegorz Tomczak.
    Documentaire du 17/12/2014.

     


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    INTERVIEW. Un prêtre peut-il violer le secret de la confession pour sauver une vie ?

    - SECRET DE LA CONFESSION

     

    Le secret est absolu et inviolable et l'Église n'admet pas d'exceptions en la matière, rappelle à Aleteia le cardinal Mauro Piacenza, grand pénitencier de l'Église catholique.

     

    Le « sceau de la confession et la confidentialité pastorale », tel est le thème d'un congrès promu par la Pénitencerie apostolique, et qui a rassemblé environ 200 confesseurs du 12 au 13 novembre au Palais romain de la Chancellerie. À cette occasion, Aleteia a interviewé le cardinal Mauro Piacenza, grand pénitencier de l'Église catholique. Le cardinal Piacenza confirme que ces questions sont d'actualité dans une société médiatique et devant la nécessité de protéger l'intimité des personnes qui viennent à l'Église ; l'intimité «​ ce geste délicat pour protéger les âmes » face à la mode de tout savoir des personnes sur Internet, en consultant leur profil sur les réseaux sociaux par exemple.

     

    L'intimité comme valeur

    Dans ce contexte, le haut prélat met en garde contre « une médiatisation excessive » qui menace les personnes et leurs valeurs, affirmant que dans l'Église « la confidentialité est importante ». « La personne doit avoir une sphère ou un endroit où elle puisse être elle-même et non ce qu'on attend qu'elle soit ». C'est pourquoi, « ce sont des "effets" importants  et salutaires que l'on désire protéger à travers "le secret et la confidentialité" pour "sauvegarder la renommée et la réputation  d'une personne ou respecter les droits de personnes et de groupes », a précisé le cardinal.

     

    Et d'expliquer : « La tâche fondamentale du prêtre est de défendre et préserver l'intimité de la personne en tant qu'espace vital pour protéger sa personnalité et ses sentiments ». Et, dans le cas spécifique du prêtre, pour citer un exemple concret, « celui-ci offrant un service d'assistance matérielle et spirituelle », il est tenu de garder le « secret » des personnes qui viennent à la paroisse ou à l'église. En ce sens, le cardinal souligne que le but de ce secret, qu'il soit sacramentel ou non,  est de protéger « l'intimité de la personne, c'est-à-dire la présence de Dieu  au plus profond de chaque homme ». Et, à cet effet, il cite saint Augustin : « Deus est superior summo meo et interior intimo meo (Dieu est plus élevé que ce qui est le plus élevé en moi, tout en demeurant plus intérieur que ce qui est le plus intérieur en moi ».   

     

    Et le cardinal avertit que, aux yeux de l'Église, celui qui « viole l'intimité de la personne », commet « un acte d'injustice » et, de surcroît, « un acte d'impiété ».

     

    Le secret de la confession

    Aleteia : Existe-t-il des exceptions au secret de la confession ? 

    Cardinal Piacenza : Non. Le secret est absolu et inviolable, et ne souffre aucune exception. Je suis tenu de respecter le secret sur tout ce qui m'a été dit. Le pénitent ne parle pas au prêtre comme à un homme, mais parle à Dieu. Le confesseur ne sait même pas ce qu'il a entendu, parce que, en tant qu'homme, il ne sait pas ce qu'il a écouté. Tout ce qui se dit en confession s'adresse au Bon Pasteur. Selon la doctrine classique, il est absolument interdit au confesseur de cultiver le moindre souvenir. Si, à un moment donné, lui vient à l'esprit un quelconque souvenir, il doit le chasser, comme il le ferait avec tout autre pensée illicite ou mauvaise.

     

    Quelles conséquences, selon le droit canonique, pour le prêtre qui viole le secret de la confession ?

    L'excommunication. Une peine gravissime. Briser le secret de la confession, c'est trahir la conversation que la personne a eue avec Dieu. Une violation directe ou indirecte. Dans ce dernier cas, c'est comme si le prêtre mentionnait à d'autres personnes une chose dite par la personne en confession.

     

    Y a-t-il des prêtres qui sont morts pour avoir gardé le secret de la confession ? 

    Dans les régimes totalitaires, avec la complicité de certaines lois, on a cherché à violer la puissance et le secret de la confession pour  avoir des informations sur d'autres personnes. Sous certains régimes, c'est arrivé et, dans certains cas, les prêtres ont été de vrais martyrs de la foi. Saint Jean Nepomucène, par exemple, préféra subir le martyre plutôt que de céder aux pressions du roi de Bohême, qui voulait savoir si la reine l'avait trahi. Saint Nepomucène était le confesseur de la reine.

     

    Donc, la loi d'un pays ne peut obliger un prêtre à violer le secret de la confession... Si la loi stipule que le confesseur doit dénoncer une personne venue se confesser d'un délit, bien évidemment le prêtre n'a pas le droit de le faire.

     

    En juillet 2014, la Cour suprême de Louisiane, aux États-Unis, a ordonné à un prêtre de briser le « sceau » de la confession pour témoigner. Le diocèse de Baton Rouge a réagi en déclarant que cette requête était inconstitutionnelle et allait à l'encontre de la doctrine de l'Église. Quel est votre commentaire sur cette affaire?

    Les devoirs de votre mission ne peuvent en aucune façon être violés. Il s'agit d'un devoir plus grave que l'est le secret professionnel. Le diocèse a bien répondu.

     

    Quelle est la position du Saint-Siège lorsque le secret e la confession est menacé par les lois d'un État ? 

    Le Saint-Siège essaie de ne pas interférer dans les décisions des pays et dans leurs politiques. En respectant la liberté, non pas l'appréciation des lois des pays, mais la véritable liberté. La foi est un acte libre. L'Église doit revendiquer la liberté de culte, celle de l'évangélisation, du sacrement et de la confession. Si l'État ne respecte pas cela, l'Église devient martyre.

     

    Un prêtre peut-il  violer le secret de la confession pour sauver la vie d'une autre personne condamnée injustement ?

    Non. L'Église défend la vie jusqu'à la fin et toujours. Elle vit en elle ces valeurs. Le confesseur doit assumer le martyre intérieurement. Il peut faire tout son possible pour sauver la vie à travers la prière, la pénitence, le témoignage. Toutefois, il ne pourra jamais parler pour dire que cette personne est l'assassin. Cela, il ne pourra jamais le dire.  

     

    Traduit de l'édition hispanophone d'Aleteia par Élisabeth de Lavigne

     

     


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  • À Rome, le cardinal Barbarin défend le mariage

     

    - CONFÉRENCE CAL BARBARIN

     

     

    L’expression « Évangile du mariage » est-elle devenue habituelle à nos oreilles ? D’ordinaire, c’est le nom de son auteur qui vient après le mot Évangile ; on parle de l’Évangile « selon » saint Matthieu, Marc, Luc ou Jean. Mais déjà, dans le Nouveau Testament, saint Paul utilise des expressions comme « l’Évangile de la grâce »lorsqu’il veut résumer l’ensemble de son enseignement devant les Anciens d’Éphèse (Ac 20, 24), ou « l’Évangile de la gloire » que le Prince de ce monde veut nous empêcher de voir resplendir, lorsqu’il médite sur son ministère pour les Corinthiens (2 Co 4, 4), ou encore « l’Évangile du salut, de votre salut », explique-t-il aux Éphésiens (1, 12). Ces formules ramassées ont pour but d’attirer l’attention d’une communauté sur un point central de la prédication de l’Apôtre. Elles permettent de récapituler l’ensemble de la Révélation à partir d’un aspect essentiel, pour aider chacun à vivre avec un plus grand enthousiasme sa mission de témoin du Christ.

     

    Saint Jean-Paul II a souvent utilisé ce procédé. Quand, dans l’Encyclique Laborem exercens (1981) (1), il parle de « l’Évangile du travail », il montre l’extraordinaire dignité de l’activité humaine qui nous rapproche du Créateur, car nous avons été créés à son image et à sa ressemblance. On a aussi entendu Jean-Paul II, notamment dans sa Lettre aux familles, en 1994, parler de « l’Évangile de la famille » (2), pour nous inviter à regarder l’humanité entière comme une famille. Dans votre Institut, vous êtes particulièrement attentifs à l’encyclique Evangelium vitae (1995) (3). En la lisant, nous comprenons qu’effectivement, le don de la vie est le plus beau cadeau que nous ayons reçu, et nous savons que l’Évangile de la vie correspond à notre attente la plus profonde. Lorsque, illuminés par l’événement de Pâques, nous proclamons à la fin du Credo : « J’attends la résurrection de la chair et la vie du monde à venir », nous affirmons notre espérance que « l’Évangile de la vie » est l’accomplissement de la promesse d’un Père qui, toujours, prendra soin de notre vie, jusqu’à la renouveler et la transformer par-delà notre mort.

     

    C’est dans cette ligne que je voudrais aujourd’hui écouter et présenter le sens de l’expression « l’Évangile du mariage ». Mais auparavant, je voudrais commencer par regarder avec vous les événements que nous avons vécus en France, l’an dernier, à l’occasion du vote de la loi sur le mariage de deux personnes de même sexe. Les débats sur la famille ont enflammé le monde de la communication. Un grand nombre d’interventions médiatiques ont retenu l’attention et une série de manifestations de masse ont eu lieu. Elles ont rassemblé des foules considérables que certains ont voulu minimiser ou ignorer mais qui ont étonné, bien au-delà de nos frontières. Je me souviens encore des questions que plusieurs cardinaux de divers continents sont venus me poser à ce sujet, lors du conclave de mars 2013.

     

    Ces rassemblements se nourrissaient d’une réflexion conjointe de philosophes et de juristes, d’hommes politiques et d’anthropologues, de représentants des différentes religions, de psychologues et d’éducateurs. Le mouvement a été porté par de nombreux catholiques très engagés, mais il a permis une rencontre en profondeur avec d’autres croyants, en particulier avec ceux de la communauté musulmane. Dans ce contexte à la fois pacifique, car les manifestations avaient un aspect bon enfant, et tendu, car l’opposition était forte et l’enjeu essentiel, quel témoignage les chrétiens ont-ils donné ? Ont-ils réussi à transmettre l’Évangile, la bonne nouvelle du mariage ?

     

    I. Donner notre témoignage de manière évangélique

     

    Il me semble opportun de faire une sorte d’examen de conscience, en regardant l’ensemble de ces événements à la lumière des Béatitudes (Mt 5, 3-10). Les avons-nous vécus comme des pauvres, sans chercher d’abord le résultat ou l’efficacité ? Comme des doux, évitant toute parole violente ou méprisante à l’égard de ceux auxquels nous étions amenés à nous opposer ? Comme des affligés, intérieurement désolés par cette initiative de déstructuration sociale et ce mensonge d’État qui déclare qu’un enfant a deux mamans ou deux papas ? Comme des affamés et des assoiffés de justice, c’est-à-dire à la fois fidèles à la justice de Dieu et soucieux du bien de tous. Quel souci avons-nous eu de l’attention et de l’amour que l’on doit aux personnes homosexuelles ? « Affamés et assoiffés », cela engage aussi à combattre le découragement qui rôde et risque de tout pourrir… La Béatitude de la justice appelle la suivante, qui évoque la miséricorde.

     

    Quelle fut notre attitude le jour du premier mariage entre deux personnes du même sexe en France, le mercredi 29 mai, à Montpellier ? Les vrais miséricordieux ont su prendre le temps de la prière pour ces deux hommes, Vincent et Bruno. Il nous fallait voir aussi comment faire passer un message qui soit toujours une parole d’amour et de miséricorde, comme la phrase du pape François qui nous a tellement touchés : « Si une personne est “gay” et cherche le Seigneur avec bonne volonté, qui suis-je pour la juger ? » (a). En somme, est-ce que ces manifestations étaient pour nous comme un acte de miséricorde, une action et une vraie présence du Messie consolateur ?

     

    Dans un autre cadre, j’ai essayé de faire ce travail minutieusement, en développant cette interrogation à partir de chacune des Béatitudes. On me permettra simplement de rappeler que pour certains, ce fut un rude combat qui les a conduits à la dernière : « Bienheureux les persécutés pour la justice. » Espérons que le Seigneur leur a donné d’entrevoir quelque chose de son Royaume durant ces épreuves !

     

    II. Un point de départ solide

     

    Maintenant, je voudrais toucher le fond du problème. Il s’agit de donner écho et de rendre audible, dans le contexte social et médiatique dans lequel nous vivons aujourd’hui, un message sur le mariage. Livrer une parole de vérité, comme un fondement anthropologique majeur qui demeurera toujours, malgré les méandres de l’histoire, les modes ou les initiatives des gouvernements.

     

    Dans les premières pages de la Bible, on lit le récit de la création de l’homme et de la femme qui forment ensemble « l’image et la ressemblance de Dieu ». Il est demandé à l’homme de quitter son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, de sorte que tous deux ne forment plus qu’une seule chair (cf. Gn 1, 28 et 2, 24). Ces mots ne sont ni une loi ni un règlement, mais une parole de vérité et de vie. Je les entends comme le conseil d’un Père qui ne cherche que le bien de ses enfants et veut les aider à accomplir le meilleur de ce qui les habite. Pour les croyants, il est clair que la valeur et la force de ce message ne pourront jamais être discréditées ni même effleurées par les courants de pensée à la mode ou les aléas d’une majorité parlementaire. Il fallait donc trouver le moyen de faire entendre ce message fondamental sur la famille.

     

    Le concept chrétien de la famille est à la fois simple dans son origine et extraordinairement ample et analogique. Dans le développement d’une personnalité, d’ailleurs, on voit souvent que plus quelqu’un est profondément attaché à ses racines, plus il est capable d’une large ouverture.

     

    Puis-je formuler quelques principes simples ?

     

    Il n’y a pas de famille sans enfants, ni d’enfants sans famille. C’est là, dans ce milieu, dans ce contexte qu’ils ont grandi et découvert la vie.

     

    Il n’y a pas d’enfants sans parents : la filiation conduit à une profonde gratitude, mais elle comporte aussi ses souffrances, ses ruptures… Paternité, filiation, liens de fraternité… c’est le même sang qui coule aux artères, même si chaque famille a ses blessures, ses maladies…

     

    Il n’y a pas non plus de parents sans alliance. L’expérience nous enseigne que c’est le point le plus fragile de la vie familiale, car il résulte d’un choix personnel qui a l’amour pour origine. Or nos choix peuvent être remis en cause, et souvent par nous-mêmes : « Quelle erreur j’ai commise, ce jour-là ! » Et si l’amour se limite au sentiment amoureux, il est soumis, comme l’on sait, à de dangereuses fluctuations : « Mais je ne l’aime plus ! Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous supporter. » La loi en porte la marque : il est difficile de nier la filiation (ou la paternité et la maternité), mais on court toujours vers une législation qui facilite de plus en plus le divorce. Comment faire pour fortifier ce qui est fragile ? C’est justement cela qui mériterait la plus grande attention !

     

    III. Mais comment réguler le désir ?

     

    En fait, dans le mariage, trois réalités se mélangent : le désir sensible et sexuel (des époux), la douce joie de l’amitié partagée (un long compagnonnage) et le grand cadeau de la fécondité (la paternité et la maternité). L’histoire et l’expérience nous montrent qu’elles ne font pas toujours bon ménage : plusieurs rois de France ont eu une épouse légitime et une ou plusieurs maîtresses successives, d’autres ont été homosexuels…

     

    Voilà une question de toujours qui surgit au grand jour, à notre époque. Qui pourrait avoir le droit de juger ou de s’opposer au désir qui m’habite ? Il est changeant et chacun sait que la sexualité comporte une large part d’irrationnel. S’il est refoulé, il peut constituer un danger d’explosion interne ou de dérive. S’il est seul maître à bord, il risque de conduire à des comportements aberrants ou violents ; les faits de l’actualité – y compris au sein de l’Église – nous le rappellent trop souvent ! Comment aider chacun à rester lui-même, à vivre et exprimer librement son désir, tout en demeurant en harmonie avec la raison, la volonté et le bien commun ? Dans l’éducation que j’ai reçue, il me semble qu’on a su faire droit, avec délicatesse, à la vérité d’une personne, l’encourager à se développer librement, tout en la mettant en garde contre elle-même. Les marqueurs de l’éducation, les habitudes sociales et spirituelles ont pour but de mettre notre liberté fondamentale à l’abri des fluctuations de la sensibilité et de ses dérives ou dangers éventuels.

     

    Dans une tribune que j’ai trouvée très éclairante, la philosophe Chantal Delsol explique qu’il y a, dans notre mentalité sociale, une tyrannie du désir devant laquelle tout doit céder. Elle peut se résumer en deux exclamations :

     

    « Mais on souffre ! » Il faut alors, quoi qu’il arrive, supprimer la cause de cette souffrance.

     

    « Mais on s’aime ! » De quel droit allez-vous vous opposer à cet amour ?

     

    Oui, ce sont des faits ; ils s’imposent dans la vie de celui qui les exprime. Mais pourquoi faudrait-il toujours y céder, satisfaire les désirs d’aujourd’hui et ceux qui surviendront demain ? Pourquoi devrions-nous céder devant ces exigences de modifier la loi pour permettre à ces désirs de se réaliser ? L’argument souvent utilisé laisse entendre que la réalisation de ces désirs ne contraint nullement ceux qui ne les partagent pas à continuer de vivre comme ils le veulent. Mais c’est de courte vue, car il s’agit d’une modification en profondeur du contexte social, comme l’avait affirmé la Garde des Sceaux, Madame Taubira, à l’approche du vote de la nouvelle loi sur le mariage : Il s’agit d’un vrai changement de civilisation.

     

    IV. L’Évangile du mariage, cœur de la Révélation chrétienne

     

    Puisque nous réfléchissons à la « bonne nouvelle » du mariage, il me semble essentiel d’affirmer que nous ne devons pas rester prisonniers de la logique médiatique du « buzz ». Le mariage n’est pas une « opportunité » de communication, mais bien le cœur de la Révélation biblique.

     

    Je poserai donc ici un principe simple qui est, pour moi, un élément essentiel de toute la catéchèse biblique et sacramentelle : dans la Bible, tout est nuptial.

     

    Il est clair que le mot Testament traduit bien mal l’hébreu berit ou le grec diathèkè. La Bible est d’abord une histoire d’alliance. Dans le livre d’Osée, Dieu parle à son peuple comme à une fiancée qu’il conduit au désert pour lui dire des mots de tendresse.

     

    Alliance, c’est le mot que l’on entend au centre de la célébration eucharistique :« La coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle » (cf. Mt 26, 27-28).

     

    Et quand Jésus vient sceller cette Alliance, il se présente comme l’Époux qui s’offre à celle qu’Il aime.« Ceci est mon corps livré pour vous », quoi de plus nuptial que cette parole qui est le cœur de la célébration eucharistique ? En se livrant corps et âme à celle qu’Il aime, l’Époux souhaite que l’Église, son Épouse, soit belle, « resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il la voulait sainte et irréprochable. C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps ». C’est alors que saint Paul lance cette exclamation, à propos du mariage : « Ce mystère est grand ! » (Ep 5, 27-28 et 32).

     

    L’aventure dans laquelle se lancent les époux est une image de l’histoire de l’humanité entière, inscrite dans leur chair et leur histoire personnelle. Les difficultés et les trahisons ne manquent pas, mais la fidélité de Dieu donne à notre fragilité humaine une espérance invincible. C’est la raison pour laquelle le sacrement du mariage est présenté d’abord comme une action de Dieu, qui scelle notre amour toujours fragile dans la grande épopée de l’Alliance entre Dieu et l’humanité, dont le sommet plonge dans le mystère pascal de Jésus.

     

    Les trois axiomes que j’ai utilisés plus haut – pas de famille sans enfants, pas d’enfants sans parents et pas de parents sans alliance – offrent un beau résumé de notre foi. Ils découlent de la première ligne du Credo : nous croyons en un Dieu qui est Père, créateur et qui garde toujours la création entière dans sa main (c’est le sens exact de Pantocrator, imparfaitement traduit par « tout-puissant »). Ses enfants ne risquent donc pas de se trouver abandonnés, mais surtout, ils sont invités à entrer dans le déploiement de cette famille puisqu’ils ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. Ils sont appelés à engager toute leur vie dans le mystère de l’Alliance et s’ils viennent à connaître la joie de la paternité et de la maternité, ils auront en mémoire l’avertissement de Jésus : « Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux »(Mt 23, 9). La source est unique, et tous peuvent avoir la joie d’y participer : « Je fléchis le genou, écrit saint Paul,devant le Père de qui toute paternité (ou famille, car le mot grec patria se traduit des deux façons)tire son nom » (Ep 3, 14-15).

     

    « Évangile de la famille », voilà donc résumé en deux mots tout le projet de Dieu pour l’humanité : sceller avec elle une alliance, son alliance d’amour, et établir entre nous des rapports fraternels qui fassent de l’humanité entière « la famille de Dieu » par la circulation de sa charité. Dès lors, s’abolissent les frontières de races et de générations : on peut tout partager avec un frère ou une sœur d’un autre continent ou d’une autre culture ; on peut demander de l’aide aux Apôtres ou à saint Augustin, comme on se tourne vers des aînés dans la famille. Nous pouvons même attendre de notre sœur Thérèse de l’Enfant Jésus qu’elle agisse aujourd’hui en notre faveur, puisqu’elle a promis de « passer son ciel à faire du bien sûr la terre ». Or, le meilleur chemin pour entrer dans l’immense famille humaine, c’est celui de nos familles qui doivent être attentivement accompagnées, aidées et encouragées dans leurs difficultés. C’est une si grande mission d’introduire chaque nouvel être humain dans le mystère de l’Alliance. Les parents, homme et femme, y sont l’image et la ressemblance de Dieu Trinité. Parfois, bien que toute comparaison ait ses limites, j’ose penser que si l’on trouve dans un enfant le regard de son père ou le sourire de sa mère, on pourrait dire de l’Esprit Saint qu’il est le sourire et le regard de Dieu…

     

    V. Épangile et Évangile : l’accomplissement d’une promesse

     

    Assurément, pour chacun d’entre nous, le plus cher désir est que l’aventure de notre amour réussisse, car, plus encore que la santé ou les succès professionnels, c’est la clé de notre bonheur. Et précisément l’attention à ce bonheur a conduit Dieu à s’engager dans notre histoire. Il nous a d’abord donné ces paroles de vie que l’on nomme sans doute à tort « les commandements ». Puis, à travers les prophètes, il a continué d’envoyer sa Parole sur terre. « Rapide, son verbe la parcourt » (Ps 147, 15). Mais comme tout cela n’a pas suffi, « finalement, il envoya son fils » (Mt 21, 37).

     

    Y a-t-il coïncidence, ou au moins correspondance, entre notre attente la plus profonde et la promesse et l’engagement de Dieu dans l’histoire des hommes ? Pourquoi remarque-t-on si rarement la proximité des mots promesse (en grec épangile) et Évangile ? Ils sont souvent proches l’un de l’autre dans le Nouveau Testament, et pourtant les traductions ne permettent jamais de percevoir leur racine commune. Dieu connaît nos attentes, et il nous promet d’y répondre. C’est Jésus qui est venu réaliser cette promesse dans sa propre chair : voilà l’Évangile !

     

    N’est-il pas aisé de montrer que « l’Évangile du mariage » est la clé de compréhension du dessein divin ? Tout nous parle de mariage, depuis le moment de l’Incarnation. Oui, Dieu viendra sur terre, mais pas « hors du mariage » : « Voici quelle fut l’origine de Jésus-Christ : Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph »(Mt 1, 18), jusqu’à l’épilogue de l’Apocalypse où l’on entend l’Esprit et l’épouse dire : « Viens ! » et l’époux répondre : « Oui, je viens sans tarder » (Ap 22, 17 et 20).

     

    Le premier miracle ? C’est celui des Noces de Cana et l’on nous explique bien qu’il symbolise celles de la croix et le festin des noces éternelles dont elle nous ouvre les portes.

     

    La Cène ? Le Sang du Christ est versé pour qui et pour quoi ? « La coupe de mon sang, le sang de l’Alliance, nouvelle et éternelle, versé pour vous et pour la multitude, en rémission des péchés » (cf. Mc 14, 24 ; Lc 22, 20 ;1 Co 11, 25).

     

    Quant à Jean-Baptiste, le plus grand des hommes qui ait existé (cf. Mat 11, 11), pourquoi meurt-il ? Pour avoir dit à Hérode : « Tu n’as pas le droit de prendre la femme de ton frère » (Marc 6, 18).

     

    Saint Paul poursuit cette ligne : « Que le mariage soit honoré de tous, que l’union conjugale ne soit pas profanée… » (He 13, 4). Or voilà, on ne profane que les sanctuaires.

     

    Souvent, dans l’Église, nous raisonnons en termes de baptisés, confirmés, consacrés, plus rarement en termes d’hommes et de femmes mariés. Quand sont-ils appelés, dans la communauté, en tant que tels ? Au cours de la messe chrismale, dans mon diocèse, je m’adresse aux prêtres après l’homélie comme le demande le Rituel ; j’appelle aussi les diacres et les laïcs en mission ecclésiale à la fin de la messe… Le Christ Prêtre, on connaît. Le Christ serviteur, et ses diacres, aussi, la variété des ministères est reconnue et honorée, mais le mystère de l’Alliance ? Ils ont leur place marquée dans nos messes chrismales. Pourquoi ne pas appeler aussi les religieuses et les vierges consacrées, dont la vie nous parle du Christ-époux ? Pourquoi ne pas instaurer une « fête de la vie mariée » ?

     

    On a longtemps compris et présenté dans notre Église les vocations à la vie consacrée comme la voie royale et le mariage comme la vocation commune, pour ne pas dire banale, quelconque…

     

    On devrait expliquer que toutes les vocations se comprennent à partir de l’Alliance et qu’elles se vivent toutes dans la logique de l’Alliance, les unes pour le vivre, les autres pour en témoigner. À leur manière, les vocations religieuses et le célibat consacré témoignent aussi de la grandeur du mariage. Un peu comme celui qui fait vœu d’obéissance, et qui, dans les faits, magnifie la liberté. Lorsque je suis avec des enfants ou des jeunes et que je leur demande de retrouver les sept sacrements, je me réjouis de constater qu’après le baptême (la porte d’entrée) et l’Eucharistie (le sacrement central), c’est toujours le mariage qui vient en premier. Car c’est le paradigme, le modèle à partir duquel, pour chaque disciple du Christ, l’histoire de son alliance va prendre forme.

     

    Dans l’Évangile, quand les disciples disent, après avoir écouté Jésus répondre aux questions qui lui sont posées au sujet du mariage, « que si telle est la situation…, il n’y a pas intérêt à se marier »,le Seigneur reconnaît bien qu’en effet « ce n’est pas tout le monde qui peut comprendre » (Mt 19, 10-11). Et il ajoute que tout le monde n’a pas cette vocation, un peu comme l’on dit aujourd’hui du sacerdoce : « C’est un appel, ce n’est pas fait pour tout le monde. » Pouvons-nous en conclure que ce qui n’est pas « pour tous », en l’occurrence, selon Jésus, c’est le mariage ?

     

    Il montre que le chemin du mariage est ardu… ! Comment ne pas lui donner raison quand on constate le nombre d’échecs dans cette voie ? Pas étonnant non plus de voir que sur le mariage se concentrent tant de menaces, de parodies. Il serait intéressant de reprendre les quatre piliers du mariage pour voir comment chacun est sérieusement attaqué par le dogme universel du choix personnel : « C’est mon choix » ou « Tu fais comme tu le sens ».

     

    Face à l’indissolubilité : le divorce, et la procédure toujours plus simple… Face à la fidélité : l’adultère qui n’entre plus dans la catégorie du « divorce pour faute » et que l’on ne craint pas de promouvoir… Face à la fécondité : la contraception et l’avortement… Face à la liberté qui s’engage : la liberté qui s’essaye, le concubinage…

     

    Jean-Baptiste baptisait dans l‘eau, il annonçait Celui qui baptiserait dans l’Esprit. Mais nous savons que c’est dans leur sang, que Jean Baptiste et Jésus ont, tous deux, baptisé l’Alliance.

     

    Conclusion

     

    À chaque génération, le même défi se présente : comment aimer le monde sans nous laisser prendre par sa logique ? Comment l’écouter et le comprendre en profondeur, pour vraiment le servir ? Des phrases essentielles de l’Évangile se heurtent dans notre esprit : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique »(Jn 3, 16) ; « Ils sont dans le monde, mais ils ne sont pas du monde. Garde-les du Mauvais » (Jn 17, 11-14) ; « Que ton règne vienne… sur la terre comme au ciel »et « Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde… »(Jn 18, 36).

     

    Aujourd’hui, nous sommes ses enfants, donnés, livrés à ce monde pour y faire venir son Règne de justice et de paix. Aimer le monde tel qu’il est, sans se laisser prendre ou fasciner par ses tromperies, et vivre au milieu de tous dans la charité et le respect, voilà ce qui nous est demandé. Du Seigneur, nous avons reçu la consigne de dire un oui qui soit oui et un non qui soit non (cf. Mt 5, 37), sans nous soucier de ce qui va servir ou nuire à notre image.

     

    Récemment, en lisant le passage des Actes des Apôtres où Pierre et Jean racontent ce qu’ils viennent de subir de la part des chefs des prêtres et des anciens (4, 23-31), je pensais que c’est vraiment le lot et le défi de toutes les générations chrétiennes. Alors, l’assemblée, « d’un seul cœur », se met à prier : « Maître, c’est toi qui as fait le ciel, la terre et la mer. C’est toi qui as mis dans la bouche de David, ton serviteur, les paroles que voici : Pourquoi ces nations en tumulte, ces peuples aux projets stupides… ? »

     

    C’est d’abord sur la prière qu’il faut fonder notre action, car c’est elle qui maintient le mystère de l’Alliance en nous comme une source. J’en ai été le témoin l’an dernier, à Lyon. Une dame qui attendait son quatrième enfant est venue me voir à la cathédrale, au moment des débats sur le mariage, et elle m’a dit : « Je ne vois pas ce que je pourrais faire, mais j’ai envie de lancer un groupe de prière des mères. » Je n’ai pas hésité une seconde à l’encourager… et le groupe s’est réuni, chaque mardi, à la Basilique de Fourvière.

     

    Sur le plan doctrinal, le pape François nous exhorte dans Evangelii gaudium (4) à ne jamais supposer que les gens connaissent les fondements de l’enseignement de l’Église, car c’est rarement le cas. Toujours, comme lors d’une catéchèse qu’il a donnée sur le mariage à l’audience du 2 avril, cette année, il prend le temps de repartir du cœur de la foi.

     

    Dans l’homélie des canonisations du 27 avril, il a évoqué deux points qui viennent au cœur de notre sujet et par lesquels je vais terminer. Il a dit que saint Jean XXIII avait été docile à l’Esprit Saint, en convoquant le Concile Vatican II, de manière si rapide et inattendue. Et il a révélé que saint Jean-Paul II avait exprimé le désir que son nom reste comme celui du « pape de la famille » (b). Lors du Consistoire de février 2014, François nous a raconté l’histoire du choix du thème des synodes de cette année et de l’an prochain : « J’y ai vu la main de Dieu », a-t-il affirmé. Il n’est donc pas étonnant qu’il ait confié ce travail à l’intercession des deux nouveaux saints, pour qu’il soit mené dans la docilité à l’Esprit Saint. Unissons-nous à sa prière, car l’enjeu est de taille !

     

    Permettez-moi de reprendre, comme un envoi, les deux mots de Jésus que je regarde comme une dixième Béatitude : « Vous êtes le sel de la terre », « vous êtes la lumière du monde » (Mt 5, 13-14). Souvent, on transforme ces affirmations en impératifs : « Soyez enfin du sel, une lumière qui ose se montrer et briller au dehors ! Si les chrétiens étaient vraiment… Pourquoi ont-ils perdu leur saveur, leur audace ? » Non, Jésus parle au présent de l’indicatif : « Vous êtes le sel de la terre ; vous êtes la lumière du monde. » Malgré nos médiocrités, voilà ce que nous sommes, en vérité ; c’est la grâce de notre baptême. De là, découle une grande joie : Quand les chrétiens agissent comme de vrais disciples de Jésus, comme les témoins de celui « qui a rendu son beau témoignage devant Pilate » (1 Tm 6, 13), ils sont, sans en avoir conscience, un cadeau de Dieu pour le monde, sel qui donne du goût à la vie, lumière qui révèle comme la création est belle !

     

    C’est peut-être la plus grande joie des époux chrétiens, lorsqu’ils savent que leur mariage est la grâce de leur vie, donc la mission qui leur incombe.

     

    Avec vous, j’en rends grâce à Dieu de cet « Évangile du mariage ».

     

     (*) Titre et notes (1) à (4) de La DC. Titre original : « L’Évangile de la famille ».

     


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