• - JEUDI SAINT : "IL VEUT M'INVITER"

    « IL VEUT M’INVITER… »

     

     

    - JEUDI SAINT : "IL VEUT M'INVITER"

    LAVEMENT DES PIEDS (icône russe)

     

    Un mercredi matin, lors d’une catéchèse, j’interroge Timothée, 9 ans :

    « À quoi crois-tu que Jésus t’invite en faisant ta première communion, ce Jeudi saint ? » Comme dans un souffle, il répond :

    « Il veut m’inviter à la fête de la gloire de Dieu ! » Tels quels, ces mots ne viennent ni de son manuel du moment ni de sa famille. Touchée par la façon dont est survenu ce coup de pouce de l’Esprit Saint, j’évoque souvent cette phrase venant d’un enfant, auprès de personnes âgées ou empêchées de se déplacer, à qui je porte la communion.

    J’aime aussi méditer ces mots pour moi-même : « Il veut m’inviter »

    Dans ma vie déjà, je suis sensible aux liens d’amitié. Mais, là, il s’agit de Jésus qui me signiie : « Tu as du prix à mes yeux. » Il est l’ami véritable qui m’attend et qui me convie à une « fête ». Depuis plus de deux mille ans, les chrétiens, le Jeudi saint, célèbrent la Cène, le dernier repas de Jésus pris avec ses disciples, à l’approche de la Pâque juive. C’est pour eux le souvenir du passage de la mer Rouge par le peuple hébreu, sauvé par Dieu. Ce soir-là, Jésus veut leur montrer qu’ils sont invités « à la fête de la gloire de Dieu », gloire qui n’est pas celle des hommes mais qui prend sa source en Dieu. Cependant, affairés, il semble qu’ils n’aient pas prêté attention à cette mention de Jésus : « Mon temps est proche. » Contre toute attente, il se met à leur laver les pieds.

    À son époque, et en pays chaud, c’est un geste coutumier d’accueil mais c’est une tâche accomplie par le serviteur et non par le maître. Sur l’icône de cette scène, on reconnaît bien Pierre qui esquisse un geste de refus total et qui proteste : « Pas toi, non jamais ! » Jésus insiste : « Je ne suis pas venu pour être servi mais pour servir » (Mt 20, 28). Ce soir du Jeudi saint, plus que sur la parole, l’accent est mis sur le geste de Jésus : « C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous » (Jn 13, 15). Le message est ferme et ciblé : c’est un commandement nouveau : « À ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35). L’appartenance à l’Église des chrétiens passe par la « diaconie attitude », c’est-à-dire par le service du frère soufrant. « Plus d’amour dans ces mains », enseignait saint Camille de Lellis aux novices de son ordre dans la façon de prendre soin des personnes malades. Aujourd’hui, moi, nous, à la suite de Jésus, où en sommes-nous de cet apostolat envers ceux que nous rencontrons ?

    Ensuite, Jésus choisit le moment propice du repas pour aller encore beaucoup plus loin dans le signe : il donne le pain aux disciples en leur disant : « Prenez, mangez, ceci est mon corps. » Puis, prenant une coupe, il rendit grâces et la leur donna en disant : « Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui va être répandu pour une multitude en rémission des péchés » (Mt 26, 26-27). C’est son message-testament : le don de sa vie lié au geste du service qu’il vient d’accomplir. C’est prière et action, pas l’un sans l’autre, et envoi en mission. Jésus montre le chemin : d’abord rendre grâces à Dieu créateur, pour ensuite mener le croyant au coeur du mystère de la Sainte Trinité : à son Père, par le Fils, dans l’Esprit. Ce sacrement, institué par Jésus lui-même, renouvelle en nous chaque fois la fine pointe de notre conversion intérieure, où tout redevient possible dans notre vie car Dieu est Amour. Si nous laissons la grâce de sa miséricorde entrer en nous, elle opère avec la précision du chirurgien, comme il faut, là où il faut. De solitaires, nous devenons solidaires ; nos forces se font créatrices dans le dynamisme de la foi. Nous aurons encore à soufrir de nos manquements, mais en restant persévérants et en gardant la joie profonde du chrétien qui se sait aimé de Dieu.

    « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui- là porte beaucoup de fruit. » Le voici le royaume de Dieu, auquel nous sommes invités

    chaque jour ! « C’est la gloire de mon Père que vous portiez beaucoup de fruit et deveniez mes disciples. Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour » (Jn 15,9). Et si nous sommes unifiés à Lui, nous sommes unifiants pour ceux que nous rencontrons.

    MARIE-CHRISTINE BROCHERIEUX (La Croix du 17/04/2014) 

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