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    Homélie du 1er dimanche de l'Avent (B)

     

    Ce premier dimanche de l'Avent marque le début d'une nouvelle année liturgique. Nous devons d'abord nous rappeler que ce mot Avent est un dérivé de venue, avènement. Nous célébrons les trois venues du Seigneur : nous pensons d'abord à celle qui est située dans le temps, sa naissance que nous fêtons le jour de Noël. Sa deuxième venue c'est chaque jour dans notre vie si nous l'accueillons. Quant à sa troisième venue, c'est celle de son grand retour dans la gloire. Ce qui nous est recommandé, c'est de veiller et de nous préparer activement à ce retour.

     

    Dans la première lecture, Isaïe nous annonce un message d'espérance. Il faut savoir qu'il s'adresse à un peuple humilié, écrasé et dispersé. Il lui fait comprendre que tous ces malheurs viennent de son éloignement du Seigneur. Il se trouve errant, hors des chemins de celui qui agit en sa faveur. Mais quand tout semble désespéré, il y a toujours des hommes et des femmes pour rallumer le feu sacré de l'espérance. Dieu n'abandonne pas son peuple. L'annonce de cette bonne nouvelle se trouve réalisée avec la venue de Jésus. Il se présente à nous comme le chemin, la vérité et la vie. Dans un monde où le désespoir est plus mortel que jamais, nous sommes le peuple de l'espérance.

     

    Dans la seconde lecture, l'apôtre Paul s'adresse à la jeune communauté de Corinthe. L'annonce de Jésus ressuscité est le fondement de notre foi. En lui, c'est Dieu qui est intervenu pour le salut de tous les hommes du monde entier et de tous les temps. Par sa résurrection et son entrée dans la gloire du Père, il ne nous a pas quittés ; il a pris les devants pour inaugurer son Royaume. C'est là qu'il nous introduira au jour fixé par le Père. C'est ce grand retour du Christ glorieux que nous attendons dans la foi. Pour communier à la gloire de cette fête, saint Paul nous invite tous à être irréprochables. Il ne nous est pas demandé d'accomplir des performances spirituelles. Nous ne devons pas oublier que le principal travail, c'est lui, le Seigneur qui le fait en nous. Ce qui nous est recommandé, c'est de vivre en communion avec lui. Il est là au cœur de nos vies pour nous accompagner et nous affermir dans la foi.

     

    "Veillez…" c'est le maître-mot de l’Évangile de ce dimanche. "Prenez garde", nous dit encore Jésus. Cela ne signifie pas "Méfiez-vous". Nous ne devons pas nous méfier de la venue du Seigneur qui sera la plus grande des joies. Le plus important c'est de contempler sa venue d'une manière nouvelle. Nous devons donc demander la guérison du regard pour pouvoir veiller comme le Seigneur nous demande de le faire. C'est l'amour que le Seigneur veut faire grandir en nous, un amour vigilant et attentif. Nous sommes comme le serviteur qui attend son maître en pleine nuit. Il est important que nous donnions le meilleur de nous-mêmes. Son projet doit être le nôtre. Les hommes de notre monde ne s'intéresseront vraiment au Christ que s'il passionne ses disciples.

     

    Il y a une chose que beaucoup ne savent pas : Dans la Bible, on emploie le même mot pour parler du veilleur et de l'amandier. Quand on croit que tout est fichu, l'amandier fleurit avant tous les autres arbres. Il annonce le printemps. Le veilleur comme l'amandier annonce le printemps de Dieu. Il faut croire que la Lumière l'emportera sur les ténèbres. C'est pour cela qu'il nous faut avoir un autre regard. Avec le regard de tous les jours, on ne voit que ce qui va mal, les catastrophes, les violences, les meurtres. Avec le regard de Dieu, nous pourrons repérer les signes du printemps spirituel dans ce monde qui est le nôtre. C'est ce regard de la foi qui nous permettra de le reconnaître et de l'accueillir. Son amour nous est sans cesse offert. Le cardinal Eyt nous disait que nous ne sommes pas 2000 ans après Jésus Christ mais 2000 ans avec lui.

     

    "Vous ne savez pas quand viendra le moment" nous dit encore Jésus. Nous n'avons pas à le savoir ; ça ne nous regarde pas. Le Christ veut nous éviter l'inquiétude. Il nous recommande de rester fermes dans la foi. Même au plus fort de la nuit, nous avons la ferme certitude que l'amour triomphera. L’Évangile nous parle du chant du coq ; bien avant l'aurore, il annonce la venue de la lumière. Ce temps de l'Avent nous est donné pour réveiller notre attente, notre soif de Dieu.

     

    Veillez, nous dit Jésus. Ne sombrez pas dans le sommeil spirituel qui fait qu'on ne voit que ce qui va mal. Durant ce temps de l'Avent, nous sommes invités à retrouver le chemin de la prière et des sacrements. C'est dans ce contact régulier avec le Seigneur que nous trouverons le chemin de la véritable conversion. Bernanos disait : "C'est formidable comme mes idées changent quand je prie." C'est dans le silence, loin des tapages publicitaires que nous pourrons accueillir le Seigneur qui vient.

     

    En ce début de l'année liturgique, nous nous tournons vers toi Seigneur : aide-nous à devenir les veilleurs de notre humanité. C'est au cœur de notre vie de tous les jours que nous voulons t'accueillir. Garde-nous éveillés pour ne pas manquer ce rendez-vous.

    Abbé Jean COMPAZIEU

     

    Sources : revues Signes, Feu Nouveau, Dimanche en paroisse, Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (JP Bagot), Entretiens du dimanche (Noël Quesson, Homélies pour l'année B (A Brunot), Commentaire de Claire Patier

     


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  •                     LE PAPE FRANÇOIS DÉPOSE UNE GERBE AU MAUSOLÉE D'ATATÜRK


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  • Dimanche prochain commencera une nouvelle année liturgique, dénommée "année B" car elle est la seconde année du cycle réparti sur 3 ans, au cours desquels nous lisons successivement les Evangiles selon St Matthieu(A), St Marc (B) et St Luc (C).

    Donc, à partir du 1er Dimanche de l'Avent (dimanche prochain) nous lirons, dimanche après dimanche (sauf nombreuses exceptions) l'Evangile selon MARC.

    A cette occasion, la chaîne KTO a consacré une émission de 52mn à l'explication de cet Evangile. Vous le trouvez ci-dessus.

     

     

     

     

     


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    Fête du Christ Roi de l’univers

     

    Nous célébrons ce dimanche la fête du Christ Roi de l’univers. Mais si nous lisons bien l’Evangile, nous comprenons que le Christ n’est pas un roi à la manière des conquérants qui ont marqué l’histoire des hommes. Il n’est pas comme ces chefs qui font peser leur autorité. Ces derniers sont souvent portés à se faire servir plutôt qu’à servir et aider leurs administrés. Il n’est pas non plus un président à la manière des gouvernants de tous les temps. Nous le voyons bien, la plupart d’entre eux sont plus attirés par le pouvoir et l’argent que par l’attention aux plus pauvres. Nous devons donc oublier tous ces rois, ces chefs et ces présidents. La royauté de celui que nous honorons n’est pas de ce monde.

     

     

    Le prophète Ezéchiel (1ère lecture) nous annonce un roi berger de son peuple. Il guidera l’humanité sur la bonne route. Loin d’être un exploiteur de ceux qui lui sont confiés, il sera un serviteur attentif. Il se mettra au service des brebis les plus faibles. Il veillera avec amour sur les brebis saines. Il sera aussi un maître qui rétablira l’ordre. C’est ainsi que Dieu manifeste toute sa bonté. Cette bonté est devenue réalité avec la venue de Jésus dans le monde. Il s’est montré plein de sollicitude pour les plus faibles et les plus méprisés. Bien plus, il s’est identifié à eux.

     

    Dans la seconde lecture, l’apôtre Paul nous annonce que le Christ ressuscité veut nous conduire à sa victoire sur la mort et le péché. Par sa résurrection d’entre les morts, il a triomphé de toutes les puissances du mal. Il marche à la tête de la procession des hommes qui montent vers Dieu. Il introduira dans son Royaume tous ceux qui l’auront suivi. Le monde sera arraché à la mort. Dieu sera tout en tous. Voilà une bonne nouvelle qui doit raviver notre espérance.

     

    L’Evangile nous rappelle que le Christ veut nous associer tous à sa royauté au service des plus démunis. Un jour quelqu’un avait trouvé un crucifix mutilé dans les combles d’une église après la guerre. Le sacristain s’était proposé pour lui sculpter de nouveaux bras. Mais le prêtre a répondu : « Non, nous le laisserons tel qu’il est. Il nous rappellera que ses bras et ses mains, ce sont désormais les nôtres ». C’est ainsi que le Christ a besoin de nos mains pour exercer sa Royauté. Il nous envoie vers le petit, vers celui qui manque du nécessaire pour vivre. Ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui n’ont pas de quoi se nourrir, s’habiller, se loger. Nous pensons aussi aux étrangers, aux sans papiers et aux exclus de toutes sortes.

     

    L’Evangile nous dit que c’est d’abord pour eux que le Christ est venu dans le monde. Avec lui, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux pauvres. Ils sont son bien le plus précieux. L’Evangile nous demande de les aimer comme Jésus les a aimés. Il nous dit aussi que nous serons jugés sur notre amour ou notre manque d’amour. A l’heure du jugement final, nous serons tous rassemblés devant le christ berger. Tous les masques tomberont. Il n’y aura plus d’argent, de gallons ou d’uniforme pour nous protéger. Chacun apparaîtra tel qu’il est avec ce qu’il a fait de sa vie, des autres et de Dieu.

     

    Ce jugement est représenté sur le tympan de l’église de Conques. Il nous montre le retour du Fils de l’homme. Toutes les nations sont rassemblées devant lui. Ces nations vont disparaître pour donner naissance à un nouveau peuple selon le cœur de Dieu. Ce sera une « nation sainte ». Mais auparavant, il faut passer par un jugement. Chacun sera classé avant qu’il ait pu ouvrir la bouche. Les bons seront surpris de se trouver parmi les bons et les méchants d’être méchants.

     

    Ce tableau n’est pas là pour nous effrayer. Il nous invite à accueillir le Christ à travers ceux qu’il appelle « les petits qui sont ses frères. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants vivent chaque jour avec la faim au ventre. A travers eux, c’est le Christ qui est là. C’est lui que nous accueillons ou que nous rejetons. Nous serons jugés sur notre rapport avec le pauvre, le clochard sale, l’étranger renvoyé dans son pays parce qu’il n’y a pas de place pour lui dans l’hôtellerie.

     

    Dans l’eucharistie que nous célébrons chaque dimanche, nous apprenons à te reconnaître, Seigneur, dans la Parole et le Pain de Vie. Apprends-nous aussi à te reconnaître dans les pauvres. C’est auprès d’eux que nous sommes renvoyés si nous voulons te rencontrer. Nous te supplions : « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets dans nos ténèbres ton Esprit d’Amour ». Amen

    Abbé Jean COMPAZIEU

     

    Sources : revue feu nouveau, Dimanche en paroisse, C’est dimanche (Emmanuel Oré) Lectures bibliques des dimanches (Albert Vanhoye), Guide Emmaüs des dimanches et fêtes (Jean-Pierre Bagot)

    - CHRIST ROI DE L'UNIVERS

     

     


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    TÉMOIGNAGE. Ces messes quand j'étais prisonnier du KGB, avec ma poitrine en guise d'autel...

     

    - TÉMOIGNAGE

    L'actuel évêque de Kaunas (Lituanie) raconte son expérience des persécutions religieuses dans l'ancienne URSS.

     

     

     

     

    Mgr Tamkevicius, aujourd'hui évêque de Kaunas (Lituanie), a vu sa foi mise à rude épreuve lorsque les autorités soviétiques l'ont enfermé pour l'interroger. Mais « je n'ai jamais prié aussi intensément qu'à ce moment-là. Jésus ne m'a pas laissé seul ». Surtout quand il célébrait la messe dans sa cellule, en cachette. Son témoignage a été recueilli par José Miguel Cejas dans El baile tras la tormenta (Éd. Rialp), un livre qui relate les récits de dissidents de l'Union soviétique.

     

    «​ Ils nous ont découverts », ai-je pensé ce jour de 1983. En montant dans la fourgonnette du KGB, j'ai senti une sueur froide m'envahir. Les sous-sols de la prison, avec leurs couloirs étroits, leurs plafonds hauts, faiblement éclairés par une lumière blafarde, avec des taches d'humidité et des murs ébréchés, n'invitaient guère à la sérénité.

    - Nom ?

    - Sigitas Tamkevicius.

    - Profession ?

    - Prêtre. Jésuite.

    - Tiens donc ! Voici Sigitas, du  Comité pour la défense des croyants, l'homme qui fait de la propagande antisoviétique contre l'État.

     

    Ce n'était pas ma participation au Comité qui les intéressait, je le savais. Ils voulaient savoir qui étaient les rédacteurs de La Chronique de l'Église catholique en Lituanie, et comment celle-ci parvenait à l'étranger. Nous étions cinq prêtres à avoir eu l'idée de cette chronique dans les années 70. Nous avions décidé d'écrire des textes destinés à réconforter les catholiques lituaniens et faire connaître notre situation à l'Occident : nous ne pouvions pas enseigner le catéchisme, ni avoir des discussions, ni évangéliser d'aucune façon. Pendant les rares messes autorisées, il y avait des espions du gouvernement qui prenaient note des homélies et contrôlaient les personnes qui n'étaient pas les femmes âgées habituelles. Nous avions interdiction de construire ou de réparer les églises. Avec l'autorisation de notre évêque, Vicentas Sladkevicius, nous donnions toutes ces informations dans La Chronique.

     

    Huit agents ont commencé à m'interroger jour après jour. Je ne pouvais pas imaginer que cet interrogatoire allait se prolonger durant six mois ! Des heures et des heures de questions, dans une succession constante d'interrogatoires bons et  mauvais. Dieu m'a donné la force de ne dénoncer personne durant cette période, pas même dans les moments d'extrême faiblesse.

     

    Quelques biscuits et raisins secs

    « Je ne comprends pas comment tu as pu tenir », me dit-on parfois, pensant que j'ai pu surmonter tout cela grâce à mes propres forces.  Ce n'est pas du tout cela. En prison, j'ai pu acheter des petits pains et j'ai constaté qu'ils étaient confectionnés avec du blé. Il ne me manquait plus que le vin ; dans une lettre, j'ai demandé à ma famille de m'envoyer des raisins secs. À partir de là, il ne me restait plus qu'à trouver le bon moment, sachant que mon compagnon de cellule était, comme d'habitude, un criminel de droit commun auquel on avait promis de réduire sa peine s'il fournissait une information compromettante sur moi. Je me plaçais dos à la porte, mon étui à lunettes posé sur la table ; un étui en plastique jaune, dans lequel j'avais disposé un morceau de pain et un petit récipient contenant quelques raisins secs. J'attendais que l'autre s'endorme. Puis, lentement, je commençais à pressurer les raisins entre mes doigts, jusqu'à obtenir quelques gouttes de jus ; lequel, dans des cas exceptionnels, est valable pour célébrer l'Eucharistie.

     

    Dieu merci, j'ai une bonne mémoire et je me rappelais les prières de la messe. Après la consécration, en consommant le Corps et le Sang du Christ, une joie indescriptible s'emparait de moi. J'éprouvais une joie plus grande encore que lors de ma première messe, célébrée dans la cathédrale de Kaunas. Dieu me réconfortait et me consolait. Je le sentais là, à mes côtés, de manière ineffable.

     

    Célébrer la messe dans ces circonstances me donnait une force spéciale ; sans elle, je n'aurais pas pu résister. Parfois, il me fallait célébrer couché dans mon lit, tard dans la nuit, avec les Saintes Espèces sur ma poitrine convertie en autel. Je n'ai jamais prié aussi intensément qu'en ces moments-là. Cela a été un don de Dieu. Je ne lui demandais pas de me libérer. J'avais confiance en Lui.

     

    Les bras de Jésus me soutenaient. Jamais Il ne m'a laissé seul. Telle a toujours été mon Espérance.

     

    Traduit de l'espagnol par Élisabeth de Lavigne

     

     


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