• La métamorphose d'Ogoun

    par Florane

    La Métamorphose d'Ogoun (nouvelle)


    Il n’aimait pas le Bronx.
    — Qu’est ce qui se passe ?, demanda-t-il.
    — Un homicide, Monsieur, lui répondit la jeune et jolie Paterson. Il faut que vous veniez voir.
    Il la suivit dans la ruelle. Une femme gisait nue sur le ventre.
    — Je vous préviens, il faut s’accrocher.
    Elle tourna vers eux, la face de la victime. Il eut un haut-le-cœur. Elle n’avait plus de visage.
    — Aucune identité. A part qu’elle soit jeune et noire. Elle a été trouvée par un sans abris. Des ombres l’auraient enlevée pour la massacrer ici.
    — Des ombres ?
    — L’homme est très alcoolisé.
    *
    Le meurtre fut relayé par la presse. Le maire exigea des policiers, de rapides résultats.
    Il s’énervait, son enquête piétinait. Un individu se présenta, au sujet du crime.
    L’homme noir était âgé. Il portait une amulette figurant un scarabée peint sur une perle sertie dans un anneau d’or.
    — Je suis Kalambwa Ndongo, déclara-t-il. Je dois vous prévenir d’un grave péril. La victime a pratiqué un terrible rituel du Vaudou.
    — Mais bien sûr!, dit-il. Ecoutez monsieur, en ce moment, un psychopathe se promène et...
    — Et vous faites fausse route!
    Le regard de l’homme était sévère.
    — L’esprit d’Ogoun a été appelé par cette fille. Il veut prendre forme humaine. Pour cela, il a besoin des différents gènes de notre espèce : noirs, jaunes, rouges et blancs!
    — Qui est cet Ogoun ?, demanda Paterson.
    — Un loa du Vaudou. Il est la guerre, le feu, le mal, la mort... Rien ne l’arrêtera s’il prend vie.
    — Bon, ça suffit. Bonsoir monsieur.
    Il était méprisant mais l’homme lui tendit sa carte de visite. Kalambwa Ndongo se prétendait mage.
    — Vous autres blancs ne pouvaient concevoir les puissances du Vaudou. Lorsque vous entrerez chez la victime, ne déplacez pas la chèvre et appelez-moi!
    *
    Le logeur vint réclamer son dû à la porte du meublé. Il fuit devant l’odeur pestilentielle et appela la police. La patrouille découvrit sur le parquet souillé, des animaux sacrifiés.
    Paterson devait être prévenue si des agents découvraient des situations insolites. Elle traîna son chef sur les lieux et envoya chercher le mage.
    Ce dernier porta son attention sur la scène du rite. Il examina les restes de la chèvre égorgée.
    — il s’écoulera 17 jours entre chaque agression, déclara-t-il.
    — Mais alors, s’écria Paterson. C’est pour ce soir!
    Le mage examina les poulets décapités.
    — D’abord asiatique puis indien, et enfin blanc, prédit-il.
    — Il faut prévenir le maire!, s’écria Paterson.
    — Vous voulez que je lui dise quoi ?, s’emporta-t-il à son habitude. Qu’un démon cherche à se matérialiser sur la Terre ?
    — Il faut lui trouver une femme blanche!, dit le mage.
    — Et pourquoi pas un homme ?, demanda-t-il.
    — Parce qu’il a besoin d’une matrice, pour s’engendrer avec l’ADN des trois autres femmes. Il faut empêcher cette métamorphose!
    — Et vous savez comment faire, vous ?, s’enquit Paterson.
    — Oui!, répondit le mage. Et j’ai besoin de vous.
    *
    Les prédictions du mage se réalisèrent. Le lendemain, une chinoise fut retrouvé dans Chinatown et 17 jours plus tard, une indienne dans une arrière cour de Jackson heights. Dans les deux cas, des témoins avaient affirmés avoir vu des ombres envelopper la victime avant de l’enlever. La population de New-York ne sortait plus. La police était impuissante devant celui qu’on nommait le « Face cutter».
    Il restait 6 jours avant l’ultime attaque d‘Ogoun. Elle avait rendez-vous à Brooklyn, au domicile du mage. Il vivait seul dans la partie basse d’un Brownstone. Il précéda la policière dans une pièce aveugle, chichement éclairée. Il se para d’un collier de fétiches.
    — Je suis navré mais le rite impose la nudité du corps, dit-il.
    Elle le regarda, soupçonneuse.
    — Je ne cherche pas à en profiter.
    Il lui sembla sincère. La jeune femme s’exécuta et parut devant lui si belle, si parfaite qu’il sourit.
    — Vous plairez à Ogoun.
    Il lui tendit une coupe.
    — Buvez! Ceci vous aidera.
    Elle se sentait en confiance et but d’un trait la mixture tandis qu’il prononçait des incantations en soulignant les formes de sa féminité à l’aide d’un onguent. La jeune femme se sentit perdre pied. La litanie était maintenant scandée. Elle se mit, à onduler, sa respiration augmenta. Le rythme s’accéléra. Elle se mit à danser secouée de tremblements. Le rythme s’accéléra encore et la jeune femme se caressa érotiquement en prononçant des paroles osées. Elle dansa, virevolta et finit par perdre conscience.
    Elle se réveilla sur un canapé, enveloppée dans un peignoir. Le mage lui sourit.
    — Le rite s’est bien déroulé, dit-il. Le breuvage était un puissant aphrodisiaque. Avec ce que vous avez montré, Ogoun sera forcement séduit.
    *
    Ils se retrouvèrent devant la grille du parc de Gramercy. Il était nerveux car seul le mage allait accompagner son adjointe. Le parc avait été évacué. Il soupira en les voyant disparaitre au détour d’une allée.
    Dès qu’ils furent seuls, le mage sortit un mouchoir enveloppant la perle de son amulette.
    Elle est désinfectée, dit-il. Cachez-la en vous, Il ne pourra la déceler.
    Un peu inquiète, elle s’exécuta à contre cœur à l’abri d’un buisson.
    Ils marchèrent à pas lents dans les allées, le mage en arrière de trois pas.
    — Sur la gauche!, lui lança-t-il.
    Elle obliqua vers une charmille aux troncs très serrés et au feuillage dense.
    — Là dedans ? Mais je...
    Elle se sentit soudain projetée en avant par le mage revenu sur elle. Elle réussit à le repousser et l’expédia au sol mais des ombres apparurent et l’emportèrent sous l’étau de verdure alors que l’homme s’abandonnait à un rire sardonique.
    Les ombres s’arrêtèrent près de fumeroles grisâtres. Paterson était terrorisée.
    — Te voici, matrice, dit une voix démoniaque. Approche, Kalambwa!
    — Ô Baron Ogoun. J’ai obéi à vos ordres.
    Il se prosternait devant le dieu.
    — Bien, Kalambwa! Tu seras récompensé.
    — Je ne veux que ma part du marché. Tuer tous ceux qui ont asservi mes frères.
    — Il est temps! Procédez à la métamorphose.
    Trois formes apparurent et se mirent à tourner autour du démon. Paterson y devina avec horreur, les visages des victimes. La rotation s’accéléra jusqu'à devenir un cercle continu qui atteignit les fumeroles. L’éclat d’un feu intense aveugla Paterson qui hurla. La lumière et le bruit disparurent, laissant place à un homme jeune, beau, à la peau cuivrée, aux cheveux noirs de jais, au corps nu, musclé et bien proportionné.
    — Préparez là! ordonna-t-il.
    Les ombres enveloppèrent la captive et elle se trouva soudainement dénudée face à son bourreau.
    — Tenez là fermement, dit-il à ses servants. Je la sens fertile.
    Les ombres s’exécutèrent. Le démon s’approcha pendant que le mage triturait l’anneau d’or de son amulette. Elle le vit et un espoir l’envahit. Elle s’efforça de relâcher ses muscles et resta digne au moment où Ogoun la pénétra.
    Ah!, jubila le démon, Tu t’es soumise à ton maître.
    — Crève!, lui renvoya-t-elle.
    Il perdit son sourire.
    — Que... ?
    Il se retira en hurlant, l’amulette accrochée à son gland. Le scarabée avait pris vie. Des milliers d’insectes sortaient de son ventre et envahissaient le corps du démon par tous ses orifices. Ogoun hurlait, les ombres s’affolaient. Le mage récitait des incantations alors que le démon se tordait de douleur.
    — Kalambwa! Ignoble traître!, hurla-t-il. Tuez-le!
    Les ombres se jetèrent sur le mage mais le corps dévoré d’Ogoun, se désagrégea rapidement jusqu'à disparaître, emportant dans le néant les ombres, la charmille et les insectes carnivores. Paterson reprit ses esprits allongée nue sur une allée, Le mage était étendu près d’elle, agonisant. Elle le prit contre elle.
    — Me pardonnerez-vous un jour, implora-t-il faiblement. Il n’y avait pas d’autre solution.
    — Vous l’êtes. Vous nous avez tous sauvés. Une brise apporta une pluie de pétales de roses qui recouvrirent le mage. Il sourit.
    — Mawu me protège, dit-il. Je vais en paix...
    La vie quitta Kalambwa Ndongo. Protégé par le dieu des dieux, il avait rejoint ses ancêtres.
    — Elle est là!
    Il était arrivé le premier et avait jeté son manteau sur elle.
    — C’est lui, « Face cutter » ?, demanda un agent en désignant le mage.
    — Non, répondit Paterson. Lui, c’est un dieu.

       Short Editions   
      



     


    votre commentaire

  •  
    Que notre joie demeure…
     Padreblog

    Cela n’aura échappé à personne, les dernières semaines ont été éprouvantes pour beaucoup de catholiques et pour l’Église. Cette rentrée 2018 a été un peu rude. Plusieurs d’entre vous se sont étonnés du relatif silence du Padreblog au cœur de la tourmente. Voici quelques réflexions et explications.

    Depuis le 26 août, nous avons d’abord l’un d’entre nous à accompagner et à entourer dans l’épreuve de la maladie et d’une longue convalescence. L’amitié sacerdotale qui nous unit est précieuse dans ce moment-là ; il nous faut entourer notre frère et l’accompagner. Quand l’un de nos proches est ainsi éprouvé, on a ce souci toujours en tête. On se recentre sur l’essentiel et on n’a pas la même disponibilité d’esprit pour plonger au cœur des polémiques ou commenter l’actualité peu réjouissante. Permettez-nous de recommander l’abbé Amar à vos prières : qu’il puisse bien vite retrouver sa place et se remettre « au service », comme il sait si bien le faire, même si nous restons persuadés que par sa prière aujourd’hui il nous aide et continue de servir autrement… !
    Prêtres de terrain
    Nous avons aussi eu nos rentrées paroissiales à vivre. Nous l’avons souvent dit, l’ADN du Padreblog c’est d’être animé par des prêtres de terrain… pour qui le terrain prime ! Priorité à la paroisse, au ministère ordinaire, à notre mission première : baptiser, confesser, annoncer, marier, accompagner, enterrer… C’est pour cela que nous ne nous sommes jamais imposé un rythme particulier pour les publications. Même si nous aimons cet « apostolat numérique », il passera toujours après notre mission paroissiale. Voilà qui explique ce caractère un peu irrégulier de notre activité sur les réseaux. Notez cependant qu’en partenariat avec Padreblog, KTO Tv a lancé une nouvelle petite série de vidéos intitulées « pourquoi Padre ? » pour répondre aux questions que vous pouvez vous poser sur la foi.

    L’Eglise en pleine tempête
    Surtout, le climat ambiant – et particulièrement le climat ecclésial et médiatique ambiant – nous éprouve, comme beaucoup d’entre vous. Cette litanie de drames et de crimes pédophiles nous donne véritablement la nausée, même s’il faut souligner qu’on ouvre là des archives parfois vieilles de 60 ans… et que les mesures prises depuis semblent porter du fruit. Il n’empêche. Pendant des années, dans l’Église comme ailleurs (mais donc aussi dans l’Église), on n’a pas su, pas pu, pas voulu entendre ou comprendre la souffrance des enfants victimes, tout occupés que nous étions à protéger l’Institution.
    Les « affaires » vaticanes, les accusations graves étalées sur la place publique, les affrontements entre prélats et cardinaux, nous font aussi mal. L’évangile qui nous rapporte les disputes entre apôtres nous prouve que tout cela n’est pas nouveau. L’histoire de l’Église nous l’enseigne aussi, parfois dramatiquement. Depuis 2000 ans, à chaque époque, l’Église a été composée de saints et de minables, de héros et de lâches. Sans doute chaque catholique peut être tour à tour l’un et l’autre ! L’Église est surtout composée de chacun de nous, et nous sommes les premiers à lui être reconnaissants de nous accepter tels que nous sommes, y compris avec nos péchés. Les débats dans l’Église n’ont jamais manqué, parfois résolus dans le sang. Les désaccords non plus, les Actes des Apôtres en témoignent. Tout en sachant cela, il n’est quand même jamais facile de voir sa famille afficher ses disputes ou être prise dans la tempête.

    L’ère du soupçon
    Au milieu de tout cela, nous ne sommes pas dupes devant le jeu de certains. Comment ne pas être amers en les observant, eux qui ne sont pas vraiment connus pour être des grands amis de l’Église, alors qu’ils profitent de ces tragédies pour essayer de lui porter un coup fatal ou pour se refaire une notoriété à coup de commission d’enquête parlementaire, de pétitions et de tribunes ? La vérité rend libre, et tout ce qui pourra aider à la faire est précieux, si et seulement si l’intention reste droite : il s’agit bien d’aider l’Église à être pleinement fidèle à sa mission, et non de la faire taire pour toujours.
    Nous lisons aussi l’empressement d’autres « amis » qui, sous prétexte de lutter contre un cléricalisme dont personne ne s’accorde vraiment sur la définition ou la réalité, rêvent à nouveau du « grand soir », remettant sur la table des débats empreints d’une idéologie qu’on pensait pourtant enfin dépassée.
    Et ne parlons même pas de tous ceux qui refusent désormais à tout prêtre le droit de s’exprimer sur un seul débat de société, nous renvoyant à la figure les fautes de nos frères. Le « pas d’amalgame » qu’ils brandissaient si souvent n’existe plus, la présomption d’innocence encore moins. L’Église serait « disqualifiée ». Tant pis si l’immense majorité des fidèles et des clercs n’ont rien à se reprocher. La nuance est devenue rare en ce monde, elle s’accorde mal avec le rythme médiatique, encore moins avec la violence des réseaux sociaux.
    Ce climat, ce silence passé, cette confusion entretenue nourrissent le soupçon, ce poison qui vient miner la confiance et assombrir notre joie d’être prêtres. Tout geste d’affection paternelle devient un risque, toute proximité fraternelle inquiète. Le Christ qui console, relève, encourage et bénit se retrouverait aujourd’hui cantonné derrière une vitre, si on en croit les recommandations de certains « experts ». Ce n’est pourtant qu’en approfondissant cette « paternité spirituelle » du prêtre qu’on l’aidera à vivre son célibat de façon la plus juste. La prudence est légitime et nécessaire, le bon sens aussi. La confiance sera longue à reconstruire. Sachez que la vôtre est infiniment précieuse pour les prêtres que nous sommes. Le doute et le soupçon nous fragilisent et minent toute relation. Votre confiance lucide nous encourage.

    Drame dans le diocèse de Rouen
    Comment ne pas avouer aussi que la mort tragique d’un jeune prêtre de Rouen nous a tous bouleversés et profondément affectés ? Certains ont trouvé des mots justes à ce propos. Beaucoup comme nous se sont plongés dans un silence douloureux devant un tel mystère. Mystère de la fragilité, même des meilleurs d’entre nous. Mystère d’un combat spirituel immense qui se joue, dès lors qu’on fait du bien, et que ce bien nous expose. Mystère d’un prêtre qui reste un homme. Nous connaissions peu le père Jean-Baptiste. Mais comme beaucoup, nous nous sommes sentis soudain très pauvres… persuadés plus que jamais qu’il nous faut, laïcs et prêtres, prier les uns pour les autres. Car mystérieusement mais réellement, la vie et la fidélité des uns sont confiées à la prière et à l’attention des autres, et inversement. « Tout est lié » disait le pape François. Nous avons besoin de nous porter les uns et les autres, avec vérité et charité.

    L’Eglise, notre famille
    Plus d’une fois, face à tout cela, le démon a dû se frotter les mains…
    Confiance minée, Église renvoyée à ses fautes et sommée de se taire, attaques et amalgames injustes… Peut-être tout cela est-il inévitable ? Peut-être est-ce le prix à payer pour réparer ou expier les fautes du passé ?  C’est dur, c’est en partie injuste. Mais l’Église est une famille. Et nous sommes malgré nous solidaires. Le bien fait par certains profite à tous. Le mal fait par d’autres est porté par tous.
    Face à tous ces évènements, dans ce climat-là, nous n’avons pas vraiment envie de rentrer dans l’arène aujourd’hui. Pas envie de répondre à ceux qui semblent se réjouir de voir l’Église à terre, de voir le Pape affaibli, de voir nos évêques en difficulté. Pas envie « d’en rajouter ». Pas envie de nous exposer non plus,  plus que nécessaire.
    Il y a un temps pour parler, et un temps pour se taire.
    Peut-être pour le moment est-ce d’abord à vous, en priorité, chers laïcs, de monter au créneau pour défendre la famille et les droits de l’enfant ? Sans doute aussi est-ce bon de laisser nos évêques eux-mêmes prendre la parole,  affronter micros et caméras pour redire la primauté accordée à la protection des plus petits, rétablir la confiance et… défendre l’honneur de leurs prêtres.
    Pour nous, simples prêtres, c’est trop rude en ce moment. Le silence nous protège.
    Face à ces tempêtes et dans ce climat, nous croyons également peu aux tribunes et aux tweets. Nous ne sommes pas non plus au niveau de ceux qui doivent discerner les commissions à créer et les réformes structurelles à enclencher, même si certains discours nous laissent dubitatifs. Faisons confiance à nos chefs, évêques et Pape. Dans la tempête, on fait confiance à celui qui tient la barre…

    Une seule urgence : la sainteté
    Plus que jamais, nous croyons surtout à la conversion. Dans la tourmente, il nous faut nous recentrer sur Jésus, sur l’Evangile, sur nos vocations respectives. On répond au mal par le bien. On répare le mal en faisant le bien. En aimant, vraiment. Que chacun tire de tout cela le désir plus ardent d’être un saint, c’est-à-dire d’être fidèle et généreux dans l’accomplissement de sa mission. Que chacun comprenne l’urgence qu’il y a à prier davantage, comme le Pape l’a demandé avec gravité pour ce mois d’octobre. Nous avons été impressionnés par cet appel : le Pape évoque explicitement les attaques du démon contre l’Église. C’est une évidence : tout ce qui abîme l’innocence d’un enfant, tout ce qui défigure la beauté du sacerdoce, tout ce qui fait tomber un prêtre ou fracasse une famille, tout ce qui blesse le témoignage qu’essayent de porter les chrétiens, tout ce qui fait naître le découragement, le doute ou le soupçon qui divise et sépare… tout cela est signé. Le diable ne se cache même plus. Ne nous y trompons pas. Raison de plus pour prier en conséquence, et resserrer les rangs.
    Nous ne voulons pas non plus que les chrétiens se referment sur eux, sous les coups qui pleuvent et les mauvaises nouvelles qui tombent. Nous ne voulons pas qu’on perde la joie de croire et de servir. Nous souhaitons encourager chacun à revenir au cœur de notre mission de baptisés : vivre pleinement l’Évangile, vivre la beauté et la radicalité de son message et offrir au monde ce témoignage, humble, généreux et authentique. La fragilité dans laquelle nous plonge la situation nous rend libres. Nous ne risquons plus de rêver pour nous d’un pouvoir à la façon des hommes, ni d’une vie confortable. Nous voilà ramenés à la mission ! Au-delà de l’agitation et du désarroi légitime de beaucoup, au-delà de la colère de certains et de la violence d’autres, ce monde attend toujours qu’on lui annonce la Bonne Nouvelle de son Salut. Tant et tant autour de nous ont besoin de redécouvrir l’amour inconditionnel de Dieu pour eux ! Clercs et laïcs, il nous faut, avec nos blessures et nos lourdeurs, nos craintes et nos pauvretés, mais aussi notre joie et notre générosité, rester cette Église courageuse et pauvre qui annonce – parfois au prix de sa vie ou de sa réputation – la Vérité du Christ et son amour pour tous. Demain, nous serons heureux d’avoir tenu bon, d’avoir accompli la mission.
    Plus que jamais nous constatons que notre vie à tous – la vôtre, la nôtre – est rude parfois, et même éprouvée. Mais elle est belle, dès lors qu’elle est donnée. Vos prêtres ne sont pas parfaits, ils sont faits de la même humanité que vous. Ils partagent les mêmes blessures et les mêmes difficultés. Mais sachez-le : au cœur de tout cela, notre joie est et sera toujours de vous servir…  « de notre mieux » !


    votre commentaire
  • Le grand Charles AZNAVOUR est décédé brusquement, à l'âge de 94 ans.

    En sa mémoire, voici, repris de YouTube, 5 Chansons de lui parmi les plus connues.

     

    Aznavour en 5 Chansons

     

    Autres chansons:

     

    Autres Chansons


    votre commentaire


  • La femme du marin

    Caroline Audouin

    La femme du Marin (Nouvelle)

    Femme de Marin



    Longtemps j’ai rêvé d’être la femme d’un marin. En écoutant les vagues, en respirant les embruns, je peux imaginer le ténébreux blond ou le brun qui me ferait chavirer et la vie que je mènerai, par la passion emportée... 

« Mes matins, je me réveille. Mes yeux s’ouvrent sur la moitié de la couche vide mais intouchée. Jamais je ne m’étale, jamais je ne m’étire, car sa place, je lui garde, fraîche et paisible. 
Frissonnante, enveloppée par ma robe de chambre, je me précipite exaltée vers le pas de la porte pour guetter la mer qui, tel un jardin, s’étend devant moi. Point de navire, point de retour. Il me faudra encore commencer sans lui ce jour. 
Un seul bol, pas un bruit. Pourtant des petits « lui », Dieu sait que j’en ai envie, mais la nature est mal faite : elle a pris mon époux sans m’en laisser un extrait. Parfois, je rêve, je ferme les yeux et j’imagine nos traits formant un visage, des gestes qui me rappelleraient les siens, une petite voix qui sonnerait dans mes oreilles comme l’air familier de ses mots à lui... puis j’ouvre les yeux et je me languis... 
Le jour suit son cours, ponctué par des coups d’œil répétés vers cette voleuse de mari qui me nargue où que je sois, sur cette île sans avenir, et lui qui tarde à venir pour me redonner vie... 
Entretenir son foyer, ses meubles, chauffer son lit pour être prête à l’accueillir, fatigué, mais enfin apaisé, rendre visite à la famille pour ne pas qu’ils l’oublient, faire les courses, faire des projets, faire comme s’il était là, juste parti pour un tour, ne jamais penser « toujours », oublier le calendrier, puis aussi rester belle, ou du moins rester celle à qui un jour il a dit oui, l’image qui partout le suit, fidèle à son souvenir. Ne vivre que pour lui n’est pas vivre vraiment, mais que voulez-vous, c’est mon alcool violent, ma raison d’exister, ce n’est pas ma moitié, c’est mon intégralité, à lui je suis liée... 
Le soir, lourde d’avoir traversé le jour, je m’assieds sur le ponton. Mon regard sur l’horizon, j’essaie de ne pas l’imaginer dans ses ports lointains, heureux et si vivant, caressant d’autres mains, suant sur d’autres corps, faisant l’aventureux, mais tel est son sort. 
Car il va revenir, oui, il me reviendra bientôt... 
En me levant un matin, scrutant l’horizon lointain, je verrai l’ombre de son navire tâcher le soleil qui se lève et mon cœur ralenti cessera sa grève. Je courrai jusqu’au port, pensant accélérer la flottaison. Mais les nœuds marins se jouent de moi : 0,5399556 km par heure. Ils divisent le temps, multiplient la longueur. Tic tac tic tac... Il est plus près de moi... tic tac tic tac... il se rapproche ! J’ai si hâte de le sentir que je me mets à frémir... 
Le navire est à quai. En descendent des corps fatigués. La peur un bref instant me prend. Suis-je encore celle qu’il attend ? Les doutes se dissipent quand enfin je reconnais sa silhouette. 
Il est là, beau, resplendissant de vigueur, sourire brillant, muscles bombés, plus fort que mon souvenir, plus grand que personne d’autre ne le voit. Il n’est enfin qu’à moi. J’en oublie ma langueur, je sors de ma torpeur, La vie peut reprendre, la joie réapparaître. Mes joues sont en feu. Il me voit. Me sourit. Je m’avance vers lui. Ses bras sur moi se serrent. Enfin ! 
Le reste de la journée n’est que retrouvailles familiales et rires. Il avait manqué aux uns, fait rêver les autres. Ses récits mettaient dans ses yeux encore un peu de l’excitation du moment. Il coupait parfois son histoire, tournant la tête vers moi et chacun comprenait que certaines choses pouvaient se passer quand un homme est loin de son foyer depuis une éternité... Mais ça, je veux l’oublier... 
Le soir viendra, moment où les dieux laissent aux humains le bonheur de n’être plus que deux. Tout doucement il me dira des mots très tendres, tout ce que je veux entendre. Je l’écouterai me mentir, me dire que repartir est le dernier de ses souhaits, que mes bras sont plus doux que le sable des tropiques, mes yeux plus étincelants que les aurores boréales. Mais le chant des sirènes a atteint une fois son âme, depuis, il en est vassal. Alors, pour qu’il soit heureux, je caresserai sa joue, les yeux dans les yeux, et je le croirai encore un peu, mon amoureux... »



    ShortEditions


    votre commentaire
  • BEATIFICATION A MARSEILLE DE JB FOUQUE

    Abbé JB FOUQUE en 1926

     

    https://media.vaticannews.va/media/audio/s1/2018/9/28/18/134644076_F134644076.mp3


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires